887 de Robert Lepage : scène, décor et maquette
La mémoire. Entre théâtre et conférence. C’est le thème du spectacle. Robert Lepage, nous plonge dans ses souvenirs d’enfance. La pièce est écrite par le metteur en scène et comédien. A travers la difficulté à se souvenir d’un texte de poésie de Michèle Lalonde, « Speak White », elle nous fait pénétrer dans le Québec des années 60, au 887 avenue Murray.
Scène et scénographie
La scénographie conçue par Robert Lepage, en collaboration avec Sylvain Décarie, est bluffante. Durant la représentation, on passe par toutes les échelles : figurine, humaine, architecturale et urbaine. Le jeu du comédien accentue parfois l’impression de grandeur ou la mise en abime des dimensions, les unes à l’intérieur des autres, comme les cavités de la mémoire en fait.
Les premières scènes du spectacle découvrent une façade d’appartements vue de face. Il s’agit d’une maquette de 1,5 m de large par 2,10 m de haut environ qui trône sur la scène. Muni d’un rez-de-chaussée et de trois étages, chaque intérieur est constitué d’un écran plan. Il diffuse les scènes de vie des habitants de l’immeuble au fur et à mesure de la représentation. Cet effet très réussi me rappelle les installations en glace sans tain de l’artiste Pierrick Sorin, vidéaste nantais, et ses théâtres optiques.
Le créateur des images, Félix Fradet-Faguy, a poussé l’illusion plus loin : quand le décor de la façade tourne, l’image sur les petits écrans tourne aussi, comme si l’on voyait la vraie pièce d’une maquette tournée devant nous.
A cette scène s’ajoute une lumière latérale blanc changeant selon le moment de la journée. Comme le soleil, il crée des ombres nettes et dures sur la maquette. La teinte bleue diffuse envahit la fin de cette scène pour signifier la nuit.
Le décor de la maquette est placé sur une tournette. En fonction des scènes du spectacle, il tourne et présente la façade à 60° pour créer de la profondeur.
Le moment le plus surprenant du spectacle est quand cette maquette révèle, en tournant, la cuisine d’un studio à l’échelle humaine, constituée d’une table en îlot central, d’un fond avec un frigidaire en inox et de placards filants opalins.
Le créateur lumière, Laurent Routhier, a ajouté une lumière diffuse bleu-violet à l’intérieur de ces placards. Un éclairage de face est aussi découpé pour ne cadrer que le décor. Des éclairages décoratifs sont suspendus au plafond ou encastrés dans les placards, comme une cuisine IKEA.
La scène du parc utilise une maquette d’une avenue sur roulette. En arrière plan, un écran type cybachrome affiche un lointain. Dès l’avancement de cette scène, Robert Lepage utilise la caméra de son smartphone. Cette captation live est projetée sur l’écran lumineux en arrière plan. L’effet dynamique du mouvement de la caméra donne une sensation d’animation de la scène filmée tandis que les personnages de la scène sont des figurines.
Une autre scène se passe dans une bibliothèque. Robert Lepage explique les relations à l’intérieur de la famille en enlevant des livres par étagères.
Soudain apparait une maquette de chaque pièce selon une coupe longitudinale de l’appartement.
https://x.com/abeaulieuauteur/status/641908331469250560
Créée en résidence de création au Lieu Unique – Scène nationale de Nantes – le spectacle 887 est à l’initiative du Programme artistique et culturel des Jeux Pan Am et Parapan AM de Toronto 2015.
Prochaine représentation
Du 11 au 21 février 2016 Vancouver, Canada.
Interview de Robert Lepage sur 887 à Annecy
Reportage de la TV, 8 Mont-Blanc, 2015
Interview de Robert Lepage sur 887 à Montréal
Vidéo du Théâtre du Nouveau Monde de Robert Lepage, metteur en scène, en 2015
Style de création unique du dramaturge et metteur en scène Robert Lepage
Captation vidéo au The Banff Centre, en anglais, 2014.
Un Québecois à Nantes
Interview de Patrick Gyger, directeur du Lieu Unique, Télénantes, 2015
Michèle Lalonde, « Speak White », la nuit de la poésie
Le poème prétexte à la dramaturgie du spectacle 887 de Robert Lepage, français et anglais, 1970.
« Le poème de Michèle Lalonde a la forme d’une riposte dramatique directe au célèbre mot d’ordre Speak White, jadis en usage dans les plantations nord-américaines pour commander aux esclaves de s’exprimer en tout temps dans la langue de leurs maîtres blancs. Cette même expression en vint par la suite à s’adresser couramment aux Canadiens d’expression française comme façon de leur rappeler leur infériorité ou position subalterne » résume le site Web de la compagnie Ex Machina.
Maquette sur la scène et immeuble réel
Comparaison de deux échelles du 887 avenue Murray : le plateau de théâtre et la ville de Québec.
https://x.com/ArtBrandFusion/status/621716384054009856
https://x.com/LillyLyle/status/633597244483219456
Poursuivez votre visite en regardant le plan Google Maps ci-dessous. Passez en mode Google Street View en prenant le petit personnage jaune. Placer-le sur le plan et balader-vous dans l’avenue Murray, au 887. Bonne visite !
Lieu
- 887 avenue Murray
- Québec, Canada