Château de Quéribus tout en nuances de lumière blanche

Perché sur un piton rocheux à 728 mètres d’altitude, le château de Quéribus est situé sur la commune de Cucugnan dans l’Aude. La forteresse fut construite vers l’an mil sur un site stratégique. Objectifs : surveiller la plaine du Roussillon, contrôler l’accès au massif des Corbières et protéger la frontière du Royaume de France.

Château Cathare par excellence, il fait partie du réseau des sites du «Pays Cathare» dont le classement au patrimoine mondial de l’Unesco est actuellement envisagé.

Choix du concepteur lumière ACE

« Il ne s’agit pas de mettre le château «sous les feux des projecteurs», mais de le faire émerger de la nuit, afin d’être au service de sa majesté dans le respect de l’environnement nocturne.

C’est une vision nocturne poétique qui est recherchée, dans l’esprit des Romantiques du 19ème siècle, magnifiant les ruines des siècles passés et leur relation avec la nature ».

Anne Bureau, conceptrice lumière, Wonderfulight

Éclairage du château en silhouette

Le château est éclairé par une lumière blanche neutre 4000 K, douce et statique. Elle met en valeur les volumes et les murs de la forteresse.

« La préservation du ciel nocturne dans ce site exceptionnel était également un enjeu majeur : il fallait éviter qu’une partie du flux lumineux des projecteurs ne partent vers le ciel » résume la conceptrice lumière. « La silhouette du château est éclairée par des projecteurs à découpe équipés d’un gobo permettant :

• de différencier la tonalité de lumière sur le château du promontoire rocheux.
• d’éviter les fuites de lumière vers le ciel nocturne, car l’image projetée suit la géométrie du château ».

Depuis l’extérieur de la forteresse, seulement trois projecteurs à découpe CL-PROFILE LED 160W à LED de Concept Light éclairent le château. Par rapport au support de projection, la distance du mur est de 30 à 40 mètres avec une ouverture d’optique entre 18 et 31°.

« Le flux lumineux du projecteur est utilisé seulement là où l’on en a besoin » explique Anne Bureau. « L’image de chaque gobo a été définie sur site, une fois les projecteurs installés à leur position définitive, en utilisant des gobos de mire comme repères ».

Depuis l’intérieur de l’enceinte, le château est éclairé par des projecteurs Lumenbeam monochromes à LED de tonalité blanc neutre 4000 K de Lumenpulse :

• 1 projecteur 50 W, semi-extensif 40°
• 1 projecteur 50 W, extensif 60°
• 2 projecteur 100 W, semi-intensif 20°

Les choix des photométries et des puissances sont adaptées à la distance de projection de 3 à 16 mètre selon la zone à éclairer. Même le niveau d’éclairement de chaque projecteur a été ajusté sur site lors des réglages.

Nuances colorées de la lumière du jour

Pour exprimer la relation du monument à son environnement, la falaise en-dessous est mise en lumière. Elle donne à voir l’imbrication de la roche avec cette architecture patrimoniale.

« Les tonalités du promontoire rocheux varient par un jeu de successions de nuances colorées s’inspirant des variations infinies offertes par la lumière du jour combinées aux conditions climatiques » raconte Anne Bureau.

« S’inspirant des artistes Romantiques (par exemple, Turner) ou Impressionnistes (par exemple, Monet), peignant le même site sous différentes conditions lumineuses, cette mise en lumière dynamique souhaite créer des « variations atmosphériques lumineuses » donnant à voir le site différemment ».

L’éclairage dynamique qui change de tonalité de la lumière s’effectue seulement sur la falaise. Il utilise « le principe du contraste simultané des couleurs perçues par le cerveau humain :

« Si la tonalité du château est plus « chaude » que la tonalité de la falaise, le château apparaîtra plus « chaud » que le rocher ».

« Si la tonalité du château est plus « froide » que la tonalité de la falaise, le château apparaîtra plus « froid » que le rocher, même si physiquement la tonalité de la lumière sur le château ne varie pas ».

Cette approche de la mise en lumière avait déjà été développée par Wonderfulight pour le château du village de Lapradelle-Puilaurens en 2012, site pilote de la mise en lumière des châteaux Cathare.

Modèle 3D du site par drone

Un repérage avec un drone a permis de réaliser un modèle 3D du site. Deux entreprises spécialisées ont été « missionnée par la commune, qui voulait profiter de ce repérage pour réaliser également des images vidéo du château et du village pour la promotion touristique ». L’une à fait la captation des images et des données, l’autre a produit le modèle 3D.

« Le géo-référencement des images prises par le drone (images photogrammétriques) permet de construire le modèle dans l’espace (géolocalisation de points) avec un rendu photo-réaliste. Pour la mission touristique, ce sont des images vidéos qui ont été réalisées ».

« Pour réaliser les calculs [ndlr : photométriques d’éclairage], nous avons utilisé un modèle 3DS Max dans le logiciel DIALux evo. Pour la visualisation rapide du modèle, nous avions un lien d’accès internet vers Sketchfab.

Contre-plongée rasante sur le rocher

« Au cours de premiers essais sur site, l’éclairage rasant en contre-plongée de la falaise a fait apparaître une « tête de Diable » sur l’éperon rocheux. Cet étrange hasard a été intégré au projet de mise en lumière ».

Pour le piton rocheux, des projecteurs en quadrichromie Lumenbeam RGBW – rouge, vert, bleu et blanc – à LED de Lumenpulse ont été choisis. La conceptrice lumière combine toujours les optiques avec des puissances adaptées à la distance de projection de 7 à 30 mètres en fonction de la zone à éclairer :

• 2 projecteur 100 W, elliptique intensif 10 x 40°
• 1 projecteur 140 W, semi-intensif 20°
• 1 projecteur 205 W, semi-intensif 20°
• 1 projecteur 50 W, semi-extensif 40°

Environnement et temporalité lumière 

L’installation lumière in-situ devait être discrète. « La bonne intégration des projecteurs dans le site était essentielle pour le respect de l’édifice classé monument historique » rappelle la conceptrice lumière. « Chaque implantation a été minutieusement étudiée. Le nombre de projecteurs a été optimisé : seulement 12 projecteurs on été utilisés ». Des supports de fixation et de protection ont été spécialement conçus en fonction de l’implantation de chaque projecteur.

« Compte tenu de l’obscurité environnante, les niveaux d’éclairements nécessaires à la bonne vision du monument sont bas : 20 lux en général, 40 lux au maximum ».

« La mise en lumière n’est en service que quelques heures par nuit. L’horaire varie en fonction des saisons. De grandes plages horaires de nuit noire sont laissées au site ».

Séquence d’éclairage dynamique

« La séquence assez organique, très lente, avec des scènes de durées différentes, et un passage d’une scène à l’autre en 10 secondes » développe Anne Bureau. « Les scènes que nous avons classées en « nuancées », « saturées » et « contrastées » se succèdent ». Au total, 28 scènes différentes se succèdent pour une durée de 18 minutes et 30 secondes. Chaque scène fait entre 15 et 50 secondes.

Pourquoi avoir choisi du RGBW ? « Nous utilisons seulement des teintes peu saturées, donc la lumière blanche est un élément essentiel » argumente le concepteur lumière. « La plupart des teintes de la palette utilise le blanc à 100%, les teintes R G B sont utilisées avec parcimonie. La teinte la plus « saturée » de la palette a un pourcentage de blanc qui est déjà de 40% ».

Quelques chiffres

• Nombre de points lumineux : 12
• Bilan de puissance : 1,53 kW
• Phase 1 : 90.000€ HT – réalisée en 2017
• Phase 2 : 175 000€ HT – en projet

La première phase du projet de mise en lumière a été réalisée en 2017. Seule la face Nord, visible depuis le village de Cucugnan, a été illuminée pour des raisons économiques. La suite du projet sur la face Sud nécessite l’obtention de subventions. Espérons que le Prix de l’ACEtylène 2017 pour sa conception lumière extérieur ex-æquo aidera à réunir le budget nécessaire.

Approfondir le sujet

• 15 réalisations les plus primées de la conception lumière française