Fête des Lumières Lyon 2024 : boule à neige place Bellecour
L’origine de la boule à neige I Love Lyon remonte à la Fête des Lumières de 2006. À l’époque, la ville de Lyon lançait tous les ans des appels d’offres innovants pour des lieux emblématiques de la Fête des Lumières. Le succès de ces premières installations eut pour effet de consolider la démarche de Jacques Rival. L’architecte designer propose alors son projet sur la célèbre place Bellecour. Comment l’œuvre est-elle réalisée ? Quels sont ses éclairages architecturaux ? Quel marché public et quel budget y ont été consacrés ? Quelle est l’origine de la démarche artistique de Jacques Rival ? Au centre de la presqu’île de Lyon, découvrez la scénographie lumière 2024, à l’échelle de la ville.
Au sommaire
- Une boule à neige sur la place Bellecour de Lyon
- Boule à neige géante, des défis conceptuels et techniques
- Reconstruction de l’installation I Love Lyon, mais pas réemploi
- Éclairage architectural de la boule à neige place Bellecour
- Enseigne I Love Lyon sur le piédestal de la statue
- Marché public spécifique pour une boule à neige hors normes
- Golden Hours, la boule réveil de la Fête des Lumières de Lyon 2017
- Archizip, l'écho du film prismatique et la lumière de Lyon 2003
- Approfondir le sujet
- Commentaires
Une boule à neige sur la place Bellecour de Lyon
« C’est venu comme une espèce d’évidence. L’idée d’un locataire, sous une bulle magnifiée comme une boule à neige domestique, confrontée à l’espace public. C’est peut-être pour cette raison aussi que le projet a trouvé son public d’une façon assez simple. »
Jacques Rival, architecte, I Love Lyon
I Love Lyon de Jacques Rival, présenté de nouveau cette année pour les 25 ans de la fête des Lumières, a remporté le Trophée des Lumières 2024, catégorie « Coup de cœur ». Organisé par France 3 Auvergne-Rhône-Alpes et la ville de Lyon, le prix récompense l’œuvre favorite du public lors de l’événement. La remise du trophée a eu lieu place Bellecour, en présence de l’auteur, Aline Mortamet de France 3 et Grégory Doucet, maire de Lyon.
Boule à neige géante, des défis conceptuels et techniques
Jacques Rival révèle les défis rencontrés lors de la réalisation de son projet I Love Lyon. Très vite, l’architecte a dû exclure l’option des matériaux rigides comme le verre, pour des raisons techniques. Au fil du développement, son équipe a réussi à créer un dôme en structures gonflables, sans coutures apparentes, grâce à une collaboration avec un fabricant innovant.
Cependant, le projet présentait un défi majeur lié à la résistance au vent et à la création de la neige. Il a nécessité la conception d’un prototype spécifique. Mais en raison de la nécessité d’avoir la statue équestre en bronze, de Louis XIV, le Roi-Soleil, il ne put être testé en temps réel avec le monument. Malgré ces obstacles, Jacques Rival et son équipe, « hypermotivés », ont réussi à mener à bien ce projet ambitieux.
La forme de l’installation artistique a évolué. Sa première création pour la fête des Lumières 2006-2007 était ovoïde, puis elle est devenue sphérique en 2024. Jacques Rival explique que le changement de forme n’était pas nécessairement un choix délibéré. Les deux formes de boules de neige vendues dans divers pays du monde à l’époque l’ont plutôt influencé. « L’idée, c’était de proposer la même œuvre pour la ville, mais en l’améliorant et en la modifiant un petit peu, pour lui donner un certain renouveau. »
Reconstruction de l’installation I Love Lyon, mais pas réemploi
La célèbre boule à neige géante de 2006 mesurait 12 mètres de haut. Elle a été réalisée par Air Toiles Concept, fabricant bien connu pour sa maîtrise de la conception de structures gonflables alliant toujours robustesse et esthétique. Jacques Rival revisite donc son œuvre phare en 2024, grâce à l’expertise technique de l’entreprise.
Pour la neige artificielle virevoltante, le choix s’est porté sur du matériau d’emballage en vrac en polystyrène expansé 100 % recyclé. En forme de S, les particules Storopack Pelaspan Pac prennent mieux l’air soufflé que des billes rondes. De plus, elles sont 100 % réutilisables et recyclables après l’installation.
Pour la prestation technique et l’éclairage, Jacques Rival collabore avec le groupe Novelty depuis 2006. Il bénéficie ainsi d’un partenariat solide et négocie régulièrement avec son régisseur afin d’optimiser le matériel et de rester dans le budget prévu.
L’architecte designer a partagé sa fidélité envers les entreprises avec lesquelles il travaille. Tout en obtenant toujours des solutions flexibles et avantageuses, en raison de contraintes budgétaires, ses partenaires partagent un intérêt commun : la visibilité des projets iconiques.
Éclairage architectural de la boule à neige place Bellecour
Côté éclairage, une évolution technologique significative de son œuvre s’est produite entre 2006 et 2024.
« À l’époque, on avait des PAR LED avec un mélange de couleurs basiques. La lumière était beaucoup moins précise. Maintenant, on utilise les Q-7 [de chez SGM] qui sont très précis. Ils donnent une profondeur de couleur et un mélange très beau. »
Jacques Rival, architecte, I Love Lyon
Les variations de couleur dans la boule à neige passent du bleu au rose, allant jusqu’au rouge. Dans la scénographie lumineuse, aucun jaune ou vert n’est mis en œuvre.
Enseigne I Love Lyon sur le piédestal de la statue
L’architecte relève également un changement technique des matériels d’éclairage installés. C’est le cas de l’enseigne avec les mots « I Love Lyon » des deux côtés du piédestal en marbre de la statue.
Pour des raisons budgétaires et par manque d’artisans, Jacques Rival a « dû abandonner le néon » de cette signalétique lumineuse. Des technologies plus avancées mais dans un budget accessible ont été privilégiées.
Les lettres sont réalisées avec un flexible diffusant à LED multicolores. Selon le scénario d’éclairage de la neige dans la boule, il permet de modifier le coloris du cyan, magenta au rouge de manière rapide.
Ces changements reflètent non seulement une évolution technique, mais aussi une adaptation à un contexte économique et artistique en pleine mutation.
Marché public spécifique pour une boule à neige hors normes
Dans le cadre des marchés publics, la Ville de Lyon a retenu six projets artistiques pour l’anniversaire des 25 ans de la Fête des Lumières. I Love Lyon de Jacques Rival, qui avait déjà été présenté en 2006, en fait partie. Ce processus administratif implique un marché spécifique conçu pour commander des œuvres qui ont été préalablement réalisées. Selon Julien Pavillard, directeur des Événements et de l’Animation de la ville de Lyon, coordinateur général de la Fête des Lumières de Lyon, « il s’agit d’un “marché négocié sans publicité ni mise en concurrence”. C’est une procédure choisie en application de l’article R.2122-3 du Code de la commande publique. » En bref, pour des raisons artistiques ou techniques. Ici, c’est pour la création d’une performance artistique unique.
Concernant le budget 2024, par rapport à 2006, « en gros, on a multiplié par 2 le coût d’origine », précise Jacques Rival. L’architecte raconte les défis qu’il a dû présenter à la Ville de Lyon. Ils sont liés à la reconstruction de l’œuvre, à la montée du coût des matériaux et de la main-d’œuvre. Il a expliqué que « depuis les souffleries jusqu’à la structure en PVC, tout s’est avéré plus coûteux que prévu », mettant la pression sur le budget initial. Malgré tous les efforts déployés, l’œuvre est restée dans les limites financières de la collectivité locale.
Golden Hours, la boule réveil de la Fête des Lumières de Lyon 2017
Qui se rappelle de Golden Hours place des Jacobins ? Une scénographie lumineuse de Jacques Rival à la Fête des Lumières 2017.
Pour cette édition, c’est la sculpture de la place des Jacobins qui avait été mise sous cloche. Comme une boule réveil, une grosse pendule et des jeux de fumée avaient remplacé la neige…
Archizip, l’écho du film prismatique et la lumière de Lyon 2003
Retour à l’origine de la démarche de Jacques Rival. En 1999, l’architecte DPLG passe son mémoire de fin d’études à l’École d’architecture de Lyon. Sujet : les possibles éphémères. Un concept d’art immersif dans l’espace public. Au-delà des galeries d’art traditionnelles, son idée était de faire découvrir l’art au grand public, au sein même des quartiers urbains. Quelques années plus tard, l’architecte designer va pouvoir concrétiser sa vision.
En 2003, il prend l’initiative dans le quartier de la Croix-Rousse où il habite et travaille. « J’ai proposé une installation à Lyon, pour la Fête des Lumières. L’échafaudage était un média entre l’art, la lumière, le public et la ville. » Ainsi naît Archizip, sa première scénographie dans l’espace public place Colbert.
Fête des Lumières Lyon 2003, France – Archizip, place Colbert – vue d’ensemble de l’installation – Architecte designer Jacques Rival © Vincent Laganier, LZL Services
À l’extérieur, un film prismatique est suspendu sur plusieurs niveaux d’un échafaudage. Le public monte à travers. Telle une promenade urbaine, il parcourt les galeries.
À l’intérieur de l’installation, la lumière blanche se diffracte. Comme des lunettes 3D de cinéma, des effets d’arc-en-ciel se produisent sur les branches des arbres. C’était la première œuvre d’art dynamique de Jacques Rival.
Joyeux Noël et bonnes fêtes de fin d’année !
Approfondir le sujet
- Programme vintage de la Fête des Lumières Lyon 2024 pour ses 25 ans
- Fête des Lumières Lyon 2023 : Laser, mapping et sculptures
- Plus d’installations artistiques des précédentes éditions
Photo en tête de l’article : Fête des Lumières Lyon 2024, France – I love Lyon, boule à neige, lumière rose magenta, place Bellecour – Architecte designer Jacques Rival © Vincent Laganier, LZL Services