Sophie Jost : éclairage du bâtiment et rendu des couleurs
Quel est votre parcours académique ?
Après des études scientifiques, j’ai été élève ingénieure fonctionnaire de l’ENTPE – École Nationale des Travaux Publics de l’Etat. Je me suis spécialisée en génie civil et bâtiment. J’ai découvert l’éclairage et me suis intéressée aux aspects perceptifs. Plus généralement, j’apprécie l’approche qui consiste à placer l’humain au cœur des problématiques du bâtiment.
En parallèle à la 3ème année à l’ENTPE, j’ai suivi un master de Génie civil puis j’ai effectué une thèse sur la « Caractérisation visuelle de la qualité de couleur des sources lumineuses à LED ». J’ai ensuite été embauchée à l’ENTPE en 2012 en tant qu’ingénieure-chercheuse du Ministère de la transition écologique et solidaire.
Vous assurez aussi des enseignements en éclairage pour les élèves de l’ENTPE ?
Effectivement, cela représente environ 30 % de mon temps. Ces enseignements s’adressent aux étudiants de la voie d’approfondissement « Bâtiment » (environ 50 élèves).
- En deuxième année, il s’agit d’un cours d’éclairagisme : photométrie, colorimétrie, dimensionnement en éclairage artificiel et naturel.
- En troisième année, les élèves ont la possibilité de mener un projet pour lequel ils choisissent un bâtiment (hôtel, restaurant, boutique…) et mènent entièrement l’étude de rénovation de l’éclairage, de l’audit jusqu’à des propositions d’améliorations.
- Des aspects sur l’éclairage sont également présentés dans les cours « Bâtiment et handicap » et « Bâtiment et santé ».
Nous encadrons aussi des projets de fin d’étude ou des stages de master, ainsi que des thèses sur des problématiques autour de l’éclairage.
Quelles sont les thématiques de recherche en éclairage à l’ENTPE ?
Nous faisons partie de l’équipe « Physique et Perception des Environnements » [photo ci-dessous] du Laboratoire Génie Civil et Bâtiment, dirigé par Dominique Dumortier. Les thématiques abordées sont l’acoustique et l’éclairage.
Dominique Dumortier travaille sur la caractérisation de la lumière naturelle, et sur les impacts de la lumière sur la santé et le bien-être en collaboration avec l’Inserm. En outre, une station météo, installée sur le toit de l’ENTPE, permet la mesure de la lumière naturelle et du rayonnement solaire. Ces mesures effectuées toutes les minutes sont accessibles sur le site Station IDMP de l’ENTPE.
Raphaël Labayrade travaille sur la mesure des propriétés optiques des matériaux, la reproduction de stimuli visuels sur simulateurs, et sur l’optimisation multicritère en prenant en compte la perception des usagers.
En ce qui me concerne, je fais partie d’un projet européen dont le but est de définir des illuminants de référence à LED. Je continue aussi, depuis ma thèse, à m’intéresser à la perception de l’éclairage et au rendu des couleurs.
Quelles sont les avancées sur la fidélité et la préférence du rendu des couleurs des sources ?
Un rapport de la Commission Internationale de l’Eclairage (CIE) publié en 2017 a proposé en effet un nouvel indice de fidélité de couleur Rf, en remplacement de l’ancien indice de rendu des couleurs Ra. Cet indice a été établi à partir des derniers développements des modèles d’apparence colorée. Il est calculé sur 99 échantillons de référence au lieu de 8, et en adaptant le choix des illuminants de référence.
Cette recommandation est dans le prolongement de l’étude TM-30-15 publiée en 2015 par l’association américaine IES (Illuminating Engineering Society). Comme pour l’IRC, l’indice Rf peut prendre des valeurs entre 0 et 100 mais la correspondance pour certaines recommandations (comme la valeur d’IRC de 80 en éclairage intérieur) n’est pas encore établie.
Un autre indice permet de quantifier l’étendu de l’ensemble des couleurs perçues sous la source de lumière considérée. Cet indice de gamut Rg peut donner en première approche une indication de préférence des sources par les observateurs. Mais ce n’est pas si simple : un grand indice de gamut permet un rendu certes très riche des couleurs mais parfois irréaliste et n’est donc pas complètement corréler avec cette notion de préférence. Des indices de préférence ont été proposés mais aucun ne fait actuellement l’unanimité à l’échelle internationale.
Vous êtes experte pour la Commission Internationale de l’Eclairage (CIE). Quelles sont vos missions ?
Je suis effectivement la représentante française de la division 1, Vision et Couleur, de la CIE depuis 2014. La CIE est également divisée en comités techniques. Il s’agit de groupes de travail comprenant des membres académiques ou professionnels d’au moins 5 pays différents dont le but est d’émettre des rapports techniques. Pour qu’un rapport puisse être publié, il faut qu’il y ait un consensus de l’ensemble des membres du comité technique. Cela explique pourquoi certaines recommandations comme celle sur l’indice de fidélité des couleurs ont tardé.
Je fais actuellement partie du comité technique TC 1-91, sur les performances des métriques quantifiant la « qualité couleur », et TC 1-97 sur l’adaptation des fonctions colorimétriques à l’âge des observateurs et au champ de vision. Il sera donc possible dans le futur de donner un âge à l’« observateur standard » à partir duquel toutes les grandeurs photométriques et colorimétriques sont définies. Je peux aussi annoncer que l’édition actualisée du guide de la CIE sur la colorimétrie sera prochainement publiée (la dernière édition datait de 2004).
Enfin, je fais régulièrement un retour de l’ensemble des travaux de la division 1 auprès de l’antenne française, la CIE-France.
Propos recueillis par Lionel Simonot le 14 mai 2018.
A suivre…
Sophie Jost : métrologie sensorielle en éclairage, UGR et LED
Équipe du projet
Lieu
- Ecole Nationale des Travaux Publics de l'Etat - ENTPE
- Vaulx-en-Velin, France
Coucou à TOUS, c’est encore moi ! J’ai laissé un commentaire amical sur LINKEDIN. Je voudrais ajouter que toutes les tentatives actuelles et en particulier celle de l’IES et de la TM-30-15 me laisse particulièrement perplexe ! et le mot est faible, mais je tiens à rester courtois.
Je sais que les EXPERTS ne parlent en principe qu’aux EXPERTs ( c’est ce qui m’a été dit par la CIE lors de mon entrevue à Paris avec la commission France – 03 juillet 2014 ) mais ne pourrait-on pas se rencontrer pour bavarder autour d’un café ?
Amicalement – William.