Pourquoi rafraîchir les bâtiments par un toit blanc avec Cool Roof ?
Depuis très longtemps, la casbah d’Alger est peinte en blanc. Les maisons sont blanches dans la médina de Rabat. Dans les Cycladeses, des villes entières étaient peintes, il y a déjà 5000 ans. Les couleurs claires sont privilégiées pour leur reflet de la lumière du soleil en Inde. Quoi qu’il soit, le principe est simple puisque le support va moins chauffer l’intérieur de vos bâtiments s’ils sont peint en blanc. Pourquoi rafraîchir les bâtiments par un toit blanc ? D’où l’idée de Cool Roof France de proposer un produit technique pour la toiture. Il permet de casser ce flux thermique à la base pour les bâtiments l’été. Suite de l’interview du DG, Julien Martin-Cocher.
Quel est le premier projet réalisé en France ?
Julien Martin-Cocher : le premier projet de Cool Roof France a été réalisé sur le magasin Leclerc de Quimper. 6 200 m2 de toiture peinte en blanc avec un certain nombre de gains que nous avons pu constater en degré Celsius. Nous observons effectivement environ 6°C de moins dans les bâtiments après application peinture. L’amplitude peut aller bien au-delà en fonction de la configuration des lieux.
Comme nous baissons la température, nous baissons les consignes de température de climatisation. Donc nous avons un impact direct sur l’une des sources des émissions de gaz à effet de serre et sur l’énergie associée qui n’est finalement plus utilisée. Ça se traduit finalement par une baisse du montant des factures d’électricité. Sujet important ces derniers mois pour les entreprises françaises notamment. Enfin, concernant l’inconfort des bâtiments dû à leur surchauffe en été, les équipements tournent moins bien en cas de pic de chaleur et donc avec CoolRoof, plus d’altération.
Pourquoi êtes-vous focalisés sur de grandes surfaces de toiture ?
Julien Martin-Cocher : ce qui fait mal à la planète dans les îlots de chaleur urbains, ce sont surtout les grandes surfaces importantes en bitumineux ou acier par exemple qui vont chauffer rapidement. Aujourd’hui, nos modes de construction, bien installés et parfois rigides, amènent et concentrent la chaleur dans les centres-villes. Entre Paris centre et extra-muros, il y a à peu près 10°C d’écart !
Alors, nous nous sommes orientés sur les zones où il fallait poser le premier pansement, c’est-à-dire sur de grandes surfaces de toiture. Par référence, un Stade de France, c’est environ 10 000 m2. En regard, à titre de comparaison, 10 000 m², c’est 100 maisons de 100 m2. Aujourd’hui, nous sommes capables de réaliser 10 000 m2 en trois jours. 100 maisons cependant, c’est trois mois. Donc, si nous voulons aller vite maintenant, il faut appliquer un bon vieux Pareto du 80/20.
Avez-vous un exemple pour un bâtiment éducatif ?
Julien Martin-Cocher : il y a des écoles qui ferment car les gamins ont trop chaud, c’est tragique. Surtout quand des solutions simples existent. Il y a des alternatives à la climatisation à laquelle tout le monde pense en premier, et qui coûtent nettement moins cher. Par exemple, pour l’école maternelle Louis Blanc dans le 10e arrondissement de Paris, été 2017, il a fait 38°C dans les salles de classe ! À l’automne, nous avions peint le toit en blanc avec la solution Cool Roof et cela a permis de diminuer la température intérieure de plusieurs degrés pour les cours et le confort des élèves.
Sur quelle surface peut-on appliquer votre solution Cool Roof ?
Julien Martin-Cocher : nous arrivons à l’appliquer sur quasiment toutes les surfaces, des supports bitumineux à la tôle en bac acier laqué, de la tuile aux ardoises, du béton au fibrociment, des plexiglas aux matières fibrées.
Il y a un support sur lequel nous avons encore des doutes, ce sont les membranes PVC. La raison, c’est qu’elles ne vieillissent pas très bien car elles sont sollicitées en dilatation-compression. Elles s’encrassent assez rapidement et au bout de 5 à 10 ans, il commence à y avoir quelques problèmes sur ce matériau.
En combien de couches votre produit se pose-t-il ?
Julien Martin-Cocher : notre solution CoolRoof comporte deux produits qui se posent en trois couches au total.
- D’abord, deux couches d’adhésion de BaseCoat en entrelacé, de 400 gr/m2 chacune, avec la poudre de coquilles d’huîtres.
- Ensuite, une couche de finition de TopCoat pour la protection contre les UV et Infrarouges avec la résine Kynar Aquatec. Elle contient les mêmes éléments que les couches précédentes.
Quel agrément environnemental avez-vous reçu ?
Julien Martin-Cocher : nous avons passé de nombreux agréments et accréditations. L’émission d’une FDES – Fiche de déclaration environnementale et sanitaire, aura été une grande victoire… et une vraie garantie pour nos clients. Cela nous permet d’entrer dans une base de référencement nationale Inies qui déclare l’impact du produit. En fait, nous faisons une analyse du cycle de vie – ACV – de notre peinture gardant le toit frais.
Comment quantifier son impact sur l’environnement ?
Julien Martin-Cocher : en termes de décarbonation, chaque mètre carré de toiture peinte à deux impacts.
- D’un côté, il faut produire la solution et l’empreinte carbone est d’environ 4 kg de CO₂.
- De l’autre côté, il y a un gain carbone sur chaque m² peint avec une économie de 2 kg de CO₂ par mètre carré par an. Soit 40 kg CO₂/m2 sur 20 ans, la durée totale du produit.
Au total, pour chaque mètre carré, nous décarbonons 36 kg de CO₂/m2 sur 20 ans.
Nos produits permettent aussi de préserver l’énergie et notamment d’éviter le recours à la climatisation et donc l’électricité en économisant de 20 à 50% sur la facture énergétique.
Comment traitez-vous les autres façades du bâtiment ?
Julien Martin-Cocher : en effet, un bâtiment n’est pas constitué que de sa toiture, même si c’est elle qui sera la plus impactée lors des pics de chaleur estivaux. Il y a d’autres facteurs influençant. La gestion de la thermie d’un bâtiment, ce sont cinq façades à considérer. Donc il faut bien comprendre comment elles jouent sur la température intérieure et c’est pour cela que nous avons complété notre gamme de solutions en développant d’autres produits :
- CoolWall pour les murs et façades,
- CoolGlass, pour les surfaces de type skydomes, voutes lumineuses, etc.
Comment l’entreprise est-elle organisée aujourd’hui ?
Julien Martin-Cocher : toutes les fonctions sont internalisées, des achats à la vente, mais aussi la partie opérationnelle en sortie avec notre peintre maison et l’accompagnement de nos clients.
Nous développons des réseaux de partenaires qui partagent nos valeurs et peuvent nous représenter localement. Ils permettent d’être représentés partout en France en restant cohérent et en évitant par exemple les impacts environnementaux liés au déplacement.
Quelle évolution pour Cool Roof France à l’avenir ?
Julien Martin-Cocher : c’est plus d’une vingtaine de personnes avec de l’emploi créé en Bretagne, orienté sur le low-tech, la sobriété écologique et la justice sociale. Cool Roof France est en train de quitter le modèle de la start-up traditionnelle en structurant l’entreprise afin de répondre à la nécessité d’une adaptation rapide.
Plus loin, plus fort, plus vite.
Deux nouveaux axes de développement sont en cours :
- rendre accessible le cool roofing, en licence libre et nous avons déjà démarré via une formule « Do It Yourself » et poursuivons désormais la réflexion notamment avec les équipes Team for the Planet,
- investir en R&D pour de nouvelles solutions et se développer en France et à l’international.
Propos recueillis par Vincent Laganier, le 17 janvier 2023.
À suivre…
Cool Roof France, quand le soleil se reflète en toiture
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