« Pour une lumière raisonnée » Nathalie Frayssinet
Qu’est-ce que la lumière pour toi ?
Nathalie Frayssinet : Pour une collectivité, c’est un service rendu aux habitants. C’est quelque chose qui leur permet de s’approprier leur propre territoire la nuit. C’est un outil à l’arsenal des aménageurs, qui doit être utilisé en conjonction avec les autres.
Quelle a été ta première émotion de lumière ?
Nathalie Frayssinet : La première fois que j’ai vu un « vrai » ciel étoilé dans le Sahel. Visuellement, c’était époustouflant, mais c’était aussi très touchant émotionnellement.
Quel est ton sentiment de lumière préféré ?
Nathalie Frayssinet : C’est une lumière chaude, intime, basse, dessinée, plus esquissée que brutale, qui n’enveloppe pas tout un environnement, mais qui en garde les obscurités.
Quel est le projet lumière le plus abouti pour toi ?
Nathalie Frayssinet : Un projet qui prenne en compte les besoins les plus techniques, mais aussi ceux de perception, l’impact de l’éclairage lui-même, les aspects de la biodiversité, le présent et le futur pour tous et partout, les transitions avec les autres espaces. Et j’ai l’impression que l’on est plutôt au début de l’histoire pour ce genre de choses.
Quelle est la personnalité en éclairage la plus inspirante pour toi ?
Nathalie Frayssinet : La personne qui m’a impactée, quand j’étais encore jeune ingénieure et que je commençais dans la lumière, c’est Roger Narboni. Entendre et voir quelqu’un expliquer l’histoire d’un projet fait partie des choses qui m’ont donné envie de rester dans ce domaine.
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Quel est ton objet lumineux préféré ?
Nathalie Frayssinet : La phosphorescence en général. J’ai beaucoup aimé ce qui a été fait sur le square du Temps des Cerises. La lumière est présente mais n’est pas là pour faire oublier qu’il fait nuit. Je pense que nos territoires urbains ne sont pas du tout prêts à être dans ce genre de choses. C’est bien que l’on se prépare à l’idée de ne pas avoir de lumière partout.
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Quelle est selon toi l’œuvre la plus mémorable ?
Nathalie Frayssinet : Une chose que j’ai prise en photo à chaque fois que je suis passée devant, c’est Pixel Avenue de Fred Sapey-Triomphe. Elle montre le côté magique et transformateur de la lumière qui modifie un espace que l’on devine encore glauque et anxiogène en une expérience toujours renouvelée.
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Comment penses-tu l’éclairage dans ton métier ?
Nathalie Frayssinet : J’essaye de le penser dans sa globalité. Le service que l’on doit rendre doit être de qualité et non minimum. Mais il s’agit aussi de bien utiliser l’argent public, donc de faire des économies, de rester sobre, de faire des choses cohérentes, d’essayer d’avoir les bons outils achats pour optimiser les décisions que l’on prend et améliorer l’impact environnemental.
Qu’est-ce qui est singulier dans ton approche de la lumière ?
Nathalie Frayssinet : En tant que client, plus on a d’exigences, plus les professionnels qui nous répondent vont aussi devoir faire des propositions. C’est également l’une des raisons pour lesquelles je suis engagée dans l’AFE : pour essayer de partager les bonnes pratiques, d’alerter les collectivités sur le fait que c’est aussi notre responsabilité de demander mieux et de porter des idées.
À l’avenir, que veux-tu que la lumière artificielle soit ?
Nathalie Frayssinet : Raisonnée. L’éclairage public est une niche, mais on a encore les mêmes écueils de la transition écologique dans sa globalité. Donc plus de transparence, plus de solutions sur l’ensemble de nos impacts. La lumière artificielle a de beaux jours devant elle, à condition que l’on y réfléchisse bien.
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