Sara Castagné, mettre en lumière en co-conception
Que pensez-vous des formes de co-conception de l’éclairage avec les citoyens ?
Sara Castagné : la co-conception est rarement demandé dans nos programmes !!! Sans doute parce que les maîtres d’ouvrage ne savent pas qu’on peut associer les usagers au projet lumière. Pour ma part, je l’incorpore dès que possible.
Comment pratiquez-vous les marches nocturnes avec les citoyens ?
Sara Castagné : à Noisy-le-Grand et à Pau dans le quartier Saragosse, nous avons organisé des marches nocturnes avec des groupes d’habitants pour faire de la pédagogie lumière d’une part (prise de mesure d’éclairement, de couleur de lumière, partage de sensations…) et à l’aide de questionnaires nous avons relevé le ressenti nocturne des participants.
La matière récoltée a été exploité pour faire un état des espaces mal vécu, des réalisations appréciées et des aspirations de chacun :
- petites choses souhaitées comme éclairer tel chemin,
- colorer les lumières,
- apporter plus d’ambiances joyeuses,
- permettre de voir les étoiles…
Cela nous a servi de base pour concevoir les projets, les services techniques des villes vivent une expérience de partage avec un groupe d’usagers habitants et les élus se satisfont pleinement d’être à l’écoute de la population.
Lorsque nous présentons nos conclusions quelques semaines après ce type d’expérience, c’est toujours accueilli avec beaucoup de joie et nous tentons de faire des propositions allant dans le sens des aspirations recueillies.
Le sujet de la lumière déclenche beaucoup d’enthousiasme, il y a toujours quelques points « noirs » à désamorcer comme les questions de sécurisation de certains espaces laissés dans l’ombre, une fois les choses dites et constatées ensemble, alors on peut aller sur des bases de propositions d’ambiance, voire de création de poésie nocturne.
Comment avez-vous associés les lycées de Bourg-La-Reine à une mise en lumière ?
Sara Castagné : récemment sur deux projets j’ai proposé d’associer des écoles pour co-concevoir. Je me pose toujours la question de l‘espace qu’on peut laisser à celui qui le pratique au quotidien, pourquoi dans certains cas ne pas lui laisser une place dans le processus de création ?
A Bourg-La-Reine, une classe de lycéens en section Arts Plastiques a travaillé sur les mises en lumière autour de la place de la gare. Il s’agit du lycée Lakanal à Sceaux qui se trouve à deux pas de la station RER.
Je pensais projeter sur des façades pignons des couleurs, des formes ou des motifs, pour accueillir les voyageurs qui arrivent et partent par flux matins et soirs. Plutôt que de les dessiner moi-même, j’ai associé une classe de lycéens pour mener la réflexion et dessiner des choses. Ils ont tous planché et nous avons sélectionné des éléments.
Maintenant, nous sommes en phase chantier et les lycéens ont eu leur BAC. Je suis restée en contact avec eux ; la plupart sont actuellement en école d’art. Ils vont poursuivre la réalisation des projets en 2019 pour aller au bout de la co-conception.
La ville de Bourg-la-Reine apprécie cette expérience, le lycée Lakanal a pu connecter enseignement et projet. Les lycéens ont découvert la conception lumière et côté maîtrise d’œuvre, nous sommes heureux d’avoir partagé le projet avec des usagers créatifs !
Comment impliquez-vous les écoles primaires de Bruay dans la lumière ?
Autre expérience à Bruay sur l’Escaut, où nous avons organisé un concours sur 5 écoles primaires avec des dessins à projeter sur des murs dans la ville et des haïkus à écrire en lettres de lumière sur des mâts totem. Les haïkus sont des petits poèmes d’inspiration japonaise, avec une structure très académique, permettant d’exprimer une pensée merveilleuse liée au temps qui passe.
Nous avons fait une intervention dans chaque classe pour les impliquer et parler de l’éclairage public, ils ont été d’un sérieux incroyable ! Le jury a sélectionné des travaux et actuellement nous sommes en phase de réalisation. Nous avons livrés les installations en décembre dernier.
Propos recueillis par Nicolas Houel le 31 octobre 2018.
A suivre…
Sara Castagné, retour sur la présidence de l’ACE
co-conception
Suite de l'article
Introduction | Sara Castagné, la conception lumière made in France |
Page 1 | Sara Castagné, mettre en lumière en co-conception |
Page 2 | Sara Castagné, retour sur la présidence de l’ACE |
Page 3 | Quels sont les besoins de formation en conception lumière ? |
Équipe du projet
Livres
Lumière et ambiances, de Roger Narboni, Le Moniteur
Une belle réflexion sur la conception d'ambiances lumineuses, à l'intérieur des bâtiments comme à l'échelle des espaces publics. |