7 intensités lumineuses sur scène de Deborah Colker
Le ballet Cão sem plumas de Deborah Colker présenté à la Maison de la Danse de Lyon en janvier dernier joue sur 7 nuances de gris sur scène et 7 intensités lumineuses variées. Le spectacle, inspiré d’un poème de 1950, décrit la pauvreté de la population qui vit sur les rives du fleuve Capibaribe, traversant l’état de Pernambouc au Brésil, et la mangrove.
L’image du « chien sans plume » décrit les habitants. La chorégraphe le traduit dans les costumes de Claudia Kopke. Les danseurs sont simplement vêtus de collants beiges tatoués et d’un filet annulant la présence de cheveux, comme si ils étaient nus et ignorants.
Par ce ballet, la chorégraphe veut dénoncer la destruction de la nature, des enfants et de ce qui est plein de vie.
1 – l’image projetée en noir et blanc
Au fond de scène, un grand écran 16/9 emplit la cage scénique. Sa présence s’impose dès les premières minutes du spectacle. Réalisé par Claudio Assis et Deborah Colker, le parti pris du directeur de la photographie, Pedro Sotero, est le noir et blanc.
La température de couleur de l’image projetée est un blanc très froid combiné à de très fortes intensités lumineuses en fond de scène.
2 – le solo dans une douche blanc froid
La scène suivante impose un danseur en solo. Placé au centre de la scène, il jette de la poussière de talc blanc. Elle crée un trouble visuel dans l’air que met en exergue une lumière en douche blanc froid avec une intensité lumineuse très intense.
Cette lumière crue est accentuée par les mouvements qui se déroulent au son de percussions.
3 – le ballet de crabes comme à la bougie
Au raz-du-sol, les danseurs imitent les mouvements des crabes qui vivent très nombreux dans la mangrove. La lumière en contre-jour distingue seulement les formes animales en mouvements. Les intensités lumineuses sont très faibles.
La lumière blanc chaud, comme à la bougie, accentue cette impression scénique voulue par la chorégraphe.
4 – le contraste lumière-ombre, film et corps
Le film projeté en vidéo est très lumineux, peut-être trop aux dépens de la danse. L’image en constant mouvement joue du contraste lumière-ombre très franc avec les danseurs.
Il n’y a presque jamais de nuances de gris dans le film. Le rendu cinématographique est très saturé. Comme souvent pendant ce spectacle, les intensités lumineuses sont accentuées par une lumière en contre-jour sur les corps. Les visages restent dans l’ombre. Seule les silhouettes se distinguent devant l’écran.
5 – le chœur du blanc chaud au blanc froid
Lorsque les danseurs se regroupent pour former un chœur, tel un animal, la lumière se focalise en contre-jour ponctuel sur l’ensemble. Elle passe invariablement du blanc chaud au blanc froid.
Avec les mouvements coordonnés des danseurs, l’image scénique est accentuée par de forts niveaux d’intensité lumineuse.
6 – le champ de canne à sucre multi-trames
Pendant la scène du champ de canne à sucre, des rideaux de bandes blanches sont tirés sur la scène en deux plans. La projection vidéo de champs et de machines agricoles blanc froid continue.
Elles créent un jeu de trames et d’intensités lumineuses en constante évolution en fonction du mouvement des danseurs avec ces rouleaux de lianes.
7 – les caisses en bois ajourées dramaturgiques
Investissant le dessus des caisses en bois ajourées placées en fond de scène, les 14 danseurs de Deborah Colker entrent et sortent des caisses par groupes de deux ou trois, tel un accouchement.
La lumière blanc chaud est alors réalisée avec deux découpes placées en latéraux haut.
Tel un chenillard, elles s’allument et s’éteignent au rythme de la musique. Les intensités lumineuses sont ici plus douces et maîtrisées.
Approfondir le sujet
Interview de Deborah Colker en portugais
Équipe artistique
Lieu
- Maison de la danse
- Lyon, France