Philippe Badaroux, de l’horloge astronomique à l’éclairage LED
Quel a été le premier métier de BH Technologies ?
Nous avons commencé comme allumeur de réverbère ! Plus prosaïquement, suite à un travail de réflexion, d’originalité, de conception d’algorithmes, nous avons mis sur le marché des horloges astronomiques tandis que tout était contrôlé par des cellules photoélectriques en éclairage public. Une première innovation de rupture.
A l’époque les gens disaient, « mais vous être fou, il faut que l’éclairage public soit allumé en fonction de la luminosité ». Nous avons révolutionné le marché en proposant dans les années 2000 des horloges astronomiques très précises qui était radio- synchronisées. En bref, l’horloge ne dérive pas. Il n’y a plus besoin de mise à l’heure. Tout se fait automatiquement par les ondes radio. Résultat : aujourd’hui il y a 90% de l’éclairage public en France qui est piloté par des horloges astronomiques !
Qu’est-ce qu’une horloge astronomique ?
Dans une horloge astronomique, il y a une notion temporelle. Il faut allumer l’éclairage public au bon moment, mais pour le faire, il faut suivre les saisons. Nous avons donc développé des algorithmes qui permettent de suivre et modéliser la trajectoire du soleil. En fonction du lieu où nous sommes et de la date, il détermine quand l’éclairage public va s’allumer.
Le grand intérêt de cette solution est quelle est juste chaque jour de l’année car, elle se base sur le mouvement des planètes et les équations de Kepler. Chaque jour, l’horloge astronomique calcule la trajectoire du soleil pour un lieu donné, alors que la majorité des produits sur le marché se contentent de lire des tables d’éphémérides, disponibles sur le Web, et d’y introduire un décalage temporel.
Nos horloges sont de véritables calculateurs astronomiques, version moderne et adaptée à l’éclairage public, des horloges astronomiques mécaniques que l’on trouve à la cathédrale de Strasbourg par exemple.
Comment a évolué le marché de l’éclairage public ?
Le marché de l’éclairage public est fortement inspiré par les fabricants de luminaires. J’ai vécu toutes les innovations. Nous sommes passés des lampes à vapeur de mercure en ballon fluo, les lampes au sodium haute pression, les lampes aux iodures métalliques, les ballasts électroniques et la LED. Il y a un facteur qui est commun à toutes ces technologies ; elles doivent toutes se piloter, au minimum s’allumer et s’éteindre au bon moment. Mais, la technologie LED a avant tout l’avantage d’être totalement pilotable. Même si elle n’est pas vendue comme telle. Elle représente une opportunité majeure pour notre entreprise.
Que penses-tu de la technologie LED ?
Nous vantons avant tout la LED pour sa performance énergétique. C’est vrai quand, nous la comparons aux lampes à incandescence dans l’éclairage intérieur, mais beaucoup moins quand on les compare aux lampes à décharge récentes de l’éclairage public. A mon sens, les avantages sont ailleurs.
- Un rendement photométrique bien meilleur, qui permet de focaliser les rayons lumineux là où l’on veut. Et pour cela il faut des bons luminaires, avec des vraies optiques pour distribuer la lumière sur une grande surface, sans éblouir.
- Une pilotabilité exceptionnelle, allumages illimités, gradation maximale qui fait que le même luminaire peut éclairer « pour aller chercher les enfants à l’école l’hiver », et baliser les rues quand il n’y a plus personne. Cette fonction éclairage/balisage va à mon sens révolutionner les usages et rendre obsolètes les coupures d‘éclairage à partir de 23 heures.
- Une durée de vie élevée du composant LED, mais qu’il faut encore pondérer avec la fiabilité perfectible des drivers en conditions opérationnelles. Même si de gros progrès ont été réalisés récemment. On ne change plus les lampes, mais les défaillances ont changé de nature. C’est moins simple, plus complexe qu’avant. Et est ce moins coûteux ? C’est une question qui m’intéresse, en tant que technologue et marqueteur, car l’innovation technologique et les économies d’énergie qu’elle apporte n’ont pas de sens si elles augmentent les frais de fonctionnement…
Que dire de l’industrie française et l’éclairage public ?
La chance est que nous avons des fabricants excellents en France. Je suis très en colère quand je vois des donneurs d’ordre installer du matériel aux performances douteuses sur le papier, et encore plus à l’usage. Le prix n’est pas tout, et même si les économies d’échelle sont importantes, l’éclairage public est une application professionnelle, et pour faire un luminaire, il faut de l’alu, des optiques, de la peinture. Et tout cela doit durer 30 ans… La robustesse a un coût…
Je dis souvent, « il faut ce qu’il faut », et cela s’applique également à mon métier du contrôle commande, qui par sa dimension innovante nécessite des études amont et de l’accompagnement sur le terrain.
Nous avons la chance d’avoir une industrie française d’excellence, défendons là. C’est d’ailleurs un de mes combats à la présidence du Cluster Lumière.
Propos recueillis par Vincent Laganier à Grenoble le 20 avril 2018
BH Technologies : le livre blanc de l’éclairage public durable
A suivre…
Philippe Badaroux, de l’électronique à l’entreprise BH Technologies
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Équipe du projet
Lieu
- BH Technologies
- Grenoble, France
Livres
La lumière et la vie, une subtile alchimie
Premier livre grand public décrivant le rôle et les multiples implications de la lumière dans le monde vivant. Par Bernard Valeur et Elisabeth Bardez. |