Technilum, fabricant de mobilier urbain d’éclairage
Quel est ton parcours de formation jusqu’à Technilum ?
Agnès Jullian : j’ai une formation généraliste, pas technique : une école de commerce, l’ECCIP Paris, puis une formation en expertise comptable. Mais ma formation principale a été au sein de l’entreprise où j’ai dû assumer très jeune des responsabilités importantes suite au décès soudain de mon père. Certes je connaissais déjà bien l’environnement de l’entreprise, ses forces et ses faiblesses, mais ce n’était pas une voie tracée. Je me voyais davantage acquérir de l’expérience ailleurs, et y compris à l’étranger. Quoi qu’il en soit c’est désormais une histoire ancienne puisque j’ai repris l’entreprise en 1994…
Quels sont les premiers luminaires conçus au départ ?
Agnès Jullian : en 1971, à la naissance de Technilum, la Compagnie industrielle d’équipement (CIE) a été le 1er fabricant spécialiste de l’aluminium. La création des stations du littoral dans le cadre de la Mission Racine étaient des marchés très porteurs. Conçues par des architectes / urbanistes, certaines de ces stations sont désormais classées Patrimoine de l’Architecture du XXème siècle. Nos mâts aluminium sont souvent encore en place, même si fort heureusement les boules des années 70 sont désormais en grande partie rénovées.
Quels sont tes meilleurs souvenirs de cette aventure Technilum ?
Agnès Jullian : des souvenirs, nous en avons beaucoup, avec des gens qui nous ont fait confiance sur des projets emblématiques. Toutes les créations de produits sont de belles aventures, dans la co-conception / création avec des architectes, des paysagistes et des concepteurs lumière.
Ce qui est valorisant, c’est lorsque l’on imagine de nouveaux concepts. Les exemples sont nombreux, évidemment, qu’il s’agisse de technique ou d’esthétique. Dans les plus récents, les Flambeaux de Calais ou les lampadaires Céramique de Menton, mais le plus disruptif en son temps était certainement le Mikado de Bordeaux.
Quel mobilier lumière différent a été créé à Bordeaux ?
Agnès Jullian : il faut se rappeler de ce qu’était la place Pey-Berland avant le projet de de l’architecte espagnol Francisco Mangado, associé à KingKong et Yon Anton Olano : c’était un immense parking, assez anarchique au demeurant, et surtout particulièrement “classique”. Le projet, concomitant à l’arrivée de la 1ère ligne de Tramway a initié la métamorphose de Bordeaux. Les lampadaires, épurés, plus proches de sculptures que du traditionnel lampadaire, disposés en bouquets, ont participé grandement au succès intemporel du projet.
Depuis 2003, cette forme, descriptible par un mouvement de la main, est devenue iconique. De Technilum, évidemment – même si les lampadaires de ce type sont désormais dans les catalogues de tous les fabricants…
Quelle impression gardes-tu du front de mer de Calais ?
Agnès Jullian : c’est une belle collaboration avec le concepteur lumière Vincent Thiesson, de l’agence ON. Quand tu arrives sur le front de mer à Calais et que tu n’y es jamais allé, tu te dis waouh ! C’est bluffant !
C’est un projet de design global et d’attractivité qui change la vie des habitants du site, et qui modifie en profondeur la perception qu’en ont les visiteurs. Les mobiliers, l’aménagement de l’espace et les usages suggérés sont subtils. Les lampadaires Flambeaux participent à la réussite du projet.
Quel souvenir gardes-tu du mémorial des Twin Towers à New York ?
Agnès Jullian : c’est un lieu fort en émotion. Le Liberty Park est au pied de la nouvelle Liberty Tower – c’est un parc de grande qualité en termes d’aménagement public, calme et apaisant, surélevé mais encerclé de tours vertigineuses.
Tout est saisissant dans le secteur… et se dire que les mâts viennent de Beziers, oui, c’est émouvant ! Comme être retenus par les paysagistes d’Aecom et les concepteurs lumière de FMS – Fisher Marantz Stone.
Quelle est la mission de Technilum aujourd’hui ?
Agnès Jullian : Technilum se définit comme un partenaire de valorisation urbaine. Nos valeurs sont la création, l’innovation et le design. Technique et lumière, Techni – Lum, d’où le nom de l’entreprise.
Aujourd’hui, nous mettons également plus en avant notre dimension RSE, caractère intrinsèque de l’entreprise depuis ses débuts – nous sommes un des acteurs de la ville durable et désirable. C’est important d’être un partenaire engagé, comme d’avoir des approvisionnements et une fabrication Française.
Nous nous sommes toujours concentrés sur des projets de qualité. Si l’on me demandait de faire une couleur de mât que je trouve horrible, je serais capable de dire non. C’est un peu l’ADN de l’entreprise.
Quelle est la satisfaction des femmes et des hommes qui réalisent ces mobiliers urbains ?
Agnès Jullian : quand on réalise des produits hors normes, la satisfaction des équipes c’est de voir les produits finis, avant qu’on ne les emballe et qu’on ne les charge.
Ensuite, ce qui est très valorisant aussi, c’est de revoir les produits livrés sur site au gré des déplacements ou des vacances de chacun(e).
Quelques chiffres concernant Technilum ?
Agnès Jullian : avant le covid, le chiffre d’affaires était de près de 12 M€ (2019), même si l’activité a pas mal baissé depuis la pandémie. Nous sommes 50 personnes. Nous espérons retrouver une activité en croissance cette année et repartir sur une phase de progrès.
Je crois que je connais 90 % des projets qui ont été réalisés par l’entreprise et je sais à peu près dire toutes les commandes qui sont en production. C’est capital de se différentier avec des produits entièrement personnalisés ou personnalisables.
Propos recueillis à Sérignan par Vincent Laganier le 10 septembre 2022.
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