Création lumière de « Ça ira (1) Fin de Louis » par Éric Soyer
L’action de « Ça ira (1) Fin de Louis » nous plonge dans la Révolution française pour interroger notre époque. Le spectacle de Jöel Pommerat, auteur et metteur en scène, est atypique. Vu au TNP de Villeurbanne en janvier dernier, c’est une forme théâtrale où scène et salle participent. Un véritable jeu de ping-pong oratoire des comédiens occupant les deux espaces du théâtre.
Ça ira (1) Fin de Louis de Jöel Pommerat
Jöel Pommerat s’intéresse à ce qui conduit hommes et femmes à passer à l’action pour défendre des convictions. Pas de reconstitution historique mais une création grandiose, qui fit monter l’émotion à travers un casting exceptionnel.
Eric Soyer conçoit des espaces scéniques en jouant sur la profondeur de champs et la notion d’échelle. Il distingue peu le dispositif scénique de la lumière, cet « élément plus impalpable » comme il dit.
Scénographie par le vide
Avec 15 comédiens et 15 figurants, la scène est vidée de tout élément décoratif. Le dispositif scénique mis en œuvre par Éric Soyer est fragmentaire. Côté jardin et côté cour, seuls trois paravents amovibles de la hauteur de la cage de scène délimitent l’espace de jeux. « Ils laissent respirer la cage de scène, permettent de créer différents lieux et offrent des loges de changement rapide de costumes en coulisses ».
Au lointain, « une petit porte s’ouvre sur différents espaces, sur un néant. C’est le lieu de tout ce qui n’est pas vu. Ce dispositif génère le hors-champs sur l’imaginaire, soutenu par de la lumière et de la fumée qui sort de cette porte ».
Descendant depuis les cintres ou sur un trépied, des cadres avec de grands lettrages noirs ou blancs indiquent le lieu de l’action :
- salle du tiers état,
- assemblée nationale,
- salle de réunion de quartier.
Enfin, des éléments mobiliers, comme de grandes tables recouvertes ou non d’un tissu, de nombreuses chaises sans fond, un pupitre, un billard…
Pression lumineuse et éblouissement
La lumière sous-tend l’action dramatique. « Cette tension est soutenue en permanence par la pression lumineuse pour arriver sur des niveaux lumineux très élevés ».
De fait, l’éclairage est très pictural. « Je fait un travail sculptural sur la volumétrie des corps et des personnages avec très peu de face, principalement des latéraux ». Latéraux à la hauteur d’un homme, latéraux haut à cour et à jardin, douche sur le micro central. Dans la salle du tiers état ou de la nouvelle assemblée nationale, l’avant-scène est sur-éclairée de manière toujours bilatérale. L’implantation lumière se situe juste derrière le cadre de scène. Cet éclairage totalement artificiel apanage d’un plateau de danse crée un mur de lumière qui donne à l’action l’impression d’un théâtre de Guignol !
Au-dessus du cadre de scène sont implantés une série de 26 aveugleurs. A l’horizontale, ils éclairent littéralement le public à contre-sens de leur direction normale d’utilisation. Ce choix d’Eric Soyer est volontaire. « Il y a un impact idéologique de l’éblouissement qui existe dans la vie courante. Ici, la sensation d’éblouissement renvoie à la relation avec la salle. Elle augmente la pression et la sensation d’épuisement ».
« Je fabrique les images au fur et à mesure, selon le processus de création du spectacle de un an et demi, avec l’ensemble des partenaires, les acteurs et les machinistes au plateau ».
En pleine lumière froide
« Tout est corrigé en Lee 201 » précise Eric Soyer, « il permet de distancier, de donner peu de profondeur avec un large spectre intéressant ». Mais, ce convertisseur de température de couleur donne aussi des teintes froides, parfois glaciales, à la production scénique. Les costumes gris sombre et bleu marine, avec cette lumière, accentuent la perception d’un état autoritaire, dur et inflexible.
Au niveau du matériel d’éclairage, « 90% sont du traditionnel : PC 2 kW, horiziode et PAR. Quelques HMI pas corrigés en 201 possèdent un système de gradation par volet ».
Mons, Joël Pommerat présente son nouveau spectacle au Manège – TéléMB – 16 septembre 2015
Ce spectacle a été créé le 16 septembre 2015 au Manège-Mons en Belgique par la Compagnie Louis Brouillard, dans le cadre de la Capitale européenne de la culture de la ville. Si vous avez l’occasion de le voir donné non loin de chez vous, allez le voir pour vous faire votre propre opinion.
Ça ira (1) fin de Louis, de Joël Pommerat – Interview de Saadia Bentaïeb – Theatre-contemporain.net
Joël Pommerat, metteur en scène, Ma vie d’artiste – Letop Mags – 19 février 2014
https://www.youtube.com/watch?v=xQagXr3J-to
Livres
Art of Burning Man, photographe NK Guy
16 ans de photographies de Burning Man dans le désert de Black Rock. Emotions, lumière, crépuscule, feu, nuit et magie. Un festival d'art de vivre annuel. |
Le temps des flammes, de Christine Richier
Comment éclairait-on un espace scénique avant la lampe à incandescente ? Le temps des flammes de l'éclairagiste Christine Richier. Histoire de la lumière. |
The Structure of Light, Richard Kelly and the Illumination of Modern Architecture
Le premier livre a se concentrer sur les contributions d'un maître dans le domaine de l'éclairage architectural : Richard Kelly. |
Équipe artistique
Équipe technique
Équipe du projet
ZOOM -
Lieu
- Théâtre National Populaire
- Villeurbanne, France
@Olivier Ritz Un spectacle ou la lumière joue un très grand rôle, celui de voir l’action historique comme d’éblouir le spectateur, dans tous les sens du terme.