Souffleur de verre, par amour de la lumière
Qu’est-ce qui te plaît dans la lumière ?
Jeremy Maxwell Wintrebert : la réponse elle est hyper simple. Ce qui m’a attiré et ce qui attire en général la plupart des souffleurs de verre – ce qui nous passionne dès le début – c’est que la matière en fusion, elle est transparente et elle dégage de la lumière. C’est une lumière qui n’a pas de source. Et cette lumière elle est dorée, elle est jaune, elle a une température qui ressemble beaucoup au feu. Elle est hyper chaude, hyper attirante, hyper envoûtante. Mais ce que je viens de te dire, ça m’a pris presque vingt ans pour le comprendre. Ça veut dire que le début, j’étais très attiré par le verre, absolument obsédé par la matière mais sans jamais vraiment comprendre pourquoi.
Mais ce n’est pas qu’une relation physique ?
Jeremy Maxwell Wintrebert : je pense qu’il y aussi un travail de conscient et de subconscient. Je pense que c’est beaucoup de choses en-dessous. Comme des bulles, il faut, des fois, que ça remonte à la surface. Et en fait, c’est comme si tu cherchais quelque chose… C’est comme si je cherchais quelque chose que je voyais déjà. Et j’ai pas du tout commencé à travailler, à faire des luminaires, parce que j’étais particulièrement attiré par la lumière. Mais le travail de la lumière et, quelque part, le « vrai » travail de la lumière a commencé physiquement quand j’ai commencé à souffler du verre mais intellectuellement : il y a quelques années.
Et pourquoi on restitue cette émotion ?
Jeremy Maxwell Wintrebert : il y a effectivement une démarche, justement dans cette attirance, qui est de l’ordre physique, charnel. Il y a une envie, en tant que souffleur de verre, de vouloir essayer de choper cette lumière pour qu’elle ne disparaisse pas. Parce que je pense aussi que une des lectures de cette lumière c’est aussi une métaphore de vie. Lumière : chaleur, vie. Pas de lumière : froid, mort. Tu vois ? C’est un espèce de truc de rendre la vie éternelle.
Comment on arrive à cette première fois ?
Jeremy Maxwell Wintrebert : j’avais ça en moi et mes parents l’ont compris très vite. Donc à l’âge de dix-huit ans, j’avais déjà travaillé le bois, j’avais beaucoup fait de la céramique, beaucoup de peinture, beaucoup de dessin… Et j’avais déjà tellement pratiqué que je savais qu’il me manquait une dimension plus profonde. J’avais pas de lien, je ne me sentais pas connecté à ces matières. Ni à la peinture, ni à la céramique même si j’adorais ça. Mais il y a un truc qui manquait et le verre était quelque chose qui était autour de moi tout le temps mais que, évidemment, personne ne travaille : le verre à vitres, la vitre de la bagnole, le verre dans lequel tu bois… J’étais entouré de cette matière tout le temps en grandissant mais j’avais aucun accès. Et elle me fascinait ! J’étais fasciné par la transparence, la cristallisation. Et à partir de là, je suis rentré dans un atelier, j’ai vu la matière en fusion au bout de la canne, c’était plié. En une seconde.
A suivre…
Jeremy Maxwell Wintrebert, artiste verrier, créateur de matière
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Lieu
- JMW Studio
- Paris, France