Château de Chaumont-sur-Loire par Neo Light
Durant l’hiver 2014, de nombreux travaux ont été effectués au château de Chaumont-sur-Loire. Objectif : améliorer l’accueil des 400 000 visiteurs annuels du Domaine régional.
Pour Sylvain Bigot, concepteur lumière et directeur de Neo Light, ce château « fait partie des édifices qui forment le patrimoine historique architectural dont nous sommes fiers ».
Forte de son histoire et de la qualité architecturale de cet ensemble, la région a souhaité mettre en lumière ce site classé depuis plus d’un siècle à l’inventaire des Monuments historiques. L’opération de mise en lumière a été envisagée en 2012. Les études ont duré 12 mois et les travaux sur site 6 mois ».
Note d’intention du concepteur lumière
Le dispositif d’éclairage a pour vocation la mise en valeur de l’architecture et des volumes du château. Objectif, favoriser deux points de vue :
Vision proche
Depuis la cour intérieure, les détails architecturaux du château ont été mis en valeur grâce à des éclairages rasants.
Vision lointaine
Vue du château des bords de la Loire et du château de l’intérieur du parc. Les toitures sont illuminées par des projecteurs lointains afin de donner du volume à l’architecture. Le chemin de ronde est également éclairé pour donner vie au château la nuit.
Sylvain Bigot : « Les couleurs utilisées pour la mise en lumière sont sobres et basées sur des déclinaisons de blanc. Seuls les toitures et le chemin de ronde utilisent des sources LED de couleur ».
Innovation technique, de la lumière blanche au câblage
« Nous avons choisi de mettre en place des produits à LED principalement » poursuit Sylvain Bigot. « Ce type de matériel permet d’allier :
- économies d’énergie,
- discrétion du matériel,
- originalité de création ».
« L’innovation technique repose sur l’utilisation des différentes températures de couleur de blanc que la technologie LED propose dorénavant. L’alternance spatiale de blancs chauds et de blancs froids permet de créer du contraste et du volume tout en subtilité. Le blanc chaud, synonyme de chaleur, est employé pour éclairer l’intérieur et les renfoncements. Le blanc froid, quant à lui, est utilisé pour les éléments extérieurs. Il apporte de la brillance et rend l’édifice visible de loin. La couleur de la pierre change, se réchauffe ou se refroidit comme aux différentes heures du jour et des saisons » explique-t-il.
« Autre avancée technologique importante : un seul câble suffit désormais pour transmettre à la fois la puissance et le signal DMX entre les différents projecteurs. L’installation en devient plus simple, plus rapide et surtout plus fiable. Il est alors possible de programmer l’allumage et l’extinction de certains éléments de l’installation ou de faire varier leur intensité. De cette manière, la perception du château peut changer selon la période de la semaine ou de l’année (week-end, fêtes, saison estivale, évènements culturels…).
Actuellement, six programmes ont été conçus. Ils sont principalement liés aux animations du château, comme le Festival des Jardins l’été, Nuit à la Bougie. « Outre le fait que la mise en valeur peut évoluer au fil du temps, le fait de ne pas utiliser l’installation à 100% de ses capacités en permanence lui accorde une durée de vie plus longue et surtout une consommation moindre » précise Sylvain Bigot.
« Un système de pilotage à distance a été mis en place afin de gérer les différents scénarios. Un Smartphone ou une tablette sert d’interface via 3G pour commander les changements à distance, selon le point de vue désiré ».
Intégration à l’architecture et transition énergétique
Afin de conserver l’intégrité de cet édifice chargé d’histoire, plusieurs procédés ont été mis en place afin de ne pas altérer ce dernier :
- la miniaturisation des projecteurs LED permet d’intégrer parfaitement le matériel,
- la majorité des projecteurs se situe à l’extérieur du château, dans les pelouses.
L’éclairage de la cour intérieure est encastré dans le sol. Les projecteurs des parties supérieures du château, toitures et balcons, sont installés sur des dalles de béton afin de ne pas percer la pierre.
« Le projet a été pensé dans le cadre d’une optimisation de la maintenance générale de l’ouvrage ». Selon ses termes, Sylvain Bigot le résume en six points :
- « L’emploi de la technologie LED revêt de nombreux atouts.
- Les interventions sont limitées de par la durée de vie des diodes de 50 000 h en moyenne.
- Ce matériel ne consomme que très peu d’énergie et autorise une gradation de la puissance de 0 à 100%.
- Le rendement lumineux est très élevé.
- La miniaturisation des sources permet une discrétion d’installation.
- Les interventions ultérieures à l’installation sont restreintes ».
Projecteurs et sources utilisés
« Les projecteurs de mise en lumière sont de deux sortes : blanc dynamique iW et RGB, rouge, vert, bleu » décrit Neo Light.
« Cinq types de luminaires sont utilisés : les ColorBlast, les ColorReach Compact, les ColorGrazes et les ColorBurst Compact de Color Kinetics et les Vaya Linear de Philips Lighting ».
- Façade du château : 33 projecteurs de 36 LED, 50 W.
- Éclairage des toitures du château : 7 projecteurs de 36 LED RGB, 50 W.
- Éclairage des toitures du château : 7 projecteurs de 52 LED RGB, 125 W.
- Éclairage des flèches des toitures du château et de la chapelle : 19 projecteurs de 12 LED RGB, 17 W.
- Cour intérieure du château étage 1 et chapelle : 8 Réglettes de 12 LED 300 mm, 18 W.
- Cour intérieure du château et chapelle : 20 réglettes de 24 LED 600 mm, 36 W .
- Chemin de ronde : 33 réglettes de 6 LED RGB, 15 W.
- Ratio moyen lumen/watt pour chaque type de point lumineux : selon les sources, de 30 lm/W à 37 lm/W.
Une rapide estimation du coût de fonctionnement de la mise en lumière est établie par le concepteur lumière « sur la base de :
- un coût du kWh de 0,10 €,
- une durée de fonctionnement de 4 h/jour,
- une puissance totale installée de 4 557 W.
Les projecteurs étant dynamiques, ils ne fonctionnent qu’à environ un tiers de leur puissance, soit 1 520 W. Le coût annuel de la consommation est de 220 € pour la mise en lumière ».
Historique du monument
Le château se trouve entre les villes de Tours et de Blois, à 200 km au sud de Paris. Situé dans un oasis naturel du Domaine de Chaumont-sur-Loire, il domine la Loire de son promontoire élevé à 40 mètres d’altitude. Propriété de la région Centre, le château et son parc sont ouverts toute l’année.
Bâti vers l’an 1000 par le Comte de Blois, Eudes 1er, il avait pour vocation la surveillance de la frontière entre les comtés de Blois et d’Anjou. Le château passe ensuite aux mains de Sulpice 1er d’Amboise en 1054 et restera dans la famille d’Amboise durant 500 ans.
En 1550, la Reine Catherine de Médicis acquiert le château considéré comme étant le plus rentable du Val de Loire. Au cours des années et siècles suivants, le château de Chaumont accueille de nombreuses personnalités tels que d’éminents astrologues : Côme Ruggieri et Nostradamus, 200 ans plus tard Benjamin Franklin.
Le domaine change une fois de plus de mains lorsque Marie-Charlotte-Constance Say en fait l’acquisition en 1875. Mariée au prince Henri-Amédée de Broglie, le château devient un lieu de faste pour l’ensemble de la royauté européenne.
En 1938, le château est cédé à l’Etat par la Princesse d’Orléans et Bourbon et devient la propriété de la Région Centre en 2007, puis Établissement Public de Coopération Culturelle en janvier 2008.
Approfondir le sujet
Livres
Lumière et ambiances, de Roger Narboni, Le Moniteur
Une belle réflexion sur la conception d'ambiances lumineuses, à l'intérieur des bâtiments comme à l'échelle des espaces publics. |
Light in Landscape and Architecture, Jacobo Krauel
L'ouvrage Light in Landscape and Architecture présente des projets d'architecture et d'espace urbain ou la lumière à un rôle dans la conception du paysage. |
Bright 2, Architectural Illumination and Light Installations
Découvrez un savant mélange de projets lumière inspirants à travers le monde. Bright 2 publié par Frame Publishers sur l'éclairage architectural. |
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Quelques chiffres
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Lieu
- Château de Chaumont-sur-Loire
- Chaumont-sur-Loire, France