Bourdonner en Bourbonnais, drones lumineux et pyrotechnie
Entre drones lumineux et pyrotechnie, Bourdonner en Bourbonnais avait lieu l’été dernier sur 11 sites du département de l’Allier. Sur appel d’offre, Magic Drone et Aquarêve ont cette fois été choisis. Reportage sur le spectacle de Pierrefitte-sur-Loire sur le lac Le Vernay. C’était le samedi 5 aout 2023. Interview croisée avec :
- Sixtine Marlois, show designer, directrice artistique et télépilote, Magic Drone,
- Jean-Christophe Lauradoux, maitre artificier, Aquarêve.
Comment est né Bourdonner en Bourbonnais ?
Sixtine Marlois : Le département de l’Allier a décidé de renouveler son festival Bourdonner en Bourbonnais après le succès de l’édition précédente. Il permet ainsi aux habitants ruraux de profiter d’un merveilleux spectacle en France.
Quel est le nombre de drones ?
Sixtine Marlois : Suite à un nouvel appel d’offres que Magic Drone a remporté, l’événement est encore plus grand. Nous avons proposé plus du doublement des drones par rapport à la première édition, passant de 200 à 500.
Ce sera peut-être 1000 drones un jour ?
Sixtine Marlois : Oui, on est amené à évoluer. On a fait un spectacle avec 800 modules. Et puis quand on voit ce qui se passe à l’étranger en Chine, à Dubaï et même les Américains, ils sont quand très même forts. On veut forcément essayer de les rattraper maintenant. [ndrl : Magic Drone a fait un show de 1000 drones mi-décembre 2023 à Saint-Cloud.]
Comment avez-vous intégré la pyrotechnie aux drones ?
Sixtine Marlois : Le département de l’Allier nous a mis au défi d’ajouter de la pyrotechnie aux drones.
Jean-Christophe Lauradoux : Grâce à l’initiative de la société Magic Drone, c’est le premier spectacle de drones équipés de pyrotechnie en France. Suite à l’obtention d’une homologation un mois avant le lancement, ils ont innové en intégrant la pyrotechnie au vol de drones, une première dans notre pays.
Sixtine Marlois : On est assez fier d’être les premiers à avoir eu l’autorisation en France. Un système pyrotechnique est accroché au drone. Le déclenchement des feux d’artifice sur les drones s’effectue via le logiciel 3D qui orchestre le spectacle.
A quel moment a lieu l’effet pyrotechnique sur les drones ?
Sixtine Marlois : Les effets sont programmés pour se produire à des moments précis, comme ici dans les ailes de l’oiseau, selon la séquence prévue. Ça crée des germes dorés dans le ciel.
C’est nous qui avons choisi quel artifice installé, quel style d’effet lumineux et pour l’appui en technique. Puis, on a fait valider le système par l’aviation civile pour l’autorisation de vol dans le spectacle. C’est une soixantaine de drones pyrotechnique au total qui décolle au même moment.
Comment avez-vous travaillé avec Aquarêve ?
Sixtine Marlois : Les retours de l’année dernière étaient positifs, et l’effet spectaculaire des feux d’artifice est irremplaçable. Peut être parce que ça claque, c’est beau et c’est magique. Il est donc judicieux de proposer à la fois le drone lumineux et le feu d’artifice. Nous avons consulté Aquarêve avant de soumettre notre proposition pour l’appel d’offres et convenu que combiner les deux étaient préférable.
Comment avez-vous collaboré avec Magic Drone ?
Jean-Christophe Lauradoux : Nous avons discuté avec Magic Drone et ils nous ont fourni un cahier des charges initial. Aquarêve, dirigé par Matthieu Infanti, a alors collaboré pour la partie son et pyrotechnie du spectacle Bourdonner en Bourbonnais.
Comment jouent les drones lumineux et feux d’artifice ?
Sixtine Marlois : J’ai coordonné le spectacle pour harmoniser drones et feux d’artifice, en évitant leur superposition pour ne nuire à aucun des deux. Le programme débute par un feu d’artifice sur l’eau, suivi d’un segment aérien. Puis, les drones prennent le relais, avec un interlude pyrotechnique sur l’eau, et le final est dédié aux feux d’artifice. Ainsi, chaque élément est mis en valeur séparément, permettant une meilleure appréciation.
Jean-Christophe Lauradoux : La première partie pyrotechnique précède le déploiement des drones, qui formeront une image tridimensionnelle de 150 m par 75 m dans le ciel. Après cette mise en scène, les drones réalisent leur performance artistique. La clôture du spectacle sera marquée par une seconde séquence pyrotechnique, célébrée par un bouquet final. La durée totale de la pyrotechnie sera d’environ 7 à 8 minutes sur un spectacle global d’environ 19 minutes.
Comment Magic Drone est organisé pour cet appel d’offre ?
Sixtine Marlois : Mon frère gère plutôt de la partie commerciale avec notre chargée de projet Alizée Rissel Chappuis et moi la partie graphique et la programmation 3D. Pour répondre à cet appel d’offre, nous avons mis chaque idée de notre équipe.
Quel était le thème imposé du spectacle ?
Sixtine Marlois : Le spectacle est axé sur l’eau. Il met en scène des éléments fluviaux comme des bateaux sur la Loire et des cascades. Le département de l’Allier a inspiré la création et la conception. Il a également géré l’aspect visuel. Je l’ai ensuite converti en modèle 3D pour avoir une présentation unifiée. Des ajustements ont été effectués suite à leurs retours.
Comment se compose la bande son du show ?
Sixtine Marlois : La bande sonore est synchronisé avec les drones et les effets de couleur pour une harmonie parfaite. Avec une touche poétique ou un rythme soutenu en fonction des besoins, je m’assure que tout s’arrête et reprend au moment adéquat. La musique, libre de droits, a été soigneusement choisie pour s’adapter aux moments de feu d’artifice ou de drones lumineux. Elles offrent un mélange dynamique avec des passages plus lents.
Que dire des étapes de la création du drone show ?
Sixtine Marlois : Après avoir soumis notre proposition à l’appel d’offres, nous avons été sélectionnés par le Département de l’Allier. Suite à une rencontre avec l’équipe locale, nous avons validé les visuels et effectué des repérages sur quatre jours, explorant les 11 étendues d’eau. Objectif : définir les zones de décollage et d’atterrissage.
Nous avons ensuite conçu le spectacle en 3D. Puis, les répétitions ont eu lieu sur notre site d’entraînement, une ancienne base militaire à côté de Reims.
Comment se passe l’adaptation du spectacle selon les 11 lieux ?
Sixtine Marlois : Le spectacle est identique, mais la zone du public est toujours un endroit différent par rapport à la zone de décollage. Ici à Pierrefitte-sur-Loire sur le lac du Vernay, je vais être axé au Nord, parfois c’est au Sud. Donc, dans mon programme 3D, je reprends toute la partie du milieu du spectacle qui est identique. Mais le début et la fin est toujours à retravailler. Toutes les semaines, j’ai quand même du travail à faire selon le site.
Jean-Christophe Lauradoux : Au niveau pyrotechnique, c’est que selon les lieux, on monte en qualité, c’est-à-dire jusqu’à 150 millimètres de diamètre pour les bombes. Tout dépend des distances de sécurité par rapport au public. Certains effets spécifiques, comme la bombe saule pleureur ou le tronc de palmier, sont uniquement utilisables dans certaines zones en raison des contraintes sécuritaires.
Quelles sont les caractéristiques pyrotechniques du spectacle de ce soir ?
Jean-Christophe Lauradoux : Des barges positionnée sur l’eau, ce qui nous donne une large façade à exploiter pour la pyrotechnique.
Nous utilisons des artifices de différents calibres, variant de 75 à 150 millimètres, en tenant compte de la distance de sécurité par rapport aux habitations avoisinantes. Le spectacle inclut des chandelles romaines et des séquences de mono-coup, soit une multitude de produits pyrotechniques répartis sur le site.
Qu’en est-il du plan de décollage des drones ?
Sixtine Marlois : L’organisation des spectacles de drones varie en fonction du lieu et du public. À chaque fois, le cadre change, influençant la disposition au sol du plan de décollage. Il peut être en carré, en rectangle, ou le long d’une route comme à Moulins.
Les arbres peuvent être hauts ou bas, ce qui affecte également la représentation. Les drones décollent généralement par vagues de cinq, mais l’agencement spatial dépend toujours des circonstances spécifiques.
Quel est le temps de montage du spectacle ?
Sixtine Marlois : La journée. Pour les drones, on arrive le matin, on installe, on fait nos tests dans l’après-midi et puis voilà, on est prêt pour pour le soir. Mais oui, une petite journée plus. Le son aussi prend quand même un peu de temps.
Jean-Christophe Lauradoux : Arrivés à 9h30 le matin, nous avons d’abord installé les barges sur le lac. La circulation a été suspendu à 1h ce samedi. Nous avons commencé les travaux de pyrotechnie à 14h et continué jusqu’au crépuscule. Ensuite, l’équipe a procédé aux branchements et aux tests des lignes sous la supervision du chef de tir. Utilisant des connexions sans fil et des boîtiers à antennes, nous avons vérifié l’intégrité du signal. L’étape suivante sera de recouvrir le tout d’aluminium pour protéger l’installation.
Parfois il manque un point de lumière dans un dessin de drones ?
Sixtine Marlois : Si un point est manquant dans le vol de drone, cela signifie qu’un drone fait défaut, pas seulement sa lumière. Les causes peuvent varier : un problème de batterie, que l’on tente d’éviter, ou une perte de connexion, auquel cas le drone retourne à sa base de départ.
As-t’on alors la possibilité réajustés les drones en spectacle ?
Sixtine Marlois : Alors, il y en a qui le font. Nous, on ne peut pas pour l’instant. Dans ce cas, les drones se réajustent automatiquement en cas de manque de l’un d’entre eux. Une dizaine d’autres servent de back up et peuvent remplacés ceux en pannent en s’intégrant à la formation si nécessaire. Le fonctionnement précis reste à clarifier.
Mais il est quand possible d’interagir sur le spectacle en cours ?
Sixtine Marlois : Oui, il est toujours possible, en cas de problème, de rapatrier ou faire atterrir les drones concernés.
Comment vous voyez les évolutions des spectacles événementiels des communes ?
Jean-Christophe Lauradoux : Les drones représentent l’avenir alors que la pyrotechnie en a moins, principalement pour des raisons écologiques. Pour l’instant, leur coût élevé reste un problème majeur. De plus, les spectacles de drones ne sont pas autonomes ; ils requièrent des compléments comme des shows lasers ou de la pyrotechnie. Avec les contraintes budgétaires qui affectent les communes, elles ne peuvent pas financer de telles animations tout en gérant d’autres dépenses, comme le chauffage des salles municipales. Une solution pourrait être la collaboration entre communes, mais les différences politiques compliquent souvent cette démarche. De plus, l’organisation de tels événements est limitée par le site comme par l’aviation civile. Certains lieux ne sont pas adaptés aux spectacles de drones.
Sixtine Marlois : L’évolution positive des drones continue, avec une croissance notable en Europe, comme à Genève avec 1000 drones et 1500 à Disneyland récemment. On peut espérer une expansion encore plus importante, passant de 500 à peut-être 1000 pour la 3ème édition de Bourdonner en Bourbonnais.
Sécurité aérienne et sécurité pyrotechnique sont-elles si différentes ?
Jean-Christophe Lauradoux : La sécurité pour les drones est draconienne : il faut compter 3 mois pour obtenir les autorisations, incluant le dépôt auprès de la préfecture et à l’Aviation civile, ce qui est contraignant sur le plan administratif. Cela dit, cela allège les questions de responsabilité.
Pour les produits pyrotechniques, des contrôles sont effectués, comme la vérification avec un cahier en préfecture, parfois sans le suivi méthodique habituel. Les inspecteurs contrôlent divers éléments tels que les documents de transport et le lieu de stockage des feux d’artifice. Malgré le caractère fastidieux de ces procédures, elles évoluent rapidement.
Bourdonner en Bourbonnais 2024 avec 500 drones
- 3e édition de Bourdonner en Bourbonnais
- Du 6 juillet au 7 septembre 2024
- sur 11 sites différents
- Chaque samedi soir
- Organisateur : Département de l’Allier
Pour cette 3e édition, « Bourdonner en Bourbonnais » revient illuminer les plans d’eau de l’Allier avec un spectacle totalement renouvelé.
11 lieux de Bourdonner en Bourbonnais 2024
- 6 juillet : plan d’eau, Vieure
- 13 juillet :m étang, Saint-Bonnet-Tronçais
- 20 juillet : plan d’eau, Chapeau
- 27 juillet : plan d’eau de Saint-Clément, Mayet-de-Montagne
- 3 août : étang de Goule, Valigny
- 10 août : plan d’eau, Pierrefitte-sur-Loire
- 14 août : plan d’eau, Monestier
- 17 août : plan d’eau Marcel et Robert Jalicot, Saint-Germain-des-Fossés
- 24 août : étang d’Herculat, Treignat
- 31 août : étang du Moulin, Saint-Gérand-de-Vaux
- 7 septembre : étang, Sault à Prémilhat
Thématique 2024 : Colonne du Zodiaque
Un pilier sculpté datant du moyen âge et conservé au musée de Souvigny.
Les décors de ce chef-d’oeuvre énigmatique coloreront la voûte célestre pendant 20 minutes.
Deux nouvelles communes pour la programmation 2024 : Monestier et Saint-Gérand-de-Vaux.
Approfondir le sujet
Équipe du projet
Lieu
- Lac Le Vernay
- Pierrefitte-sur-Loire, Allier
Évènement
- 500 drones en festival, Bourdonner en Bourbonnais 2024, Allier
- SPECTACLE ITINéRANT DE DRONES LUMINEUX - Allier : du 6 juillet au 7 septembre, festival en 11 spectacles de 500 drones lumineux et feux d'artifice « Bourdonner en Bourbonnais 2024 ».
- Date : du samedi 6 juillet 2024 au samedi 7 septembre 2024
- Lieu :
- Département de l'Allier
- Allier, France