Passerelle du centre aquatique : un espace public paysage
Quel est le nouvel espace public proche du Centre aquatique olympique ?
Cécilia Gross : Le Centre aquatique olympique comprend également une passerelle reliant le parvis du Stade de France à notre centre sportif. Elle a été conçue pour descendre en douceur jusqu’au niveau du sol naturel, car l’esplanade est située à 7 mètres au-dessus de la rue. Nous avons un ensemble urbain qui est un vrai espace public de 18 mètres sur 106 mètres. La passerelle est destinée aux piétons et aux cyclistes, favorisant ainsi une circulation douce au-dessus de l’autoroute A1.
Comment est aménagé l’espace public de cette passerelle d’accès ?
Laure Mériaud : Nous mettons en place de grandes jardinières avec des bancs et aussi des mâts d’éclairage contemporains. Le but est de regrouper tous les éléments de l’espace public sur cette passerelle, en évitant l’impression d’infrastructure donnée par les éclairages latéraux courants. L’idée est que les gens puissent se poser et se retrouver.
Dans cette optique, il y aura des parcours divers avec des escaliers permettant des raccourcis. Le parvis du Stade de France sera situé au même niveau que notre esplanade. À l’échelle de la métropole, il forme ainsi un grand espace public pour les spectateurs lors des compétitions ou des spectacles dans le centre aquatique.
Vous avez créé plus de paysages avec moins de parcelles ?
Laure Mériaud : L’idée était d’utiliser le moins de matière et d’espace possible pour conserver la pleine terre et planter des arbres de façon durable. Cela nécessitait une réflexion sur notre impact et la compacité urbaine. Les bassins sont posés au sol et le bâtiment se resserre pour créer des espaces verts.
Cécilia Gross : Libérer du sol pour mettre un maximum d’arbres, ce n’était pas demandé au concours. Nous nous sommes fixé cet objectif passionnant qui consiste à optimiser nos efforts pour accomplir davantage avec moins. Cela pousse à bien réaliser et à obtenir des résultats plus rapidement et de manière plus durable. Alors, pourquoi ne pas le faire ? C’est à la fois plus efficace, plus rapide et plus vertueux.
Comment le Centre aquatique s’inscrit-il dans l’environnement du site ?
Cécilia Gross : La proximité du Stade de France et du parc de la ZAC de Plaine Saulnier crée une relation permanente avec l’environnement sonore urbain. Même si à l’intérieur du bâtiment nous n’entendons pas de bruit, il est présent dès que nous sommes à l’extérieur avec les autoroutes A1 et A86. De plus, l’écran végétal prévu n’est pas encore installé, ce qui accentue ce sentiment.
Laure Mériaud : On privilégie la perméabilité et le végétal plutôt que l’imperméabilité. Par exemple, là où les gens jouent au frisbee, c’est la voix pompier. Cela symbolise l’importance de cette approche. Ensuite, les gens se détendent sur l’herbe. Cette zone peut être transformée en espace événementiel réversible, car elle nécessite beaucoup de place et de zones de stationnement. En bref, le quotidien l’emporte sur l’événementiel, c’est notre projet.
Comment se construit le paysage de la future forêt ?
Laure Mériaud : Le visage du bâtiment représente notre idée de Centre aquatique olympique émergeant d’une forêt. Les arbres manquants pour les Jeux nous préoccupent, mais nous mettons l’accent sur la phase héritage. Nous allons réussir à construire ce paysage sur 10 ans.
Cécilia Gross : L’acte symbolique de planter un arbre devant le Stade de France représente la volonté de développer la végétalisation du site. Ce projet a nécessité un changement de mentalité et une collaboration accrue au sein de notre groupement.
Quelle est la mise en lumière extérieure des espaces publics ?
Laure Mériaud : Le projet est sobre. Il met en lumière les espaces publics grâce à des mâts d’éclairage équipés de gobos pour créer des effets au sol pour les événements. C’est le directeur de projet paysage, Arnaud Tallon à 2/3/4/, qui a conçu cet éclairage extérieur.
Cécilia Gross : Des rambardes lumineuses à l’échelle humaine sont également présentes du côté du parvis.
Laure Mériaud : Nous avons un éclairage important au niveau des garde-corps, avec une lumière blanc chaud subtile dans la structure. Les projections au sol créent un éclairage événementiel quotidien. Mais nous l’allumerons peut être pas tous les spots tous les jours.
Quelles autres contraintes avez-vous dû prendre en compte ?
Cécilia Gross : La demande était de réduire la consommation d’énergie, mais la contrainte financière a incité à concevoir les lumière en interne.
Laure Mériaud : Nous sommes restées sur l’essentiel du budget que nous avons a réussi à obtenir. Le miracle, c’est l’éclairage dans la structure des garde-corps.
Comment fonctionne l’éclairage événementiel du centre sportif ?
Laure Mériaud : Nous avons jugé important d’avoir un éclairage événementiel à l’extérieur en raison de la position à Saint-Denis et de la relation du projet avec le Stade de France. Cependant, nous cherchons à minimiser autant que possible l’éclairage artificiel, même à l’extérieur.
Dans le parc, nous n’éclairons pas les arbres par en dessous, car cela dérange les oiseaux. C’est l’une des principales contraintes que nous devons prendre en compte dans nos projets. Cependant, lors de compétitions, un éclairage scénographique pour l’entrée des spectateurs dans le cocon serait génial.
Si c’est pour boire un verre dehors entre amis, les éclairages bas suffisent. C’est une manière de dire qu’il faut faire attention à la pollution lumineuse. Enfin, je n’aime pas trop le mot « pollution », mais faire attention à notre environnement, c’est important !
Qu’en est-il du Centre aquatique olympique la nuit ?
Cécilia Gross : La lumière est un support d’ambiance, surtout dans les espaces extérieurs. Nous sommes dans un contexte très hostile avec les deux autoroutes. Il y a aussi un défi urbanistique à relever dans le quartier où se concentre de nombreux bureaux, qui sont vides le soir. Il faut rassurer. Les gens doivent se déplacer et se sentir en sécurité. Le travail a été bien fait à l’intérieur pour faire entrer la lumière naturelle tout en créant un effet lanterne à l’extérieur du Centre aquatique olympique la nuit.
Propos recueillis le 8 novembre 2023 à Paris par Vincent Laganier.
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Image en tête de l’article : Centre aquatique olympique, effet de lanterne au crépuscule, Saint-Denis, France – Architectes : Venhoeven CS, Ateliers 234 – Photo © Jad Sylla
Équipe du projet
Lieu
- Centre aquatique olympique
- Saint-Denis, France
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