Genève Eaux-Vives, éclairage architectural en espace public
Entre Genève et le nord de la Haute-Savoie, le Léman Express est un trait d’union transfrontalier France-Suisse. Depuis décembre 2019, ce RER relie Cornavin – Eaux-Vives à Annemasse sur 16 km, toutes les 10 minutes aux heures de pointe. D’où son appellation CEVA.
La nouvelle gare souterraine Genève Eaux-Vives des Ateliers Jean Nouvel est l’une des stations principales du Léman Express. Elle est construite entièrement en sous-sol.
Longeant la rive gauche du lac Léman, la gare fait partie du centre administratif de Genève. Le site urbain comprend :
- un pôle multimodal,
- la gare CEVA,
- l’emprise du tramway,
- une voie verte d’agglomération en mode doux,
- une promenade,
- un square.
Aménagement des espaces publics de Genève Eaux-Vives
En décembre 2010, le concours pluridisciplinaire choisit l’équipe de paysagistes MSV architectes urbanistes, en partenariat avec François Gschwind, concepteur lumière de L’Atelier du crépuscule.
« Le projet paysager réinterprète la structure en bande du site, issue de la logique ferroviaire, et met en valeur trois types d’espaces aux caractéristiques d’usage et d’aménagement contrastés. »
MSV architectes urbanistes
Avenue de la Gare-des-Eaux-Vives
« L’avenue est pensée comme un parc linéaire s’ouvrant sur le parvis de la gare », décrivent les architectes paysagistes.
Autour des grands arbres, il « se détache de l’avenue par un tapis aménagé de bosquets et de bancs circulaires. »
Jardins hauts sur la dalle ferroviaire
La deuxième bande est une dalle qui couvre la tranchée ferroviaire. Des jardins hauts et affleurants alternent entre les immeubles d’habitation et les émergences de la gare CEVA.
« Les aménagements de l’esplanade définissent des jeux de coulisses plantés et des miroirs d’eau. Devant la Nouvelle Comédie, un espace s’ouvre pour des occupations festives et culturelles », synthétise MSV architectes urbanistes.
Parc linéaire et voie verte d’agglomération
Plantée de bouleaux en contrebas, la troisième bande prend la forme d’un parc linéaire, traité de manière rurale. La promenade qui accueille la voie verte d’agglomération.
Choix du concepteur lumière ACE
« La démarche innovante du concours était de planifier le vide avant le plein. Les environnements lumineux urbains nocturnes du nouveau quartier Gare-des-Eaux-Vives accompagnent la diversité des lieux et des usagers tout au long de la nuit. »
François Gschwind, concepteur lumière, L’Atelier du crépuscule
« L’éclairage public unifie qualitativement l’ensemble. Il s’adapte ponctuellement aux édifices emblématiques à forte identité lumineuse par des variations chromatiques, dans un dialogue architecture-espaces publics. »
François Gschwind, concepteur lumière, L’Atelier du crépuscule
Mâts d’éclairage public spéciaux et vélum lumineux
Une gamme de mobilier d’éclairage public minimaliste a été conçue pour ce quartier. Elle s’accorde parfaitement avec les gabarits architecturaux et végétaux du site.
Pour remplacer les imposants mâts classiques gris clair rétreint genevois, de grands mâts spéciaux cylindriques pour les TPG (Transports publics genevois) ont été conçus. Ils s’accordent en forme et en couleur RAL avec ceux du projet urbain.
Des socles spéciaux carrés en acier sont également prévus pour implanter les mâts sur la dalle béton de l’esplanade. Enfin, des mâts à rainures mutualisés sont utilisés pour la signalétique et les feux de circulation.
L’uniformité d’éclairage des chaussées et de la voie verte laisse la place à des touches de lumière semi-extensives ou intensives pour le reste des espaces publics. Des zones de pénombre relative créant des ambiances urbaines intimes.
Éclairage architectural chromatique et théâtral
Point d’orgue du site et du projet lumière, l’esplanade Alice-Bailly est « traitée dans sa largeur par un dégradé de teintes chaudes jusqu’à des lumières ambre et rouge sur le parvis de la Comédie », décrit François Gschwind.
« Silhouette vitrée illuminée de rouge à l’intérieur par l’agence 8′18″, ses trois entrées sont signalées par un éclairage blanc à effet de découpe scénique et une trame de balises rouges. Elle se dédouble parfaitement à l’intérieur par reflet sur le verre. » Un travail sur la notion de seuil, aux frontières du dehors et du dedans, qui s’accorde bien avec un théâtre qui se veut accueillant et ouvert sur la ville.
La température de couleur est de 3000K pour les chaussées, les voiries du tramway, les trottoirs et les espaces publics, et de 3000 à 2700K et de couleur ambre pour l’esplanade. La rampe le long de la Comédie est éclairée uniformément à l’aide de cinq projecteurs à couteaux.
Des accentuations chromatiques ponctuelles et sporadiques ponctuent le site :
- en bichromie ambre-bleu pour le parc Agasse Weber,
- blanc froid pour les parvis des émergences CEVA,
- bleutées pour la place de la Gare.
Pilotage lumière DALI des espaces publics in situ
L’ensemble de l’installation LED possède une gestion point par point, via une interface DALI juste entre le luminaire et le contrôleur. Un module fixé sur chaque mât permet :
- le réglage in situ de l’intensité des luminaires,
- la programmation horaire des abaissements et l’extinction.
Le réseau sans fil formé par les contrôleurs communicants peut être utilisé pour la télégestion :
- programmation,
- détection de pannes,
- récupération et analyse des mesures,
- contrôle des luminaires.
Ainsi, il est possible de revenir sur les réglages et de les adapter aux usages dans le temps à distance.
Approche environnementale en éclairage urbain
François Gschwind résume en dix points les mesures de son « approche environnementale intégrée ».
- Mutualisation des mâts.
- Pollution lumineuse : tous flux dirigés vers le bas, projecteurs équipés de casquettes.
- Prise en compte des importants flux émis par parois et toitures des émergences CEVA pour limiter l’éclairage public à leurs abords.
- Allumage sur sonde crépusculaire.
- Réduction de certaines intensités sur trottoirs à 20 % en régime de soirée et abaissement général à 50 % minimum après 22 h.
- Éclairages d’illuminations en couleur qui s’éteignent à minuit (Comédie), d’autres sont programmés en semaine seulement une heure chaque soir, aléatoirement (parc Agasse Weber) : un projecteur blanc se substitue à eux.
- Éclairage sur les végétaux limité et majoritairement dans des teintes chaudes ambrées en vue d’un respect de la faune et flore nocturnes.
- Luminaires semi-intensifs de la place de la Gare éclairant dans une même scénographie l’espace public paysager et la chaussée, dans une volonté de valoriser cet espace comme étant avant tout piéton.
- Rallumage en enfilade des luminaires de la voie verte par détection de présence.
- Lumières passives (reflet des sources lumineuses diurnes et nocturnes sur le dôme inox des clous à leds de balisage de la voie verte d’agglomération) et virtuelles (reflet des balises rouges dans les baies vitrées).
Planning de l’aménagement urbain
Les études d’avant-projet sommaire ont démarré en 2012, suivies de celles du projet en 2013-2017, pour amener aux appels d’offres pour le chantier en 2018. Les travaux d’éclairage s’étendaient jusqu’en juin 2021, date de l’allumage de la première tranche du site, l’objet de cet article. La deuxième tranche jusqu’à la rue Berthe-Vadier est prévue pour 2025.
Approfondir le sujet
- Concepteurs lumière : appel à candidatures Prix de l’ACEtylène 2022
- Prix de l’ACEtylène 2021 : surface et conception lumière
- ACE – Association des Concepteurs lumière et Éclairagistes
Photo en tête de l’article : quartier Genève Eaux-Vives, esplanade Alice-Bailly, éclairage architectural, Suisse – Prix ACEtylène 2021 – Concepteur Lumière François Gschwind, L’Atelier du crépuscule © Michel Djaoui
Contact
François Gschwind
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Équipe du projet
Lieu
- Genève Eaux-Vives
- Genève, Suisse
Livres
Éclairage et lumière du IIIe millénaire, 2000-2050, un livre collector
Le phénomène éclairage a vécu une mutation. Ville, architecture, conception lumière, pollution lumineuse... Qu'en sera-t-il demain ? |