Artistes contemporains de la lumière et Nicolas Schöffer
L’exposition Lumière, Espace, Temps, vaut vraiment le coup de faire une escapade à Avignon. Situé le long du Rhône et des remparts de la cité des Papes, le Grenier à sel est un lieu atypique. Depuis début octobre, il rend hommage à l’artiste visionnaire Nicolas Schöffer. Pour la circonstance, 14 œuvres d’artistes contemporains sont présentées. Un pur régal pour l’œil, l’âme et l’esprit si vous travaillez dans le secteur de l’architecture, du design ou de l’éclairage. Voici un résumé commenté des œuvres qui nous ont le plus marqués.
Varetras combinatoires, de Nicolas Schöffer
Dans la première salle de l’exposition, cinq boîtes lumineuses clignotantes de 22 x 12,5 x 12,5 cm sont présentées. Il s’agit d’un « instrument d’images » mis au point par Nicolas Schöffer de 1975 à 1988. Son nom, le Varetra. Les versions présentées sont de 2015, grâce au prêt de la galerie Denise René et de l’atelier Cruz Diez de Paris.
Avec des LED blanches, des plaquettes dessinées et des verres bleus et rouges, elles créent des combinaisons de formes variées. Comme un nouveau langage visuel cybernétique.
Prisme, d’Étienne Rey
Suspendu dans l’axe de l’entrée, Prisme d’Étienne Rey change de couleur selon le point de vue. Sa taille : 110 x 120 x 130 cm.
Trois plaques de plexiglas sont habillées de films dichroïques. Par réflexion, elles teintent l’espace de l’exposition. Elles renvoient aussi l’image des autres œuvres. Une mise en abyme infinie pour cette installation de 2019.
Ombres mouvantes N°1, d’Antoine Schmitt
Quatre œuvres d’Antoine Schmitt créées en 2018 sont présentées. Tout en contraste de noir et blanc, trois Ombres sont imprimées sur papier Baryta. La plus impressionnante est Ombres mouvantes N°1. Un écran LCD 16/9 de 107 x 63 cm est fixé au mur verticalement.
Inlassablement des images génératives se croisent grâce à un algorithme spécifique. Comme un projecteur à découpe asservi, elles projettent trois ombres lumineuses sur le noir de l’écran. Le dessin de chaque gobo représente des fenêtres carrées. Elles ont un simple meneau et une traverse en guise de structure.
Ainsi, les quatre carrés de lumière multipliés par trois créent un ballet de formes parallélépipédiques infinies. Tout en nuances de gris et blanc sur fond noir.
Lampe ciel 1.2, d’Adrien Lucca
Superbe dégradé de température de couleur de la lumière ! Lampe ciel 1.2 d’Adrien Lucca est comme au crépuscule du soir sur le mur de l’exposition. Quand nature et technique se rencontrent dans une œuvre d’art très numérique de 2020.
Une réglette de trois mètres est posée en applique au mur. Sa section en aluminium de 6 x 7,5 cm est légèrement surdimensionnée par rapport à un luminaire. Une vasque diffusante plane, en PMMA, ferme le boîtier optique.
À l’intérieur, elle comprend une rangée de LED. C’est sans doute du RGBW – rouge, vert, bleu et blanc – qui permet une palette de couleurs plus riche dans la lumière blanche. Afin d’obtenir la répartition de couleur désirée par l’artiste, le câblage et la carte électronique sont invisibles pour le visiteur. Seule la magie du spectre lumineux du corps noir opère.
Éclipse II, de Félicie d’Estienne d’Orves
Tel une éclipse de Soleil ou une éclipse de Lune, l’œuvre Eclipse II de Félicie d’Estienne d’Orves se présente comme un immense phénomène naturel. Sur la cimaise du Grenier à sel l’illusion est parfaite.
En s’approchant du mur, on s’aperçoit qu’il s’agit d’un grand disque de 120 cm de diamètre peint en noir. Il est fixé à quelques centimètres du mur. Face à lui, un projecteur de découpe contient une diapositive, celle d’une réelle éclipse.
Une œuvre qui permet d’expérimenter en direct comment la position de l’observateur, la source de lumière, du disque en aluminium créer l’ombre et la lumière. L’astrophysique en pratique. Merci à Beep Electronic Art Collection de Tarragone en Espagne pour le prêt de cette création manifeste.
Cette œuvre fait partie de la série Cosmos créée de 2012 à 2016 par l’artiste.
Circular Inception, d’Elias Crespin
Dans la deuxième salle de l’exposition, Circular Inception est une installation de 250 x 250 cm d’Elias Crespin créée en 2016.
Tout en lévitation dans l’air, elle évolue lentement dans l’espace-temps. Des anneaux de plexiglas rouges sont alignés de manière concentrique.
Suspendus à des fils en nylon invisibles, ils dansent en suivant des rythmes aléatoires et poétiques. Une programmation par ordinateur et des mécanismes motorisés génèrent ce théâtre d’objets célestes.
OrigamiSnubSquare, de Lab[au]
Telle une toile dynamique de 140 x 140 cm, OrigamiSnubSquare, 18 Rhombi x 18 Squares de Lab[au] est une création de 2018. Le groupe d’artistes Manuel Abendroth, Jérôme Decock, Els Vermang de Bruxelles en est l’auteur.
Un logiciel génératif fait pivoter à tour de rôle des triangles sur l’œuvre. Ils découvrent une couleur verte fluo tout en créant des ombres pendant leur mouvement. Une réinterprétation de spaciodynamique de l’art très chère à Nicolas Schöffer !
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Lieu
- Grenier à Sel
- Avignon, France