Éclairer le noir : exposition Pierre Soulages à Lyon

L’exposition Pierre Soulages XXIe siècle à Lyon présente une rétrospective de l’oeuvre du peintre français devenu célèbre pour ses tableaux Outrenoirs. Mais comment éclairer un tableau peint en noir. Analyse détaillée de la présentation des œuvres.

Éclairer le noir en lumière réfléchie et indirecte

Le premier espace de l’exposition est peint en noir mât sur trois côtés. Pierre Soulages expose quatre toiles carrées de 130 x 130 cm réalisées du 6 mars au 17 juillet 2012. Elles présentent différents états de surfaces : mat, lisse, raclé ou brillant.

Seul le mur opposé est peint en blanc mat alors que le reste de l’espace est couvert de noir. Cette surface claire est éclairée de manière uniforme, comme un cyclorama en fond de scène. Dix projecteurs halogènes à lampes tubulaires arrosent le mur plus précisément. La lumière indirecte blanc chaud dore alors les toiles noires de Soulages d’une patine à l’ancienne.

« Je me suis aperçu que je ne travaillais pas avec du noir, mais avec de la lumière réfléchie par les états de surface du noir.

Il y a des endroits où ça brille et des endroits où c’est mat ».

Pierre Soulages

Episode 4 d’Agnès Varda (extrait 11′), Ciné-Tamaris, ARTE France, 2011

 

Exposition Pierre Soulages en lumière directe

Les murs sont peints en blanc mat dans la deuxième salle. Six toiles polyptyques de Pierre Soulages du 9 juillet 2000 au 1er septembre 2009 y sont juxtaposées pour une dimension totale de toile peinte en noir de 181 x 405 cm. Leurs textures alternent noir mat, strié et aplat lisse.

La lumière directe est uniforme sur les quatre murs, par groupe de deux projeteurs halogènes. Utilisant un léger filtre refroidisseur, la lumière est un peu plus blanche.

« J’ai inventé un mot, outrenoir, qui veut dire un autre territoire ».

Pierre Soulages

Pourtant, la troisième salle est éclairée de manière non uniforme. Les deux triptyques de 244 x 181 cm du 31 mars et 11 avril 2011 de Soulages sont présentés sur un mur. Ils utilisent une peinture noire brillante. L’éclairage est plus fort que dans les autres salles. En fait, c’est comme une rampe de théâtre en ligne continue. La trame des projeteurs halogènes, toujours filtrés, s’étale sur environ deux mètres. Donc, c’est une seule direction de lumière solaire intense sur les toiles.

« Pour moi l’atelier, c’est privé. Je demande à être seul. C’est l’endroit où je travaille ».

Pierre Soulages

 

L’artiste peint des toiles au sol sur un fond de bâche. Avec des baies de grandes hauteurs dans son atelier, la lumière est principalement latérale et diffuse sur ses toiles en cours de création.

Enfin, dans la quatrième et la cinquième salle, les toiles ont des aplats noirs importants, mats ou brillants. Des scarifications diagonales de Soulages créent un reflet intéressant sur les toiles. L’éclairage est plus doux. Il mélange des lumières en lèche-mur et d’autres cadré-floue à distance. Par exemple, des petites découpes à lampe halogène dichroïques sont ici ajoutées.

Pierre Soulages dans son atelier, processus de création, 1981

Encore quelques jours avant que l’exposition ne s’envole pour Rome en Italie. Alors, faites le pas. Il y a une ouverture exceptionnelle ce vendredi 25 et samedi 26 janvier jusqu’à 22h. Sinon, à voir jusqu’au 28 janvier inclus, aux heures habituelles de 10h à 18h.

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