Châtelet – Les Halles : une invitation à un voyage lumineux
Avec le renouveau du métro parisien, la RATP continue de retraiter qualitativement l’éclairage de Châtelet – Les Halles. Espaces d’accueil, couloirs souterrains et stations, rien n’est laissé de côté.
A la suite du réaménagement du quartier des Halles par les architectes Patrick Berger et Jacques Anziu, le couloir de liaison entre la gare du Châtelet et le quartier des Halles fait actuellement l’objet d’un réaménagement complet.
A proximité du théâtre du Châtelet, une importante zone de transit des usagers du métro à Paris, 150 mètres ont été rénovés par l’architecte de la RATP, Matthieu Brullon. En juillet 2013, l’agence de conception lumière ON a remporté une mise en concurrence pour l’éclairage, notamment, d’un des couloirs Châtelet – Les Halles. Une invitation à un voyage lumineux.
Choix du concepteur lumière
« Il s’agit alors de simuler des ambiances issues du méridien et de la lumière du jour dans ces espaces ne bénéficiant pas d’entrée de lumière naturelle.
Dans son principe de fonctionnement, l’évolution de la lumière au cours d’un scénario de quelques minutes s’articule entre des nuances d’ambre, de blancs chauds et froids.
La lumière a le pouvoir d’influencer notre humeur et c’est sur ce principe que le projet a été réalisé ».
Vincent Thiesson, concepteur lumière, agence ON
Lumière naturelle référent spatial
Le couloir CR250 de la station Châtelet en question a des flux qui varient fortement au rythme de la station, des heures de la journée et des périodes de l’année. « Simple zone de correspondance souterraine pour rejoindre domicile ou travail pour les uns. Terminus pour rejoindre la surface de la ville et émerger au cœur du quartier pour d’autres. Point d’attente, point de transition, point d’accès… autant de rapports à cet espace qui se rejoignent dans la nécessité de faire appel à la lumière naturelle comme inspiration et occulter ainsi le caractère hermétique au jour de cette zone de passage » explique Vincent Thiesson.
Selon ce principe lumière, trois espaces ont été traités de la station Châtelet :
- Les salles d’entrée avec la billetterie avec des plafonniers.
- CR 250 des luminaires intégrés dans l’habillage en voûte et en piédroit – Type A à C.
- Les espaces d’échanges importants avec des dômes lumineux – Type D.1
LED en blanc dynamique
« La lumière n’est plus figée, mais évolue dans sa dominante. Cet effet est possible grâce à une combinaison de sources ambre, blanc chaud (3000K) et blanc du jour (6500K) au sein des luminaires » poursuit le concepteur lumière. « Les technologies d’éclairage LED ouvrent la voie sur cette lumière blanche dynamique« .
« Un système de gestion gère ensuite de manière intelligente l’évolution des blancs afin que l’utilisateur puisse voyager dans des ambiances différentes même s’il doit traverser le couloir aux mêmes horaires au quotidien ».
Eclairage zénithal des failles
« Il s’agit d’un éclairage fonctionnel du sol » développe Myriam Laval, chef de projet de l’agence ON. « L’objectif est d’obtenir les bons niveaux d’éclairement afin que les utilisateurs puissent circuler en toute sécurité. C’est également un éclairage graphique permettant de rythmer le couloir ».
« La lumière est dynamique et composée de trois teintes : WWA
- W = 6500K
- W = 3000K
- A = Ambre
A une hauteur de feu d’environ trois mètres, l’implantation des réglettes LED Lumenpulse se fait avec 10 cm de retrait dans la faille. Objectif : ne pas voir l’appareil dans le perspective du couloir selon la largueur des failles de 10 et 20 cm. Avec une optique de 30° d’ouverture, les luminaires de 60 et 120 centimètres de long sont placés en ligne continue.
Eclairage de l’horizon en parois
Cet éclairage orientable sous forme de spot est intégré dans les failles comme des petits projecteurs. Son but : éclairer les parois latérales du couloir qui sont des espaces culturels et commerciaux. « C’est un éclairage ciblé car il n’est pas souhaité d’avoir de la lumière résiduelle sur la corniche ni même la voûte » précise l’agence ON.
« La lumière est en blanc chaud 3000 K afin de ne pas dénaturer les teintes des visuels présentés. L’optique est asymétrique et longitudinal afin de chercher à avoir un maximum d’uniformité ». Sa lumière est dynamique mais ne change pas de couleur.
De petits projecteurs à LED Andonia sont implantés tous les cinq mètres au plafond dans les failles de 19 centimètres. Chaque faisceau asymétrique longitudinal est orientable pour assurer la continuité lumineuse de l’éclairage dans le couloir.
Eclairage architectural des voûtes
La mise en scène de la sous-face de la voûte depuis la corniche est un éclairage architectural qui donne une lumière indirecte et douce.
« C’est également un éclairage graphique permettant de rythmer le couloir et de lui donner du volume, de la hauteur et de la profondeur. La lumière est dynamique et composée de trois teintes WWA » décrivent les concepteurs lumière.
Des réglettes LED Lumenpulse de 95 centimètres de long sont intégrées dans la corniche derrière un verre diffuseur.
Eclairage des dômes
De par son aspect décoratif et identitaire, c’est l’éclairage « domestique » du projet. Pour Vincent Thiesson, « ce plafonnier vient marquer les changement de direction, il s’agit d’un objet « signal ». Cet objet, de forme cylindrique, est entièrement lumineux et opalescent. Il apporte un éclairage à la fois fonctionnel mais également graphique et décoratif », soit 200 lux au sol. La lumière est dynamique et composés de trois teintes WWA.
Ce luminaire est sur-mesure, conçu par l’agence ON et réalisé par Thorn. Le plafonnier est fixé à la voûte et semi-encastré par rapport à son habillage. La vasque de 135 centimètres de diamètre et 50 centimètres de haut est réalisée en plastique polyéthylène téréphtalate glass PETG, un polyester opale collé soudé très résistant.
Scénario d’éclairage dynamique
« Au début, nous souhaitions suivre le rythme circadien de la lumière du jour au niveau des variations de lumière » poursuit Vincent Thiesson. « Finalement, nous avons choisi de suivre le temps de cheminement dans le couloir. C’est à dire de prendre le temps pour traverser le couloir comme le temps que dure notre séquence d’éclairage dynamique », soit une durée totale de 3 minutes et 20 secondes.
Scénario dynamique du quotidien
- Ensoleillé : lumière blanc froid.
- Sous-bois : mouvement de la lumière filtrée par le feuillage de la forêt.
- Éclaircie avec passage de nuages.
- Une transition amène petit à petit le coucher de soleil plongeant l’espace dans une lumière crépusculaire ambre.
- Orage et son résidu suivis de l’aube.
- Après la nuit et l’orage, le lever de l’aube pour revenir à un temps clair.
L’une des principales difficultés du projet lumière a été de respecter les niveaux d’éclairement au cahier des charges de la RATP : 100 lux au sol et 100 lux sur les parois par teintes. Notamment pendant les scènes du scénario dynamique. Malgré tout, cinq autres scènes d’éclairage ont été programmées par les concepteurs lumière :
- Ambre fixe
- Blanc chaud fixe
- Blanc froid fixe
- Full 100% fixe
- Permanent uniquement : dômes + parois verticales
« Tous les appareils du CR250 sont équipés de drivers déportés, sauf pour les dômes ainsi que les appareils éclairant les voûtes depuis les corniches. Ces drivers sont positionnés en pied droit du couloir et sont protégés et accessibles depuis les ouvrants ».
Pilotage lumière et maintenance
« La commande DMX se fait par le biais d’un automate permettant de transmettre les informations de pilotage aux drivers des appareils. En cas de coupure à l’alimentation de l’automate, tous les appareils sont automatiquement à 100%. Lors de la remise en route de l’automate le programme redémarre automatiquement sans intervention humaine ».
« Il est possible de changer de scénario en local de manière manuelle avec des contacts secs pour une journée, par exemple. Le lendemain, le scénario prédéfini sur le calendrier se remettra en marche automatiquement ».
« Le DMX 512 est sur le réseau délestable de la RATP. C’est-a-dire que l’installation doit être capable de couper 1/3 des éclairages pour basculer la demande de courant sur d’autres circuits » explique Vincent Thiesson. Dans le couloir CR250, « seuls les appareils éclairant les parois verticales et les dômes sont sur le permanent à 100% ».
Ultime contrainte particulière sur les matières utilisées : elles ne doivent pas dégager de fumée en cas d’incendie. Ici, tous les câbles sont vitrifiés pour respecter le cahier des charges RATP.
Séquence dynamique en test
L’installation réceptionnée en octobre 2016 est actuellement en test de sa séquence dynamique jusqu’à la mi-novembre 2017. Le couloir CR250 se situe à côté de la station de métro Châtelet. Alors, si vous passez par ici pendant PLDC 2017 ou après, partagez vos impressions en commentaire de ce billet.
Approfondir le sujet
Lieu
- Station Châtelet
- Paris, France
Équipe du projet
Contact
ACE - Association des Concepteurs lumière et EclairagistesPrix de la conception lumière intérieure 2017
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Super interessant merci