Pratiques de la lumière en bloc opératoire du Dr Bourdillon
Le Docteur Pierre Bourdillon est chef de clinique assistant. Il exerce entre les hôpitaux de Lyon et Paris. Il nous explique l’importance de l’éclairage dans l’exercice de son métier et les besoins inhérents à sa spécialité en bloc opératoire.
Comment définissez-vous votre discipline ?
Dr Pierre Bourdillon : la neurochirurgie concerne la chirurgie du système nerveux, c’est-à-dire :
- le cerveau et le crâne,
- la moelle épinière et la colonne vertébrale,
- les nerfs périphériques.
Ce type de chirurgie demande une grande précision, l’éclairage également.
Dans la salle opératoire, deux types d’éclairage se complètent :
- l’éclairage dit d’ambiance,
- l’éclairage du « champ » ou « site opératoire » qui est la zone de travail du chirurgien.
Quelles sont les phases pendant l’opération ?
Dr Pierre Bourdillon : il y a trois phases lors de l’opération :
- l’ouverture ou l’abord : c’est le temps de préparation de la zone de travail,
- le « temps noble » de la chirurgie est celui passé sur le cerveau lui-même, le plus souvent en microchirurgie,
- la fermeture : fermeture du champ et des tissus.
Comment pilotez-vous l’éclairage de la salle d’opération ?
Dr Pierre Bourdillon : l’éclairage de la salle est piloté depuis un pupitre à l’entrée ou directement sur les sources lumineuses. Nous pouvons gérer facilement éclairage d’ambiance et éclairage du champ opératoire, selon nos besoins pendant l’opération.
Éclairage d’ambiance
Il est assuré par :
- des plafonniers équipés de tubes fluorescents, qui alternent blanc chaud et blanc froid,
- des hublots avec vasque opale, également en fluorescence, de plus faible intensité.
Les plafonniers servent d’éclairage général lors des phases d’ouverture et de fermeture.
A quel moment l’éclairage change ?
Dr Pierre Bourdillon : dès que nous entrons dans la phase dite noble, l’éclairage doit être puissant et offrir de bons contrastes sur le champ opératoire. Dans la salle, nous utilisons uniquement les hublots, pour un éclairage bas et diffus.
Les préconisations font état de 1 000 lux dans la salle opératoire et de 10 000 à 100 000 lux sur le champ opératoire.
Éclairage du site opératoire
Le neurochirurgien utilise trois techniques différentes :
- scialytique,
- microscope opératoire avec éclairage direct intégré,
- endoscope.
1. Scialytique
Le scialytique est le nom d’une marque devenu un terme générique pour désigner un type de luminaire bien particulier. C’est la technique conventionnelle et la plus ancienne.
Le scialytique :
- contient plusieurs lampes et miroirs,
- est aujourd’hui composé de LED,
- est orientable,
- diffuse une lumière uniforme,
- est idéalement utilisé par deux.
Le module de commande permet de choisir :
- l’intensité lumineuse par gradateur,
- la couleur de l’éclairage : du blanc aux teintes roses, vertes ou bleues,
- la température de couleur : de 3 200 K à près de 6 000 K selon les matériels.
Comment s’effectuent les réglages lumière ?
Dr Pierre Bourdillon : les deux scialytiques permettent d’éliminer toutes les ombres portées des instruments et des mains. Les réglages nous aident à trouver le meilleur compromis entre confort visuel et rendu des couleurs des tissus.
2. Microscope opératoire avec éclairage direct intégré
Le microscope est utilisé en microchirurgie, technique employée depuis les années 70. Il comporte un oculaire principal et un oculaire pour l’assistant du chirurgien. Il est d’abord équipé d’une lampe halogène, à la lumière chaude, aujourd’hui d’une lampe au Xénon, à la teinte plus froide.
Quelle est votre préférence en matière de sources lumineuses ?
Dr Pierre Bourdillon : personnellement, je préfère la lumière au Xénon qui offre de meilleurs contrastes, permettant de bien distinguer les tissus.
Quels sont les réglages lumière spécifiques à votre spécialité ?
Dr Pierre Bourdillon : nous utilisons d’autres réglages pour des opérations très spécifiques à la neurochirurgie : la visualisation de la tumeur dans les tissus cérébraux sains par exemple, impossible à voir en lumière blanche. Nous injectons une solution spéciale dans les tissus et changeons l’éclairage en bleu. Sous cette lumière, la tumeur apparait contrastée en rose. Nous revenons à la lumière blanche pour travailler.
Cette fonction est remplie par un module spécifique au microscope. Le contraste en infrarouge et ultraviolet est visible dans la vidéo ci-dessous, à 1:50.
Comment vous adaptez-vous ces niveaux d’éclairage très élevés ?
Dr Pierre Bourdillon : j’ai besoin d’une grande netteté mais aussi d’un confort visuel pendant plusieurs heures. Les différents réglages évitent la gêne oculaire ou la fatigue due à une trop grande intensité. L’équipe qui m’entoure suit l’opération sur écran et n’est pas gênée par l’éclairage puissant des scialytiques ou du microscope.
3. Endoscope
L’endoscopie permet de travailler à l’intérieur de conduits inaccessibles à l’œil.
L’endoscope est composé d’un tube optique muni d’un système d’éclairage au Xénon, dans un câble souple, très maniable. Il est couplé à une caméra vidéo pour retransmettre l’image sur écran.
Quels sont les réglages lumière pour la microchirurgie ?
Dr Pierre Bourdillon : en microchirurgie, j’augmente l’intensité de l’éclairage même si l’éclairage au Xénon est parfois agressif. Heureusement, nous pouvons là aussi facilement moduler l’intensité et les couleurs de l’éclairage, selon un panel prédéfini en vert, rouge ou bleu.
J’ai la chance de travailler dans deux services plutôt bien équipés. Un éclairage adapté et de bon niveau améliore sensiblement les conditions de travail.
Approfondir le sujet
Lieu
- Hospices Civils de Lyon, Groupement Hospitalier Est
- Bron, France
Équipe du projet
ZOOM -
Évènement
- Onlylight 2017
- SALON PROFESSIONNEL - Light ZOOM Lumière est partenaire presse de Onlylight. Ce nouveau salon d'Atoliis se déroulera à Lyon Eurexpo du 13 au 15 juin 2017.
- Date : du mardi 13 juin 2017 au jeudi 15 juin 2017
- Lieu :
- Eurexpo Lyon
- Chassieu, France