Quels sont les besoins de formation en conception lumière ?
Quels sont les besoins de formation en conception lumière ? Sara Castagné, l’ancienne présidence de l’ACE, y répond, sans concession, avec une étude réalisée auprès des concepteurs lumière membres de l’association.
Où en sont aujourd’hui les démarches pour la création des formations liées à la pratique de l’éclairage artificiel ?
Sara Castagné : je rappelle que nous n’avons pas en France de formation diplômante en conception lumière, alors qu’il existe de nombreux Masters dans toute l’Europe et dans le monde entier ! Ce n’est pas faute d’avoir essayé, en 1995 lorsque je suis rentrée à l’ACE, la première réunion à laquelle j’ai assisté présentait au projet de création d’un cursus conception lumière dans une école d’architecture !
Il nous faut maintenant parvenir à susciter l’envie auprès des universités pour créer un master dédié à la conception lumière. Certes il existe plusieurs universités où la conception lumière est enseignée mais aucun diplôme complet de conception lumière n’est créer.
Quelles pistes sont alors explorées par l’ACE ?
Sara Castagné : l’ACE essaie de progresser sur ce sujet et nous avons plusieurs pistes actuellement mais cela reste des pistes. Nous allons collaborer avec l’académie de Clermont-Ferrand (section Design et métiers d’Art) afin de créer une journée d’Assise sur l’enseignement de la conception lumière en France. Cette initiative permettra de voir si cela suscite un engouement et si des universités seraient prêtes à se lancer dans cette création. Elle permettrait de réunir toutes les expériences et de fédérer autour de cette idée.
Quelles sont les besoins de formation en conception lumière ?
Sara Castagné : nous avons interrogé en interne nos 58 agences de conception lumière de l’ACE pour connaître les compétences souhaitées, pour dimensionner les besoins et les capacités d’embauche. C’est très intéressant.
Il en ressort qu’une capacité de 12 diplômés par an serait absorbable à court termes (aucun d’entre nous n’ose se projeter très positivement à long terme). Mais nous pensons qu’en ayant la capacité d’embaucher des personnes compétentes et opérationnelles rapidement, cela permettrait de prendre plus de part de marché, car quand le marché se porte bien nous n’arrivons pas à tout faire !
Quelles compétences sont nécessaires en conception lumière ?
Sara Castagné : nous avons listé également les compétences majeures dont les agences ont besoin. Elles sont les techniques liées à l’éclairage, les compétences spatiales (architecture, design d’espace), les compétences créatives et enfin les outils de modélisation 3D.
Il ressort de cette enquête également qu’une quinzaine de stagiaires sont répartis dans 11 agences et que 20% des agences souhaiteraient embaucher.
Qui pourrait enseigner dans ces formations en conception lumière ?
Sara Castagné : nous avons aussi questionné nos membres sur la capacité d’enseignants, actuellement 43% des directeurs d’agence enseignent dont la moitié enseigne + de 10 jours/an :
- 40% dans les écoles d’architecture,
- 22% dans les écoles du paysage,
- 10% dans les écoles de design (les autres ailleurs).
Nous dénombrons 63% des membres concepteurs qui souhaiteraient enseigner une vingtaine d’heures par an.
Quel avenir pour le projet de monter une formation en conception lumière ?
Sara Castagné : nous pensons que ce master serait utile, qu’il faudrait créer le programme de façon judicieuse afin d’enseigner le plus de compétences dont les agence ont réellement besoin, il faudra interroger les agences de conception lumière plus finement. Nous savons que les agences souhaitent vraiment cette formation, car il est très difficile d’embaucher actuellement, nous trouvons des candidats juniors mais avec tellement de compétences à compléter ! Surtout en technique lumière, en connaissance des appareils d’éclairage et des outils de calcul.
Quelques mots de conclusion pour la profession ?
Sara Castagné : je dirai aux jeunes concepteurs lumière : « énergies positives » car, il faut puiser dans ses propres ressources et se munir de patience pour apprendre ce métier. Il y a tellement de champs à explorer qu’il faut être curieux et savoir accueillir les découvertes.
A une collectivité : « atmosphères ! » car, ce n’est pas la technique en éclairage qui fabrique les ambiances et il ne faut pas oublier que les usagers cherchent d’abord à se sentir bien dans un espace.
A un fabricant de matériel d’éclairage : « synergies », c’est dans le sens du partage, de la recherche associée aux projets et de l’écoute que nous attendons qu’ils travaillent avec nous sur de véritables solutions pour répondre aux enjeux du réchauffement climatique. Les concepteurs lumière sont des créateurs, il faut que les fabricants restent à leur écoute, nous avons les capacités de les emmener vers des choses innovantes.
Propos recueillis par Nicolas Houel le 31 octobre 2018.
A suivre
Suite de l'article
Introduction | Sara Castagné, la conception lumière made in France |
Page 1 | Sara Castagné, mettre en lumière en co-conception |
Page 2 | Sara Castagné, retour sur la présidence de l’ACE |
Page 3 | Quels sont les besoins de formation en conception lumière ? |