Rohl, quand la liberté de l’éclairage anime les communes

Créée par Bernard Oberlé en 1967, la société Rohl s’est très vite intéressée à l’éclairage public. D’abord, elle est importatrice d’une entreprise allemande avec du montage en France. Dans les années 80, elle commence à fabriquer des crosses sur mâts, puis un coffret classe 2 en pied de candélabre, pour le raccordement électrique. Après des décennies de spécialisation dans l’éclairage décoratif, en 2005, Rohl lance le Celso, du designer Marc Aurel. C’est son premier luminaire d’éclairage urbain au design intemporel. Aujourd’hui, Bernard Oberlé, fondateur de Rohl, passe le témoin à son directeur commercial ; la famille historique restant à ses côtés. Yves Fanack a été nommé PDG de Rohl en septembre 2023. Rencontre avec l’entrepreneur.

La liberté est-elle la valeur de Rohl en éclairage public ?

Yves Fanack : Une des valeurs les plus importantes chez Rohl, c’est la liberté. Profiter de son luminaire une fois acheté, que ce soit en termes de physique pour les modules LED et les drivers, mais aussi en termes de numérique. Toute la data liée au luminaire appartient à nos clients. Ils doivent se sentir libres de pouvoir l’utiliser et de le maintenir parce qu’on peut l’ouvrir et retrouver les composants ailleurs. En bref, ils doivent s’ouvrir (et se refermer) et être conçus autour de standard comme Zhaga ou DALI. Enfin il faut rendre tout cela simple pour nos clients. Nous les accompagnons avec une solution de pilotage Bluetooth et un logiciel ludique totalement ouvert et interopérable avec tous les luminaires du marché.

Quel est le positionnement de Rohl aujourd’hui ?

Yves Fanack : Le sens même du métier de la maison Rohl, c’est de faire perdurer la vie sociale une fois le soleil couché. Le tout avec beaucoup de bienveillance pour la biodiversité et la consommation d’énergie. Limiter nos impacts environnementaux et énergétiques, c’est vraiment important pour nous.

Quelle est la place de l’humain dans la ville la nuit ?

Yves Fanack : Il y a des personnes qui travaillent la nuit et on coupe massivement l’éclairage public en milieu de nuit. Pourtant, dans les métropoles, on laisse le centre-ville allumé parce qu’il y a de l’activité. Comme si les gens des villes avaient droit à la lumière urbaine et pas les gens des campagnes. Je ne suis pas d’un avis aussi tranché bien sûr, mais j’ai peur qu’à travers ces choix, on augmente une certaine fracture numérique. Une fracture lumière, en tout cas.

Comment pallier cette fracture lumière par rapport à l’énergie ?

Yves Fanack : Rohl pense que la lumière doit être plus dynamique en éclairage public. Il faut pouvoir jouer sur l’énergie, la température de couleur et la temporalité en fonction du lieu de vie, et pas juste être dans une opposition entre ville et campagne ou encore travailleur de jour/travailleur de nuit.

Qu’en est-il de l’environnement par rapport à la biodiversité ?

Yves Fanack : Nous pensons qu’il est important de rappeler que la biodiversité est une branche de l’environnement. Ce n’est pas parce que nous mettons des LED en 2200 K, par exemple, que nous sommes vertueux. Mettre de la colle ou intégrer des composants qui ruinent la biodiversité à l’autre bout du monde, ça n’a pas de sens ! Le regard sur l’environnement ne s’arrête pas juste devant ma porte d’entrée. Il y a un cheminement global que l’on doit avoir. Et comment ? Il faut intégrer la vie globale du luminaire ; de l’écoconception à la connaissance du lieu où le luminaire prendra place pour que la lumière nuise le moins possible, voire plus du tout, puis que le démantèlement en fin de vie soit revalorisé.

À quel moment prendre en compte la biodiversité ?

Yves Fanack : Quand on écoute les spécialistes comme Romain Sordello, beaucoup disent que la biodiversité est surtout active au crépuscule et à l’aurore ; aux chronotones. Or, c’est là où l’humain a le plus besoin d’énergie. Alors, couper au milieu de la nuit, ça ne résout pas tous les problèmes ! Il faut aussi et surtout trouver des solutions pour qu’on puisse cohabiter dans ces tranches de début ou de fin de nuit.

Comment alors combiner travail de nuit et biodiversité ?

Yves Fanack : Une étude sortie en 2022 a fait le point sur le travail de nuit. Aujourd’hui, il y a 16 % de la population active qui travaille de nuit, et entre 1999 et 2007 le nombre de femmes travaillant de nuit a augmenté de 69 % ! Ça fait quand même 4,5 millions de personnes qui sont actives la nuit ! Alors, je fais quoi pour eux ? On éteint ? Quand on éclaire un village et/ou une ville, il faut chercher les évidences. Par exemple, doit-on couper à 22 h à proximité d’un restaurant où les salariés finissent à 23 h ? À l’inverse, un parking derrière un centre sportif doit-il vraiment rester allumé ? Dans ce dernier cas, on coupe l’éclairage public, évidemment !

Nous avons la chance d’avoir un tissu et une variété créative incroyable en France via les concepteurs lumières pour accompagner les maîtrises d’ouvrage, mais aussi les services techniques de métropoles ou territoires d’énergie qui sont incroyables. Ils connaissent les enjeux environnementaux et sociaux comme personne. Sans oublier les installateurs qui jouent un rôle logistique fantastique dans cette période de perpétuel changement.

Quelles normes de management respecte Rohl ?

Yves Fanack : Rohl est ISO 9001 depuis 2002 sur le management de la qualité, et aussi ISO 14001 depuis 2010 sur le management environnemental. Nous sommes ainsi audités tous les ans par un organisme Cofrac.

Comment le respect pour les métiers de la maintenance se concrétise-t-il ?

Yves Fanack : Nous avons beaucoup de respect pour les métiers de la maintenance, les gens de terrain. C’est aussi respecter l’humain que de respecter l’installateur qui s’occupe de maintenir l’éclairage public. Donc il faut qu’on puisse ouvrir le luminaire et changer ses composants. C’est une des choses qu’a permise Zahga : la capacité d’avoir des standards dans les composants. Aujourd’hui, pour la partie driver et module LED, tous les luminaires Rohl sont au standard Zahga. Car pendant la durée de vie du luminaire, on va peut-être changer le driver. Pourquoi ne changerait-on pas les sources LED ? Ça nous permettrait de gagner 30 à 40 % minimum sur les 5 dernières années. On pourrait rendre les luminaires plus performants sans avoir le coût d’investissement d’un matériel neuf. De plus, quand aujourd’hui la température de couleur 4 000 K est interdite, avec un module LED Zahga, on passe facilement en 3000 K. Nous croyons en l’avenir de la réparabilité. Achèteriez-vous une voiture sur laquelle vous ne pourriez pas changer les roues parce que le constructeur vous annonce une durée de vie de 200 000 km ?

Quel a été le premier luminaire Rohl 100 % LED ?

Yves Fanack : Le premier luminaire LED à 100 %, c’est le Teos. C’est l’un des plus beaux luminaires du marché esthétiquement, mais aussi techniquement, car il est maintenable. Il a une double photométrie optique, avec un déflecteur à l’intérieur, qui travaille aussi la lumière.

De nombreuses fixations lui permettent de s’intégrer absolument partout, que ce soit des patins, des fixations latérales couvrantes ou pénétrantes. On préfère le pénétrant, c’est plus joli. Depuis qu’on fait de l’électronique, même avant la LED, on a toujours précâblé en quatre fois DALI. Teos, c’est une vraie réussite, car il apporte quelque chose là où, de nos jours, les luminaires routiers fonctionnels sont moins design. On essaie de continuer à apporter du style à nos luminaires.

Quels services apporte le module Lumio Bluetooth ?

Yves Fanack : Le module Lumio Bluetooth est un véritable outil d’aide à la maintenance et à la décision concernant la gradation de l’éclairage public d’un lieu pour les communes. Aujourd’hui, les décideurs, maîtrise d’œuvre, maîtrise d’ouvrage ou installateurs n’ont que deux choix entre la programmation-usine et la télégestion, et souvent le gestionnaire va choisir la gradation au point lumineux en milieu de nuit pour des raisons de facilité et surtout de coût.

Aujourd’hui, les solutions Bluetooth sont une vraie alternative entre la programmation-usine rigide (la modification sur site est toujours complexe) et sans traçabilité simple (il faut souvent un logiciel tiers et des renseignements correctement intégrés pour connaître la programmation d’une rue). Lumio permet en deux clics sur l’application smartphone SmartDrive HUB de modifier simplement le profil nocturne et de profiter de la même intervention au luminaire pour tout en connaître, mais surtout de relever et historiser toutes les constantes du driver. Avec des données, il va permettre aux villes de paramétrer les programmes de maintenance en fonction des taux de panne détectés sur les modules LED et/ou les drivers.

Lumio intègre un algorithme qui nous permet de reconnaître automatiquement le driver dans le luminaire sans l’ouvrir. Je crois savoir qu’on est les seuls à le faire ! C’est une prouesse Rohl d’englober beaucoup d’intelligence pour accompagner les villes et la maintenance du parc. Je pense pouvoir dire que Rohl est aujourd’hui un leader dans l’accompagnement à la maintenance des systèmes LED. Savoir dire qu’un luminaire est en panne c’est bien. Accompagner l’installateur terrain dans le remplacement des pièces défectueuses et la mise à jour des data afférentes, c’est encore mieux !

Comment piloter correctement les luminaires en DALI ?

Yves Fanack : Pour maîtriser la maintenabilité du système, on livre des drivers DALI précâblés. Pourtant, beaucoup de gens ne savent pas que le DALI est une courbe exponentielle et que certains drivers fonctionnent en courbe linéaire. Ce n’est pas du tout pareil, et pourtant, c’est crucial. Si on donne une courbe exponentielle et que l’appareil le réceptionne comme une base linéaire, tu as demandé 15 %, tu auras 80 %. Et au moment où la lumière est une nuisance et consomme de l’énergie, mieux vaut être sûr du pilotage correct des luminaires en DALI.

Que présentera Rohl au Salon des maires 2023 ?

Yves Fanack : Au Salon des maires 2023, on va présenter nos solutions de gestion du blanc dynamique via Bluetooth de façon très simple. Avec juste un téléphone, on va pouvoir dire à l’allumage de se mettre à 100 % dans telle température de couleur, par exemple. On peut définir une température de couleur à l’allumage liée à une puissance, puis deux niveaux de puissance et deux températures de couleur dans la nuit. Ou l’on peut très bien imaginer commencer une nuit, à un endroit où il y aurait beaucoup de biodiversité et beaucoup d’humains, avec plusieurs niveaux de puissance et de température de couleurs, ce qui est important, c’est de donner la possibilité à nos clients de pouvoir jouer sur 3 axes : puissance, température de couleur et temporalité.

Aujourd’hui, tous les luminaires Rohl peuvent être paramétrés en blanc dynamique. Et fidèle à nos habitudes, notre solution s’adapte à tous les luminaires du marché.

Reportage sponsorisé par Rohl.