« C’est comme dans une phrase musicale » Alexis Coussement
Quelle était la demande de l’architecte en toiture ?
Alexis Coussement : Jean-Paul Viguier souhaitait avoir une impression d’unité de la toiture. Selon son vocabulaire, « c’est une toiture ciel, un nuage qui flotte au-dessus du centre ». Elle protège la rue commerçante en dessous.
Comment avez-vous développé votre concept d’éclairage ?
Alexis Coussement : j’ai travaillé avec Charles Vicarini qui a plus réfléchi sur le contexte, l’insertion de cet élément dans la ville. Vu l’ampleur du Pôle, on a très vite décidé d’être sur des luminances de l’ordre de l’urbain, plutôt que des luminances commerciales.
Tout de suite, nous avons pensé en éclairage dynamique doux. C’est-à-dire à un écoulement de lumière lent, une sorte de lien entre le fleuve et la rivière. Avec la pente d’inclinaison de la toiture, il y avait presque un sens naturel.
Quand avez-vous affirmé le côté graphique ?
Alexis Coussement : il y a vraiment eu plusieurs couches dans le processus de création. D’abord, nous avons travaillé avec des images 3D de simulation, vue de l’extérieur. Nous avons fait des recherches en vidéo au stade esquisse avec un sous-traitant.
Ensuite, il y a eu une très longue étape de mise au point, de budget, de simplification,… Nous avons limité certaines choses pour se recentrer sur l’essentiel.
Mathieu Gabry, notre chef de projet, est arrivé dans l’équipe après la phase de simplification. Il a refait le travail vidéo pour affiner les programmations et a travaillé les rythmes avec Charles Vicarini.
Comment ces séquences lumineuses ont-elles été mises au point ?
Alexis Coussement : nous avons testé plein de choses parce que c’est une échelle tellement énorme, avec des points de vue si particuliers. C’était impossible de l’appréhender avec les logiciels ou même intellectuellement !
Pour chaque test, tous les effets, les textures, les couleurs, les défilements ont été regardés de quatre endroits : de la galerie, de la darse, de la Saône et depuis les collines. Nous avons passé des nuits et des nuits à tourner et regarder les différents effets avec Charles. L’idée est de créer une surprise de semaine en semaine, de mois en mois, avec des effets beaucoup plus doux. Les effets dynamiques sont utilisés, mais réservés aux jours de fête ou d’animation spéciaux.
Au final, on a gardé des choses plutôt douces, parfois mystérieuses et qui ont un rythme musical sous-jacent. Plutôt que d’avoir des allumages réguliers, il y a des temps différents. C’est comme dans une phrase musicale, il y a des notes plus rapides et d’autres plus lentes. On a travaillé sur une musique et un rythme visuel.
Comment avez-vous choisi la sérigraphie sur les coussins ?
Alexis Coussement : le matériau est très transparent intrinsèquement. Pour lui donner une matière, on le sérigraphie. On a choisi du blanc. Les essais ont montré qu’il n’y a pas d’impact sur la vision de jour, mais que le rendement était deux fois meilleur de nuit.
Pourquoi avoir choisi les LED ?
Alexis Coussement : Jean-Paul Viguier voulait que la structure s’efface pour revenir à l’idée du nuage et donc, ne sentir que les coussins. Il voulait alléger au maximum la structure. C’est ce qu’on a réussi à faire avec des faisceaux ponctuels des réglettes à LED. C’était inenvisageable avec une autre technologie. La première raison, c’est la maintenance. On est quand même à des hauteurs entre 22 et 30 mètres de haut en permanence. La deuxième raison, c’est la subdivision du pilotage.
Quelles a été votre approche pour l’éclairage de la galerie ?
Alexis Coussement : l’essentiel du projet de Christian Biecher, c’est un plafond sous coursives avec des ronds diffusant de différentes tailles au milieu desquels il y a des downlights. Ces trous dans le métal, avec une protection en polycarbonate, sont rétro éclairés par des tubes fluorescents.
On a mis un certain nombre des projecteurs en rive de mezzanine ou du bâtiment avec des optiques très intensives pour éclairer le sol et compenser la grande distance.
Les couloirs latéraux allant vers les parkings sont traités différemment avec des couleurs et des gorges lumineuses. Alexis Tricoire a créé des évènements végétaux. Par exemple, il y a une entrée de parking avec des îles végétales qui flotte dans les airs en changent lentement de couleurs.
Qu’est-ce que vous pensez du résultat ?
Alexis Coussement : en toute modestie, on a tous fait WOW ! On est vraiment au lendemain d’une aventure complètement dingue qui a une étendue chromatique très riche. A notre demande, Philips est passé du bleu électrique au bleu royal, beaucoup plus profond. On a une gamme extraordinaire sur les bleus, les magenta, les cyans, les mauves et les violets. C’est très très beau !
Nous sommes très contents du résultat. Pour les réglages et l’installation lumière, Citéos a fait un travail extraordinaire et d’une grande précision. Il y avait un groupement Citéos, Philips, Roiret. Unibail, ils sont très sérieux.
Conférence à Lyon
- Mercredi 6 juin – 15h à 16h
- Pôle de commerces et de loisirs, Confluence, Lyon
- Jean-Paul Viguier, Jean Paul Viguier et Associés, architecte, Paris
- Alexis Coussement, ACL, concepteur lumière, Paris
- Cap Urba, Eurexpo
Approfondir le projet
Lieu
- Pôle de commerces et de loisirs Lyon Confluence
- Lyon, France
Livres
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