Thierry Marsick : de la mobilité à l’éclairage urbain
Quel est ton parcours professionnel ?
Thierry Marsick : après une formation d’ingénieur à l’INSA de Lyon en génie civil et urbanisme, j’ai commencé ma carrière à la direction de la jeunesse et des sports de la ville de Paris. Le seul lien éventuel que j’ai eu alors avec la lumière, c’est lors des travaux de rénovation du parc des Princes et de son éclairage pour la Coupe du Monde 1998.
Après cette période de cinq ans, je suis parti dans le monde de la mobilité sur Paris où j’ai travaillé sur les projets d’aménagement de lignes de transports en commun. Ensuite, toujours dans ce monde des déplacements, j’ai continué comme responsable de la voirie à Grenoble. J’étais à la fois dans le monde de la mobilité et des espaces publics.
Quelle personne t’a beaucoup marqué à cette époque ?
Thierry Marsick : Alain Marguerit. Il était le paysagiste conseil de la ville de Grenoble. Il m’a vraiment ouvert à la dimension sensible de l’espace public. Nous n’étions pas nécessairement d’accord l’un et l’autre. Mais, il m’a vraiment ouvert les yeux sur l’espace public et sur la dimension du paysage urbain au-delà de son pur aspect fonctionnel.
Comment es-tu venu à travailler dans l’éclairage public ?
Thierry Marsick : c’est le hasard des choses. Je suis arrivé à Lyon où j’ai fait un court passage par la direction des déplacements urbains. Je suis entré à la Direction de l’éclairage public à la suite du départ d’Antoine Bouchet.
La dimension nocturne de l’aménagement est très mal appréhendée d’une manière générale par l’ensemble des acteurs de la ville. Il y a véritablement ce malaise car les gens ne sont pas familiers de ce temps qui fait partie de la ville.
Thierry Marsick : en me penchant un peu sur l’histoire de la lumière à Lyon, je me suis rendu compte que ce n’était pas le cas à Lyon et qu’il y avait une dimension de politique urbaine. Elle était vraiment en lien avec ce qui m’a toujours animé ; mon souci d’apporter de la qualité dans l’espace urbain.
Quels sont tes premiers souvenirs de l’équipe quand tu es arrivé ?
Thierry Marsick : j’ai eu une chance inouïe, c’est de pouvoir compter sur une équipe solide et vraiment bien constituée. Elle est composée de gens qui ont une compétence énorme en matière d’éclairagisme, mais aussi des personnes qui sont complémentaires. Il y a à la fois de très bons techniciens et à la fois des gens qui ont une dimension sensible. C’est important.
Comment t’es-tu formé à l’éclairage extérieur en ville ?
Thierry Marsick : en fait, je ne pense que nous n’éduquons pas notre œil à la lumière, du jour au lendemain. Quand nous parlons d’éducation, c’est une véritable question. J’ai beaucoup appris en sortant la nuit, dans toutes ses dimensions. Qu’est-ce que la ville, la nuit ? C’est de la technique de gestion des déplacements en ville mais aussi la lumière interagit avec les usagers et les habitants. Avec mes équipes et des concepteurs lumière, j’ai beaucoup appris au travers des différents projets.
Thierry Marsick : il y a peut-être un certain nombre de personnes qui m’ont regardé bizarrement quand je suis arrivé, car je n’avais pas cette culture-là. La première étape était d’assurer une continuité dans l’activité. Il faut d’abord apprendre et ensuite comprendre où étaient les enjeux. À partir de là, il y a peut-être des choses que nous pourrions faire évoluer et changer. Enfin, reprendre une certaine forme d’audace qui était aussi un des moteurs de la politique lumière de Lyon.
Que retenir des ambiances du plan lumière de Lyon ?
Thierry Marsick : le paysage nocturne du plan lumière de Lyon. Ce qui fait la force de la politique lumière qui a été menée ici, c’est de se détacher de l’objet et du bâtiment, de se concentrer sur les ambiances, sur un lieu que nous cherchons à créer. Chaque réalisation lumière de Lyon s’inscrit dans le paysage nocturne de la ville.
Il y a des ambiances nocturnes de Lyon que j’apprécie particulièrement, comme le long des rives de Saône, c’est un endroit qui est une des plus belles illustrations de cette réussite, racontant l’histoire du plan lumière de ses débuts à aujourd’hui.
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Thierry Marsick : mais j’aime aussi d’autres secteurs moins connus, comme la Duchère. Quand je fais visiter le plan lumière de Lyon, je commence très souvent par ce quartier et cela étonne toujours. Ce que nous avons fait avec des concepteurs lumière sur ce quartier hors du centre-ville.
Quels ont-été les étapes en 30 ans de plan lumière à Lyon ?
Thierry Marsick : en 1989, Lyon s’est transformé avec un premier plan lumière qui a fait émerger le paysage nocturne. Puis, un deuxième plan lumière en 2004 a conforté ce paysage nocturne et essayé de renforcer les liens entre les usages et la lumière, affirmant aussi la nécessité de prendre en considération la dimension environnementale et créative des projets.
Thierry Marsick : je pense nous allons passer dans une troisième étape qui vise à travailler la relation de la lumière publique et lumière privée. Peut-être l’objet d’un troisième plan lumière ?
Propos recueillis par Vincent Laganier le 15 avril 2019 à Lyon.
À suivre…
« Eclairage public et lumière privée forment l’éclairage urbain » Thierry Marsick
Photo en tête de l’article : pont Alphonse Juin et basilique de Fourvière, Lyon, France © Vincent Laganier