Pratiques actuelles de la conception lumière et formation
À quand un Master en conception lumière en France ?
Anne Bureau : quand nous voyons le nombre de Masters en France et leurs spécificités, c’est incompréhensible qu’il n’y en ait pas un en conception lumière. Mais aussi avec le nombre de concepteurs lumière en France et la qualité des projets qui sont faits par des professionnels, cette absence est un peu étrange. Il ne faut pas laisser tomber l’idée.
Pourquoi il n’y a pas de formation de conception lumière en France à la différence des autres pays européens ?
Anne Bureau : il n’y a pas rien en France, mais il n’y a pas de master spécifique. Je crois qu’à un moment il faut vraiment avoir un pied dans la porte de l’établissement d’enseignement supérieur qui veut l’accueillir. Comme il y a assez peu de professionnels et qu’ils sont bien occupés, monter un Master dans une école, c’est quasiment un temps plein.
Je pense que si ce n’est pas arrivé, c’est parce qu’il aurait fallu quelqu’un qui passe deux ans et tape à toutes les portes. Qu’il y passe tout son temps et trouve une école d’architecture qui y trouve son intérêt. En fait, il faut qu’il lâche son activité professionnelle. Exemple : Malcolm Innes pour le Master en conception lumière d’Edinbourg en Ecosse. [En savoir plus : MA Lighting Design – Edinburgh Napier University]. En France, malheureusement, il n’y a jamais eu l’opportunité d’avoir le bon pied dans la bonne porte et au bon moment et assez longtemps…
Quelle est ta vision du métier de concepteur lumière pour l’avenir ?
Anne Bureau : pour moi, il se diversifie de plus en plus puisque qu’il y a de plus en plus de champs sur lesquels nous intervenons dans la lumière. Nous faisons assez peu d’éclairage naturel et j’aimerais en faire plus car, c’est hyper important. Il y a des gens qui se spécialisent sur la lumière et le digital. Plus on avance et plus le métier devient pluriel. Nous pouvons être concepteur lumière architectural avec des gens qui seront très forts dans des applications comme la santé, l’architainment… Pour autant, il faut toujours arriver à défendre le plus que l’on apporte dans les projets. Pour l’avenir, il faut vraiment montrer la spécificité de notre métier par rapport aux ingénieurs. Sinon, nous allons à l’abattoir. Il y a donc du challenge pour le concepteur lumière.
Comment se passe la mise en œuvre du décret nuisances lumineuses ?
Anne Bureau : j’ai des exemples et des cas de figures où : ils te demandent les 20 lux moyen et tu as l’association de protection du ciel nocturne qui te demande des choses pas compatibles. À un moment donné, nous sommes entre le marteau et l’enclume.
Malgré tout, je pense que l’arrêté nuisances lumineuses est une bonne chose car ça demande de penser différemment. En parallèle, il y a les PMR et des cas de figures où ça ne marche plus. C’est une aberration. Je crois aussi qu’il y a une approche normative qui est en dehors de la réalité. Là, en l’occurrence, la norme, c’est quand même l’écran de l’ordinateur. Mais, la réalité perceptible dans un espace in situ, c’est bien autre chose.
Interview réalisée le 6 mars 2020 par téléphone.
A suivre…
Livres
25 questions pour mieux comprendre l’arrêté nuisances lumineuses
Maxime Van Der Ham décrypte l’arrêté nuisances lumineuses. 25 questions pour comprendre cette nouvelle réglementation en éclairage extérieur. |
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Eclairage des espaces intérieurs. Un livre complet de Malcolm Innes pour apprendre, comprendre et concevoir, lumière et éclairage, en intérieur. |
La conception lumière, appréhender le contexte, les enjeux et les acteurs
Coordonné par l’ACE et rédigé par 57 contributeurs représentatifs du projet d'éclairage, nouvel ouvrage de référence pour la conception lumière au Moniteur. |