De « Corps est graphique » à « Pixel », l’art de Mourad Merzouki
Mourad Merzouki est né à Lyon en 1973. A l’âge de sept ans, il pratique les arts martiaux et les arts du cirque. À quinze ans, il rencontre la culture hip-hop qui l’emmène dans le monde de la danse. Auprès notamment de Maryse Delente, Jean-François Duroure et Josef Nadj, il développe cette gestuelle et la confronte à d’autres langages chorégraphiques. A travers sa première compagnie, Accrorap, créée en 1989, puis Käfig, en 1996, il crée 23 spectacles. Une moyenne de 150 représentations par an à travers le monde !
Corps est graphique – Compagnie Käfig
Créé en septembre 2003 à la Maison de la Danse de Lyon, « Corps est graphique » est un superbe spectacle regorgeant de créativité :
- chorégraphique,
- scénographique,
- lumière,
- vidéo.
Suite à une rencontre entre :
- Hachmi Mokrane, le calligraphe algérois,
- Mourad Merzouki, le chorégraphe,
la pièce est conçue pour quatre hommes et quatre femmes.
Les danseurs hip-hop et les éléments scéniques :
- au niveau du sol,
- les portes lumineuses dans les coulisses,
- les fenêtres vidéo incrustées dans le tapis noir,
tous apportent au spectateur une jubilation graphique de tous les instants.
Il y a une vraie recherche sur :
- la cage de scène,
- les entrées et les sorties,
- les rapports d’échelle,
- le marquage de l’espace avec des carrés lumineux projetés.
Situé entre le travail de :
- la Compagnie Philippe Genty, pour les images proposées, mais avec des moyens plus contemporains,
- le clip vidéo de Bianca Li pour Daft Punk « Around the World », 1997, pour la chorégraphie,
le spectacle est une création lumière millimétrée de Yoann Tivoli. Regardez la vidéo ci-dessous, il explique comment ces dalles lumineuses projetées au sol ont servi de point de repère aux danseurs pendant la création.
Une étape supplémentaire est franchie dans l’arrivée progressive des images vidéo sur la scène de Théâtre tout autant que du hip-hop au rang des Arts nobles.
Pixel – Compagnie Käfig
Créé en novembre 2014 pendant le festival Kalypso, à la Maison des Arts et de la Culture de Créteil, Pixel est né d’une rencontre entre :
- Adrien Mondot et Claire Bardainne, les créateurs numériques,
- Mourad Merzouki, le chorégraphe.
C’est une nouvelle approche dans le parcours de Käfig.
Jusqu’à présent, Mourad Merzouki ne s’était pas trop aventuré dans le numérique. Je me souviens de son parcours sur les scènes de la métropole Rhône-Alpine. Entre hip-hop de rue sur une scène, théâtre d’images grand public et danse contemporaine, ses spectacles ont toujours fait une place prépondérante à la lumière et à l’image.
« Cette première expérimentation entre la danse et la vidéo interactive a été vertigineuse pour les interprètes participant au projet.
Avec la même curiosité et l’esprit d’ouverture qui m’anime, je me confronte pour cette nouvelle aventure à cet univers impalpable qu’est la projection lumineuse développée par la Compagnie Adrien M / Claire B.
Le défi de faire dialoguer ces deux mondes, tout comme celui de trouver le subtil équilibre entre les deux pratiques afin que danse et représentations immatérielles se répondent sans que l’une ne prenne le dessus sur l’autre, me déstabilisent une nouvelle fois dans ma manière d’appréhender le mouvement ».
Mourad Merzouki
Pixel commence avec de petites bougies sur le sol. Elles luisent dans l’obscurité de la scène. Le fond de scène est éclairé comme un couloir avec des downlights. Sur le plateau, une chorégraphie de quatre danseurs prend forme.
Ils sont légèrement éclairés en latéraux blanc chaud. Les bougies ne sont pas naturelles car elles se déplacent sur la scène. Peu à peu, elles rejoignent le fond de scène en rang d’oignons. Soudain, la magie opère. Elles libèrent des pixels blanc froid sur l’écran. Comme un flux de fumée, ils changent de direction avec le vent.
« Notre rapport à l’image est celui du trompe l’œil. Nous cherchons à transformer la perception, à brouiller les pistes du vrai et du faux, à franchir les frontières quotidiennes du réel, et faire apparaître des choses qui ne sont pas « possibles » : changer à la volée les propriétés de la matière, inverser la gravité, donner la sensation d’un volume uniquement avec des projections plates.
Et c’est également la recherche que mène le danseur, dans le hip-hop notamment avec son corps : des bras qui bougent comme s’ils étaient liquides, ou au contraire automatisés, des ralentissements et des accélérations, des effets de marche arrière ».
Adrien Mondot et Claire Bardainne
A la différence de « Corps est graphique », l’écran a envahi l’espace du plateau et du lointain. Sur ses bords, il est peint en dégradé au noir pour éviter la forme orthogonale, comme un tag à la bombe aérosol.
Quatre vidéo projecteurs créent les images géantes projetées :
- deux sont placés de face en salle,
- deux dans les cintres.
Piloté avec une tablette tactile en régie, l’image interactive se déforme selon les mouvements des danseurs. Elle constitue alors la scénographie.
En conséquence, l’éclairage est principalement en latéraux blanc chaud et froid lorsqu’il y a des projections. Des éclairages puissants en douche, de type Svoboda, BT ou PAR, sont utilisés sur les scènes sans vidéo.
En arrière-plan de l’écran, deux cadres constitués de point lumineux de Yoann Tivoli participent à certaines scènes de spectacle, soit :
- comme des balises qui créent un double fond en mouvement,
- pour rappeler au spectateur qu’il s’agit bien d’une représentation en cours.
Découvrez quelques scènes de ces deux spectacles dans les vidéos de lancement avec leurs distributions.
Équipe de « Corps est graphique »
- Direction artistique, chorégraphie : Mourad Merzouki
- Danseurs : Kader Belmoktar, Yann Abidi, David Imbert, Anna Ivacheff, Sadia Lbaz, Joseph N’guessan, Ingrid Patris, Aminata Sauvenay
- Scénographe : Martin Lecomte
- Costumes : Carima Amarouche
- Marionnettes : Carima Amarouche assistée de Alcantara
- Lumières : Yoann Tivoli
- Décors : Martin Lecomte
- Vidéo : Les Machineurs, Emmanuel Pampuri et Fred Aujas
Équipe de Pixel
- Direction artistique et chorégraphie : Mourad Merzouki
- Concept : Mourad Merzouki et Adrien M / Claire B
- Création numérique : Adrien Mondot et Claire Bardainne
- Assistante du chorégraphe : Marjorie Hannoteaux
- Danseurs : Rémi Autechaud dit RMS, Kader Belmoktar, Marc Brillant, Elodie Chan, Aurélien Chareyron, Yvener Guillaume, Amélie Jousseaume, Ludovic Lacroix, Xuan Le, Steven Valade, Médésséganvi Yetongnon dit Swing.
- Création musicale : Armand Amar
- Lumières : Yoann Tivoli, assisté de Nicolas Faucheux
- Scénographie : Benjamin Lebreton
- Costumes : Pascale Robin, assistée de Marie Grammatico
Approfondir le sujet
Lieu
- Espace Albert Camus
- Bron, France
Équipe artistique
Équipe du projet
ZOOM -
Évènement
- Svoboda, Espace, Lumière
- JOURNéE D'éTUDE - Journée d’étude "Svoboda, Espace, Lumière" le 27 avril 2018 à l'ENSATT de Lyon. Explorer certaines facettes de l'œuvre singulière de Josef Svoboda, point de départ pour interroger les mutations de la scénographie contemporaine.
- Date : du vendredi 27 avril 2018 au vendredi 27 avril 2018
- Lieu :
- ENSATT - École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théatre
- Lyon, France