Le Chronographe, signal d’archéologie en lumière du jour
Chronographe vient du grec « khrónos » et « gráphô » qui signifient « écrire le temps ». Proche de la Cité radieuse de Le Corbusier à Rezé, le Chronographe est un nouveau centre d’interprétation du patrimoine sur la rive sud de la Loire. Il est implanté sur le site archéologique de l’ancienne ville antique de Ratiatum, construite par les gaulois entre le 1er et le 3e siècles.
Architecture du Chronographe
À l’issue d’un concours d’architecture lancé par la ville de Rezé, une équipe pluridisciplinaire est retenue :
- Architecte : Berranger & Vincent architectes
- Scénographe : Atelier Sompairac architectes
- Paysagiste : Agence A+R Salles Paysagistes
Le Chronographe s’insère entre les restes affleurant du plus grand entrepôt portuaire de Ratiatum. C’est-à-dire dans la trame de la ville antique, mais de manière parfaitement contemporaine. En bref, il s’installe ainsi à la fois au-dessus et entre les vestiges archéologiques.
L’architecture linéaire est conçue comme un signal monolithique dans le paysage. Bardé d’aluminium, le volume principal est habillé d’une seconde peau. Elle est réalisée en planches de bois directement débitées des troncs sans finition. L’observatoire en forme de tour est comme un échafaudage. En structure bois, elle n’attend plus que son appropriation par le Voyage à Nantes.
L’organisation du bâtiment se décline sur quatre niveaux :
- rez-de-jardin : salles d’exposition temporaire, 120 m2, d’ateliers et de conférences, 60 m2,
- rez-de-chaussée : salle d’exposition permanente, didactique et instructive, 200 m2,
- toit-terrasse : accessible en journée, pour voir le site et organiser des événements,
- tour-belvédère : à 16 mètres, point de vue aérien qui supporte aussi l’œuvre lumière.
Un bel investissement de 5,8 M€ financé par la Ville de Rezé, Nantes Métropole, Département de Loire Atlantique et Région Pays de la Loire.
Scénographie de l’archéologie
Le parcours scénographique suit la forme du rez-de-chaussée. Comme une déambulation dans un forum, mais ici à sens unique, les scénographes d’Arnaud Sompairac Architectes construisent neuf séquences : de la ville romaine à la Nantes Métropole d’aujourd’hui.
Par un jeu de cimaises transparentes en maille métallique et de baies linéaires donnant des points de vue sur l’extérieur, l’espace d’exposition n’est pas fermé sur lui-même, mais ouvert sur de nouveaux savoirs.
Le parcours du visiteur permet de jouer à l’archéologue, du travail d’hypothèse à l’interprétation. Différents dispositifs incitent à participer à tous les âges comme des écrans tactiles très didactiques.
Des reconstitutions en images de synthèse 3D, des objets issus des fouilles du site, des fac-similés en moulage, un puzzle céramique et un odorama font aussi partie de la scénographie. Le parcours explore à la fois l’histoire du territoire et la pratique de l’archéologie. Bravo, c’est instructif !
Éclairage de l’exposition permanente
Côté éclairage intérieur, peut mieux faire. La muséographie baigne dans un éclairage artificiel, comme en lumière du jour ! Une seule puissance et un seul type de spot à LED de 3000 K sont utilisés sur toutes les cimaises.
Tel un effet de rayon de soleil permanent dans l’exposition, l’intensité lumineuse est bien trop importante par rapport au support clair à éclairer. A vrai dire, l’ensemble des espaces d’expositions, permanente et temporaire, n’a pas fait l’objet d’un vrai travail de conception lumière…
A la tombée de la nuit, le bâtiment n’est pas illuminé à proprement parlé. Seul l’éclairage intérieur fuit sur l’extérieur, quand le bâtiment est en fonctionnement. Il produit les images reconnaissables sur tous les magazines d’architecture, en géométral avec un effet de lanterne de la construction.
Des capteurs de présence aux deux extrémités du bâtiment allument des tubes fluorescents qui éclairent les alentours.
Art lumière de Bernard Calet
De 20h à 23h, Servante s’allume. Une œuvre lumière conçue au titre du 1 % artistique par Bernard Calet. Elle éclaire l’intérieur du belvédère d’une lumière verte diffuse et inhabituelle en architecture.
Sur trois niveaux à l’intérieur de la structure, trois formes en U sont luminescentes.
Elles sont réalisées avec des tubes à cathode froide haute tension, fixés sur un support en inox réfléchissant et protégés par une grille métallique pour éviter tout contact avec les squatters.
Depuis la voie rapide qui vient de Nantes Métropole, les U sont peu perceptibles, car implantés à l’intérieur du belvédère.
Comme une aura verte dans la nuit, une veilleuse dans l’obscurité, la sentinelle proche de l’église Saint-Lupien marque le site archéologique gallo-romain de Ratiatum.
L’archéologie, c’est quoi ?
L’archéologie vise à connaître les sociétés du passé à travers les traces conservées dans le sous-sol. Son approche globale repose sur une étude des techniques, des modes de vie, des relations sociales et politiques, ainsi que des peuplements. Elle s’intéresse également au climat, à l’environnement et aux paysages.
Science humaine et sociale, elle vient nourrir une réflexion sur l’organisation des sociétés ou la diversité culturelle. Elle contribue à éclairer les grandes interrogations de la société contemporaine. Le Chronographe a pour objectif de partager cette réflexion avec tous. Alors, qu’attendez-vous pour programmer une visite ?
Ambitions du Chronographe
La programmation du Chronographe, comme équipement culturel vivant, vise à répondre à plusieurs ambitions :
- envisager l’histoire et l’archéologie comme une approche du changement plutôt qu’une science du passé, en ouvrant les possibilités d’interprétation et de mise en perspective.
- s’adresser à tous les publics en favorisant une approche pluridisciplinaire des projets, à la croisée de l’histoire, de l’art, des sciences et des techniques.
- contribuer au rayonnement touristique de la métropole en découvrant un lieu unique dans l’agglomération.
- accueillir les familles en encourageant le partage entre parents et enfants.
- participer à l’éducation artistique et culturelle en milieu scolaire, de la maternelle jusqu’à l’enseignement supérieur.
Approfondir le sujet
Lieu
- Le Chronographe
- Rezé, France