Réalisation

Au nouveau musée de Cluny, ACL révèle 2000 ans d’histoire

Après 20 mois de travaux, le musée national du Moyen Âge à Paris raconte des siècles d’histoire. Une nouvelle scénographie mise en lumière par l’agence ACL.
13 décembre 2022

Il est des lieux où les civilisations se succèdent pour former des espaces énigmatiques à déchiffrer. Le musée de Cluny en fait partie. Véritable palimpseste architectural, les détails du musée national du Moyen Âge nous racontent alors la vie de Paris.

Un condensé de récits

Tel un livre pop-up, des thermes antiques viennent sous un hôtel du XVe siècle. Une bâtisse bigarrée que le collectionneur Alexandre Du Sommerard louera plus tard, avant qu’un musée y voie le jour. Comme témoins, des milliers d’objets à la facture disparate qui s’accumulent. Ils attendaient donc avec impatience La Nuit des musées 2022 pour se présenter à un public des plus éclectiques.

Musée de Cluny, Paris, France – Vue du musée avec vitrine, relique et sculpture en bois – Architecte : Bernard Desmoulin – Concepteur lumière : ACL © Alexis Paoli OPPIC

Enluminer les lieux

Pour rendre accessible cette architecture millénaire et ordonner ses quinze siècles d’histoire de l’art, une sacrée équipe. Bernard Desmoulin s’unit à deux complices : le Studio Adrien Gardère et l’agence de concepteurs lumière ACL. C’est grâce à une collaboration de longue date que ceux-ci proposent une déambulation intuitive et saisissante. Tout ceci dans une architecture du « déjà-là » façonnée par un passé complexe.

Comment assurer une transition temporelle sans prendre le pas sur la richesse narrative de ces intérieurs ? Lumière sur les énigmes d’un musée hors du commun.

Musée de Cluny, Paris, France – Vue du musée avec vitrine, vitrail et relique en bois – Architecte : Bernard Desmoulin – Concepteur lumière : © Alexis Paoli OPPIC

Alchimie des sources et réemploi

Alexis Coussement, concepteur lumière de l’exposition, confie avoir pensé l’éclairage comme l’enchaînement d’un récit. Son intervention se veut donc être un petit monde lumineux en soi, qui crée des liens entre chaque espace. Pour ce faire, il manipule les sources, les transforme, les métamorphose.

Dans un souci d’économies, le réemploi est à l’honneur suite à un travail d’inventaire conséquent. La plupart des carcasses des luminaires sont alors réutilisées pour accueillir des modules LED. Le ferromagnétique et l’halogène tirent leur révérence pour des blancs électroluminescents. Au musée, même les sources témoignent d’une histoire dont on ne conserve que la substantifique moelle.

Musée de Cluny, Paris, France – Vue du musée avec vitrine, tapisserie, bois et peinture – Architecte : Bernard Desmoulin – Concepteur lumière : ACL © Alexis Paoli OPPIC

À l’ombre des vitraux

Quand on éclaire un musée en partie dédié à l’art gothique, comment ne pas composer avec la lumière naturelle ? Ce médium que les verriers tentent de dompter depuis des siècles se révèle être une menace pour les trésors médiévaux. Alors, depuis la peau du bâtiment jusqu’aux vêtures des fenêtres, on filtre.Au sud, des modules en fonte d’aluminium varient en fonction de la course du soleil et diffusent une lumière graphique. À cette protection s’ajoute le système empirique des lieux, composé de deux stores.

  • Le premier, noir et perforé, est toujours baissé.
  • Le deuxième, beige à la maille serrée, conserve les 50 lux. Il se relève manuellement.

Au nord, des films gris sur plexiglas protègent les œuvres des UV en préservant les vues. Enfin, une température de couleur de 3 000 K vient réchauffer la lumière naturelle grisée par ce tamisage.

Musée de Cluny, Paris, France – Vue du musée avec piédestal, statue et plafond en bois – Architecte : Bernard Desmoulin – Concepteur lumière : ACL © Alexis Paoli OPPIC

Parcours flamboyant

Retables, reliquaires ou tapisseries d’une certaine Dame à la licorne sont mis en valeur par le Viroc. Ce matériau composite d’un gris ardoise profond dialogue avec des blancs oscillant entre 3 000 K et 3 200 K. Des sources microscopiques se dissimulent alors pour révéler la sensibilité qui émane de chaque œuvre.

Capter cette vibration et la restituer fait partie du fin travail d’ACL au moment des réglages. Ces magiciens de la pénombre composent donc comme sur une partition avec lux et kelvins pour provoquer l’émotion du sacré. Malgré ses habitudes, l’équipe reste à l’affût du fortuit pour que le mystère du lieu reste en suspens pour encore quelque temps.

Musée de Cluny, Paris, France – Vue du musée avec relique en croix d’or et de perle – Architecte : Bernard Desmoulin – Concepteur lumière : ACL © Alexis Coussement

Approfondir le sujet

Équipe du projet

Maîtrise d'ouvrage Ministère de la Culture
Maître d'ouvrage délégué OPPIC
Aménageur Bonnardel
AMO qualité environnementale bâtiment AI Environnement
Maître d'œuvre éclairage ACL
Concepteur lumière Alexis Coussement
Installateur CFO-CFA ERI Ithaque
Architecte Bernard Desmoulin

ZOOM -

Lieu

  • Musée de Cluny - Musée national du Moyen Âge
  • Paris, France

Livres

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Deux livres phares autour du musée et de l’éclairage muséographique : Museum environment, de Garry Thompson à La muséologie, selon Georges Henri Rivière.

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Chargé de projet au sein de l'agence Concepto avec un master de l’École d’architecture de la ville et des territoires Paris-Est et un BTS Design d’Espace de l’ESAA Duperré, où il anime des ateliers. Stagiaire au sein des agences 8'18", Concepto, TVK et ON, il a contribué à l’ouvrage de l’ACE aux Éditions du Moniteur, "Places du Grand Paris" pour la SGP, et traduit un texte de Gerhard Auer intitulé "Vivre la sobriété en éclairage" avant de participer à l'édition de "Éclairage et lumière du IIIe millénaire, 2000-2050" chez Light ZOOM Lumière où il occupe un rôle de rédacteur.
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