William Lautié, couleur et lumière chez un imprimeur à Paris
Quelle est la relation entre couleur et lumière chez un imprimeur ?
William Lautié : le principe même de notre métier est basé sur la couleur. La couleur n’existe qu’au travers de la lumière. Nous connaissons ça notamment dans la grande distribution. Ils ont différents éclairages en fonction de la viande ou des légumes. C’est pour les rendre plus jolis.
Dans l’imprimerie, il faut qu’on ait un éclairage standardisé pour pouvoir toujours regarder la couleur de manière impartiale. De fait, ne pas avoir une lumière trop rouge, trop verte ou trop bleue, car la lumière, c’est de la synthèse additive RVB.
Comment utilisez-vous la synthèse soustractive ?
William Lautié : sur la presse qui imprime, nous sommes en synthèse soustractive : cyan, magenta, jaune.
Lors de l’impression, nous « trichons », plutôt que le mixage CMJ pour imprimer, nous rajoutons le noir (quadrichromie). Il nous permet d’imprimer directement le texte et d’éviter les problèmes de lecture que ça peut générer en mixant trois couleurs.
Comment intervient la lumière pour l’épreuve couleur ?
William Lautié : cet éclairage standardisé, nous en avons besoin au moment des épreuves normalisées avant l’impression. C’est la première étape, où la lumière est importante, au moment de la création du document. On parle de photogravure, le travail sur l’image par elle-même.
Les épreuves sont imprimées sur des machines normalisées ayant un spectrophotomètre. En sortie, il vérifie les fameuses petites bandes de 144 couleurs normalisées, voire plus. Alors, il nous dit si notre épreuve est valide ou non selon la norme internationale ISO 12647-2.
L’éclairage intervient ici pour une vérification visuelle et savoir si on est conforme ou non à la norme colorimétrique.
Qu’est-ce que le procédé offset chez un imprimeur ?
William Lautié : l’offset est un procédé d’impression apparu à la fin du 19ème siècle et démocratisé dans les années 1950. C’est une réaction entre l’eau et l’encre, un principe chimique/physique plutôt simple, qui n’est autre que la répulsion entre l’eau et un corps gras ce qui permet de séparer les blancs et les noirs.
En bref, la machine se compose de rouleaux d’eau, de rouleaux d’encre, d’un encrier, une plaque d’alu qui reçoit tout ça et d’un blanchet qui vient récupérer l’encre sur la plaque et le transfert par pression sur le papier. C’est devenu le procédé le plus utilisé dans le monde pour imprimer les journaux, les magazines, les livres…
Pourquoi la lumière du jour est importante sur une presse offset ?
William Lautié : sur nos presses offset, nous avons des pupitres avec un panneau lumineux normé selon une lumière du jour D50 à 5000 K. Pour tous les imprimeurs, nous devons avoir ce même éclairage. Il permet à la fois au conducteur de machine, au chef d’atelier et au client de regarder l’impression sous un même éclairage.
C’est pour cela qu’on a l’habitude de parler de métamérisme entre nous, car un même document, sous un éclairage différent n’a pas la même couleur. Donc, l’éclairage standardisé permet de mettre tout le monde d’accord.
Quelle anecdote avez-vous au sujet de l’éclairage dans l’imprimerie STIPA ?
William Lautié : l’éclairage peut nous poser parfois quelques soucis, car nous imprimons toujours sous cette lumière standardisée. Par exemple, quand on envoie un document à un client et qu’il le regarde à son bureau, sous un éclairage plus ou moins correct, ça peut être surprenant de temps en temps. J’ai en mémoire un violet profond qu’on avait fait sur presse. Le client en recevant le document n’était pas du tout d’accord avec le rendu de couleurs, car il regardait ça sous un éclairage de bureau basique. Heureusement, c’est rare, mais sur certaines couleurs…
Propos recueillis par Vincent Laganier le 16 novembre 2021 à Montreuil.
A suivre…
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Lieu
- STIPA
- Montreuil, France
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