Une lumière au coeur de la nuit : le lustre, de l’intime à la scène, Georges Banu
Si le lustre est d’abord l’emblème de la fête nocturne et des espaces de pouvoir (la galerie des glaces à Versailles, le Kremlin à Moscou) d’après Georges Banu, il a pris dans nos vies une place dont nous ne sommes pas toujours conscients. De Venise à Saint-Pétersbourg, il a enchanté les heures et les lieux dans la transparence de ses cristaux qui rendent la lumière légère et musicale. Mais il ne faut pas oublier pour autant les émerveillements de notre enfance sous la lumière d’un lustre plus modeste et douce qui toujours nous protège des ténèbres et fait reculer la nuit. Ce livre en fait l’état.
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Le lustre, de l’intime à la scène de théâtre
Georges Banu nous raconte ainsi l’histoire de la lumière au théâtre, d’abord tremblante puis affirmée en source de joie collective, et ses métamorphoses sur les scènes modernes, jusqu’à une forme de résistance subtile à la misère du monde. Tout ce qui brille n’est pas vain, c’est aussi la force et l’obstination du merveilleux qui nous permet de supporter le quotidien.
Citation
« Le découpage en actes des textes de théâtre provient de ce temps de consommation de bougie, nous l’avons dit. Mais le lustre scande lui aussi la représentation, qui ne peut plus s’enchaîner librement dans le théâtre en plein air. Toute représentation intérieure doit être sectionnée, fragmentée et perd la fluidité shakespearienne. D’où la durée similaire des actes chez Racine et Molière. L’écriture même se trouve soumise à la loi de la lumière ».
Georges Banu, Une lumière au cœur de la nuit, février 2020, éditions Arléa, p. 55
Auteur
Georges Banu est critique et homme de théâtre français d’origine roumaine. Il est l’auteur d’un nombre important d’ouvrages consacrés aux grandes figures de la scène contemporaine ainsi qu’aux rapports du théâtre et de la peinture :
- Peter Brook : de Timon d’Athènes à Hamlet, Flammarion, 1991
- Yannis Kokkos : le scénographe et le héron, Actes Sud, 2004
- Krzysztof Warlikowski : Théâtre écorché, 2007
- Patrice Chéreau : J’y arriverai un jour, 2009
- Luc Bondy : La fête de l’instant, 2012
Il a publié l’anthologie commentée de Shakespeare, Le monde est une scène (2009), où il réunit les métaphores et saisit les rapprochements du théâtre et de la vie disséminés, d’Hamlet à La Tempête.
- Dans Les voyages du comédien (2012) il explore avec attention le jeu des acteurs sur la scène moderne.
- Dans Amour et désamour du théâtre (2013) il interroge l’écartèlement propre à cet art et toute son ambiguïté.
- Il a signé l’essai La porte, au cœur de l’intime (2015) et, récemment, une étude de synthèse Le Théâtre de Tchekhov (2016).
En 2014, il a reçu le Grand Prix de la francophonie de l’Académie Française.
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