Fête des Lumières de Lyon 2023 : Laser, mapping et sculptures
La Fête des Lumières de Lyon 2023 a eu lieu du 7 au 10 décembre. Cette nouvelle édition se déroulait sur 32 sites. Sobriété affichée et budget stable oblige. Elle était répartie principalement en centre-ville. En même temps, dans deux parcs périphériques de la cité, la Tête d’Or et Blandan. Trois installations étaient néanmoins présentées dans des quartiers populaires comme La Duchère et États-Unis.
Notons une plus faible participation des écoles à cette édition. En dehors des traditionnels Grands Ateliers et l’université Jean-Moulin – IAE Lyon 3, les expérimentations étudiantes étaient plus restreintes en 2023. D’un autre côté, la Fête des Lumières de Lyon tisse des partenariat avec d’autres festivals lumière en France. À ce titre, plusieurs œuvres présentées étaient des coproductions.
- Laser à l’honneur de la Fête des Lumières de Lyon
- Mapping, entre nostalgie, rêve et intelligence artificielle
- Sculptures lumineuses à la poésie engagée
- Parc de la Tête d’Or, déambulation nocturne dépaysante
- Comment la dimension artistique permet d'imaginer la ville de demain ?
- Bilan 2023 et vision de la Fête des Lumières
- Approfondir le sujet
- Commentaires
Laser à l’honneur de la Fête des Lumières de Lyon
Le Laser était à l’honneur cette année. Trois installations utilisaient ces faisceaux monochromatiques. Tel un cadran solaire, l’équipe de 1024 Architecture faisait apparaître ou disparaître la fontaine des Jacobins de manière magique.
Pour « L’écrin des Jacobins », 16 projecteurs Laser ECS 40W RGB et 14 machines à brouillard étaient installés en cercle au pied du bassin.
Dans le parc de la Tête d’Or, l’artiste visuel Joanie Lemercier proposait « All the Trees ». Ici, les faisceaux colorés de six Lasers en mouvement définissaient des plans. Ils rompaient les branches des arbres en créant une scénographie lumineuse évolutive.
Enfin, le spectacle en video mapping sur la façade de la cathédrale Saint-Jean, « Kernel3 » de Ruestungsschmie.de. Les faisceaux Laser servaient à dessiner des formes géométriques et la modénature de l’architecture. Une critique de la société, du racisme et de ses dérives.
Mapping, entre nostalgie, rêve et intelligence artificielle
Ainsi, la vidéoprojection sous forme de mapping n’était pas en reste. Tout d’abord, de manière nostalgique sur la Fresque des Lyonnais. Elle présentait une nouvelle version réjouissante de « Re-dessine-moi des Lumières », de Gilbert Coudène et Étienne Guiol.
Ensuite, de manière onirique, sur les quais de Saône, au pied de la colline de Fourvière. Franck Dion présentait « Ceux du fleuve ». Un rêve éveillé dans des teintes roses autour de créatures imaginaires et de l’architecture de la basilique.
De son côté, « Le Soleil de la Duchère » de Philippe Dubost et Marie de Biasio, Les Fantômes, était un travail en collaboration avec les habitants du quartier, place Abbé Pierre. À partir d’une capture vidéo de mouvements, des saynètes vivifiantes s’enchaînaient sur deux murs pignons.
Comme les deux dernières Fêtes des Lumières, la gare Saint-Paul accueillait « Nouvelle Vague », un patchwork de jeunes créations issues du Video Mapping Festival 2023 des Rencontres audiovisuelles de Lille, avec quatre jeunes artistes du Video Mapping European Center : Pia Vidal, Simon Lazarus 84, Ludovic Burczykowski et Laurence de Wilde.
Enfin, de façon contemporaine avec l’intelligence artificielle sur la place des Terreaux. « Cellulo/D », de Bruno Ribeiro, reprenait les premiers films des Frères Lumière. Mais cette dernière réalisation pose question : à quoi sert l’IA dans un processus artistique ? Peut-on réellement concurrencer un film noir et blanc avec les nouvelles technologies et la couleur ? Le résultat n’était pas à la hauteur par rapport à une création conçue par l’homme.
Sculptures lumineuses à la poésie engagée
À côté des grandes installations spectaculaires, découvrons quelques petites créations artistiques. Telles des sculptures lumineuses, leurs qualités graphiques étaient tout aussi intenses.
Par exemple devant le théâtre des Célestins, « Soleil nuit » de Sébastien Lefèvre miroitait. Il réfléchissait une lumière mouvante et poétique sur les façades environnantes.
Ailleurs, la place de la République accueillait « Sign » de Vendel & de Wolf. Les flammes en LED orangées sur des structures en alu irriguaient le bassin. Un reflet alertant sur le changement climatique sur une planète qui brûle.
Devant la Bourse du commerce, une autre installation : « Aj Vana Be » de Benedikt Tolar. Un totem de 32 baignoires éclairées de l’intérieur en bleuté par des downlights LED incrustés à la place du robinet d’ouverture de la vanne de vidange. Un design lumière de Sylvain Delbart, sur une musique d’Ena Eno pour Constellations de Metz 2023.
Place Rambaud, au pied des pentes de la Croix-Rousse, les étudiants de l’Institut européen du design, IED Barcelona, présentaient « Slow Light ». Avec des smartphones, tels des télescopes, 24 tubes projetaient les étoiles diffractées dans la nuit sur des panneaux blancs.
Parc de la Tête d’Or, déambulation nocturne dépaysante
En entrant dans le parc de la Tête d’Or, l’œil était tout d’abord attiré par un dragon lumineux. Sur l’eau calme du lac et sur la rive, la Direction des événements et de l’animation de la ville de Lyon de Julien Pavillard, présentait les Lumignons du Cœur, cette année pour le Centre Léon Bérard.
« Geysers » était une installation autour d’un piano de Jérôme Donna. En forme de jets d’eau, elle mettait en lumière une vingtaine d’éléments de végétation artificielle aux alentours. Chacun était constitué de globes lumineux, emplis de guirlandes LED. L’ensemble a été réalisé par la Direction de l’éclairage urbain de la ville de Lyon.
Un peu plus loin, Philippe Katerine présentait des sculptures monumentales enfantines au rythme de ses chansons. Les formes de « Rose Family » et les mains en avant sont issues des périodes de confinement liées au covid, décrit l’artiste.
Au bout du parc de la Tête d’Or, une installation avec des plantes bioluminescentes était réalisée par Aglaé. Dommage que la vision des réglettes LED lumière noire et les projecteurs bleus de Wood aient amoindri l’effet visuel.
Comment la dimension artistique permet d’imaginer la ville de demain ?
En partenariat avec la Ville de Lyon, l’association LUCI organisait son symposium annuel, le Lyon Light Festival Forum 2023. Artistes, producteurs d’événement et collectivités, 160 personnes de 20 pays différents étaient présentes cette année aux Subsistances.
Comment la dimension artistique permet d’imaginer la ville de demain ? C’était le thème de cette année ! Au début de la matinée, un échange culturel a eu lieu entre Grégory Doucet, Maire de la Ville de Lyon, et Hilime Arslaner, Président du conseil municipal de la Ville de Francfort, le Frankfurt City Council. L’ensemble était modéré par Mark Burton-Page, directeur général de LUCI.
S’en est suivit une table ronde pour imaginer la ville de demain autour de la dimension artistique. Un échange d’inspiration passionnant entre cinq professionnels !
- Luc Schuiten, architecte et président, Vegetal City,
- Victor Vieillard, concepteur lumière, Studio by Night,
- Gaële Beaussier-Lombard, modératrice,
- Sara de Gouy, architecte, designer, plasticien,
- Thomas Geffroy, directeur de la création, Ubisoft.
Bilan 2023 et vision de la Fête des Lumières
Au bilan, la Fête des Lumières de Lyon « a rassemblé plus de 2 millions de visiteurs ». La ville note « une augmentation de la fréquentation sur les sites principaux » pour cette édition.
Côté artistique, de belles surprises, malgré la foule, la pluie et l’humidité. Mais la concentration du festival lumière français sur la Presqu’Île de Lyon et sur quatre jours seulement posent de plus en plus questions.
Face à la fan zone des grands jours et le plan vigipirate renforcé, quelle pourrait être la vision de la Fête des Lumières demain ?
Qu’elle se répartisse mieux dans les quartiers de la cité des Gaules. Pourquoi ne pas présenter des installations lumière ailleurs dans la ville ? Par exemple, dans le parc de Gerland, le jardin du Musée des Confluences ou le jardin Rosa Mir. Voir plus loin, dans les communes de la Métropole de Lyon ?
Vers une temporalité plus longue ou plus diffuse. Six jours au lieu de quatre, voir une semaine. Rêvons même à plusieurs week-ends en décembre qui auraient la faveur des hôtels, cafés et restaurants. Sacrilège diront certains ! Oui mais la fête du 8 décembre, version contemporaine, a déjà été sur six jours !
Autant d’artistique que de divertissement. Malgré des tentatives de Nuit Blanche d’art contemporain après l’an 2000 à Lyon, ce dilemme n’a jamais été vraiment résolu. La différence avec Paris ? La Fête des Lumières est avant tout une célébration populaire. Pourquoi pas des expositions au Musée d’art contemporain, au Musée des Confluences ou au bâtiment Lumen sur ses connections culturelles et sociétales ?
Il y a la tradition religieuse des lumignons aux fenêtres qui perdure. Mais aussi, de se promener à pied dans la rue, la nuit, sans parcours définit. Si ce n’est, aujourd’hui, que d’être ébahi et pas blasé par les lumières éphémères de la Fête.
Quoi qu’il en soit, après cette 24e éditions, la Fête des Lumières de Lyon doit encore évoluer. Surtout si elle veut continuer d’exister au siècle du digital et de la sobriété.
Approfondir le sujet
Livres
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Équipe du projet
Lieu
- Lyon, France