Procédés d’impression : relation entre papier, écran et numérique ?
Quels sont les principaux procédés d’impression ?
William Lautié : il y a plusieurs procédés pour imprimer : l’offset, la sérigraphie, l’héliogravure… Ce dernier permettait, à l’époque, d’imprimer les gros catalogues de vente par correspondance, type Redoute, 3 Suisses et autres, mais aussi les journaux, les magazines et les livres. Il permettait de faire d’énormes tirages en termes de quantité.
Puis, le numérique est arrivé dans les années 1990. C’est un système de toners ou de jets d’encres. Ces machines ont énormément évolué. Au début, nous ne pouvions utiliser que certains types de papier.
Petit à petit, nous pouvons utiliser tous les types de papier. C’est un procédé qui est plus rapide à mettre en œuvre Ici, je prends un fichier PDF, je le glisse, l’imprime et le livre tout de suite. C’est l’imprimerie minute.
Mais, pour des questions de coût, c’est vraiment réservé aux petites quantités. Le numérique est en train de grignoter des parts de marché à l’offset, pour des questions de rapidité.
STIPA est équipé de presse offset et numérique, car si un client veut un catalogue et 200 cartes de visite ou une invitation presse, nous sommes capables de lui faire l’ensemble.
Quelle est la relation entre support papier et écran dans l’impression ?
William Lautié : aujourd’hui, nous avons un nouvel « ennemi », c’est le support écran. Que ce soit une tablette ou un ordinateur, le client a vu son document sur un support rétroéclairé et en lumière primaire RVB.
Quand nous présentons un document à un client, il est sur papier, en CMJN et en lumière du jour frontale. Donc, ça modifie tout.
Par exemple, quand un client vient sur presse pour le calage machine avec son smartphone ou son iPad, et qu’il nous dit : « moi ce que je veux, c’est ça ».
Donc, dès le départ, nous sommes obligés de faire un peu d’éducation et de reposer les bases de la lumière et de l’impression.
Comment un conducteur de machines offset voit les couleurs ?
William Lautié : un conducteur de machines averti, c’est-à-dire avec quelques années d’expérience, perçoit entre 10 et 12 fois plus de nuances de couleurs que quelqu’un qui n’a pas l’habitude de travailler sur la couleur. C’est un problème d’œil exercé.
Chez STIPA, nous travaillons avec l’œil du spécialiste. J’ai tendance à dire aux équipes dans l’atelier, « faites beau ! » Par exemple, « si vous voyez un visage qui est tout vert, eh bien, ça ne va pas. Il faut faire beau ». A l’inverse de certains confrères qui ne se fient qu’au appareils de mesures pour travailler.
À quoi sert le spectromètre sous la lumière normalisée ?
William Lautié : l’œil électronique est là juste en appui pour des questions de performances. C’est-à-dire pour une question de stabilité de la production.
Par exemple, si nous devons imprimer le même document pendant dix heures. Il est alors évident que l’œil ne va pas percevoir la même chose à 7h du matin qu’à 14h avec la fatigue normale qui se crée. Donc, l’œil est plus intelligent mais au bout d’un moment, il fatigue, on perd en performance.
Comment voyez-vous l’avenir de la lumière dans l’imprimerie ?
William Lautié : avec le système de séchage UV, c’est vrai qu’on a fait un bon énorme en avant. Pour les évolutions à venir, ça serait super d’intégrer de la lumière dans le papier ou les documents imprimés. Il y a moyen aujourd’hui d’intégrer des choses très fines et souples, notamment en LED.
On pourrait imaginer faire un beau bouquin d’art avec, sur certaines pages, des choses qui s’éclairent et pourquoi pas changent de couleurs. Le fait d’ouvrir un livre, il y a quelque chose qui s’allume. Ça pourrait être génial et je pense faisable au moment de la fabrication du papier.
Qu’en est-il du livre augmenté dans les documents papier ?
William Lautié : nous travaillons pour l’Opéra de Paris, on fait une quarantaine de programmes tous les ans pour les spectacles. Nous faisons aussi la brochure saison qui résume tous les programmes qui vont avoir lieu dans l’année à venir.
Comme l’année dernière, la brochure possède à l’intérieur des QR codes qui permettent de voir certaines vidéos de spectacles, de visiter la salle de l’Opéra Garnier, de l’Opéra Bastille. Là on est typiquement sur un élément qui est l’avenir du livre imprimé. Il permet d’avoir un support physique en mains, avec tout ce que ça représente en termes de toucher et de sensualité, mais aussi pour aller plus loin dans l’interactivité. Sur un spectacle, par exemple, de voir une vidéo ou des photos de la représentation, ou la biographie de Roberto Alagna, ou plein d’autres choses. Ça peut être salvateur pour le support imprimé, car il peut être le point de départ. À un moment, il faut qu’on ait un outil dans les mains pour flasher quelque chose. Pour des livres d’expositions, des programmes de spectacle, ça a du sens.
Propos recueillis par Vincent Laganier le 16 novembre 2021 à Montreuil.
A suivre…
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Lieu
- STIPA
- Montreuil, France
Livres
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