Yannick Duc : pupitreur lumière de la télévision française
Yannick Duc est pupitreur depuis plus de 15 ans pour les plus grands directeurs artistiques et de la photographie de la télévision française. Parmi les nombreuses émissions télévisées auxquelles il a participé, notons les suivantes :
Quelle est ta formation initiale ?
Yannick Duc : à l’âge de 18 ans, j’ai commencé au magasin Stock Lumière, puis j’ai travaillé plusieurs années au service après-vente de la société Euromédia.
Quelles motivations t’ont amené à faire ce métier de pupitreur ?
Yannick Duc : lorsque j’étais chez Euromédia, j’ai découvert la console pour projecteurs motorisés, la GrandMA, elle était vraiment impressionnante et j’ai eu le déclic.
Je la sortais le soir. J’y passais des nuits entières, après mon travail au magasin. Durant quelques mois, j’ai cherché à comprendre la programmation de cette machine. Je sortais des automatiques et je commençais à essayer de faire des choses.
Comment as-tu débuté comme pupitreur lumière ?
En parallèle, J.D. Jund, pupitreur GrandMA dans les années 2000, m’apprenait les bases de cette console. À l’époque, on jouait en binôme pour le programme du Hit Machine. Cette émission musicale imposait plusieurs journées d’encodage.
Mon premier plan seul au pupitreur était pour le directeur photo Jean-Michel Racaud. À ce moment-là, j’avais déjà une bonne expérience en tant que poursuiteur et bloqueur [électricien qui gère la distribution électrique d’une grande scène]. Ces différents emplois m’ont permis de faire mon apprentissage en lumière et d’être serein à mon poste de pupitreur.
Lorsque j’ai commencé à maîtriser la console, j’ai pu mieux comprendre et apprécier le travail proprement dit de la lumière.
Quelles sont les évolutions de ton travail de pupitreur ?
Yannick Duc : le métier de pupitreur était assez simple à mes débuts. Je travaillais principalement en DMX. Il s’agissait de paramètres simples à contrôler comme des Pan/Tilt et Dimmers…
En l’espace de 15 à 20 ans, l’évolution technologique a été impressionnante. Nous communiquons aujourd’hui via le réseau Art-Net. On entre dans des logiciels de vidéo. On jumelle beaucoup de choses au pupitre.
À mes débuts, j’avais comme perspective d’apprendre le maximum sur ces produits dérivés de la console afin de pouvoir réaliser ce que je voulais. En 15 ans, j’ai approché de nombreux logiciels annexes, par exemple MadMapper qui me permet de prendre la main sur la vidéo. Aujourd’hui, je dois pouvoir aussi mélanger différentes sources, travailler en aléatoire et piloter toujours avec ma console des serveurs vidéo de type Arkaos ou Madrix.
L’ensemble de ces connaissances annexes au pupitre me permet d’être aujourd’hui très flexible. Et de pouvoir répondre efficacement aux demandes des directeurs artistiques et/ou directeurs photo. En général, ils sont très précis techniquement.
Aujourd’hui, je me perfectionne sur le tracking vidéo et le tracking lumière. Ces techniques demandent une grande rigueur dans la fabrication de l’espace scénique 3D. En retour, elles facilitent l’utilisation des projecteurs asservis et des murs vidéo.
Quelles sont les qualités requises pour être pupitreur à la télévision ?
Yannick Duc : la qualité principale d’un pupitreur est d’avoir une attitude calme. Gérer son stress permet de bien faire les choses. C’est aussi trouver des solutions et évidemment de connaître sa machine.
Avoir une bonne logique avec la console va te permettre de déstresser, d’être plus confiant et rapide sur les demandes d’encodages immédiates du directeur photo. Du coup, tu gardes ta logique d’encodage et tu restes efficace.
Quels seraient tes conseils pour un jeune qui souhaiterait s’orienter ou s’améliorer sur la console lumière ?
Yannick Duc : mon conseil est de suivre une formation et de toujours continuer à se perfectionner sur sa console.
Les jeunes, dans le métier, sont déjà très avancés dans l’utilisation du pupitre.
Venant du S.A.V., je ne pourrais que leur conseiller de faire un peu d’atelier afin de comprendre les pannes liées aux machines. Et aussi d’aller chez des prestataires pour connaître et découvrir les nouveaux projecteurs.
Quelle place prend aujourd’hui la simulation 3D dans le métier de pupitreur ?
Yannick Duc : c’est indispensable. En tant que pupitreur, tu dois savoir utiliser un logiciel de simulation 3D.
Depuis déjà plusieurs années les productions demandent l’utilisation de ces logiciels 3D. Faire la programmation en amont permet du temps sur le terrain.
Propos recueillis par Alexandre Junca, le 28 février 2022.
À suivre…
Le concours de pupitreurs lumière CQLP, c’est qui le patron !
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Photo en tête de l’article : pupitres lumière et Yannick Duc, vue de la régie © DR