Guillaume Pinard : un trou dans le décor à Quimper
De nos jours, il est rare qu’un artiste travaille autant le contenu que la scénographie de ses œuvres. Voici un bel exemple conçu par Guillaume Pinard pour Le Quartier dans le centre de Quimper, en Bretagne. Retour de visite pendant la Nuit des Musées 2015.
En enfilade, quatre salles d’exposition s’enchaînent. Chacune est traitée à sa manière par l’artiste.
« Ainsi, très tôt, ai-je commencé à considérer les œuvres d’art comme des portes et je peux affirmer que c’est à leurs seuils que je cherche encore à me tenir ».
Guillaume Pinard
Première salle
A même le mur, quatre dessins muraux sont réalisés au fusain. Ils sont inspirés de :
- la peinture de Pierre Paul Rubens, La chute des damnés,
- la version de Charles-Emmanuel Biset, dans un mouvement inversé.
Ici, elles créent comme un trou dans le décor.
De chaque côté des murs latéraux, de petites portes ferment l’univers. Deux projecteurs halogène en lèche mur laissent les fresques volontairement dans l’obscurité.
Deuxième salle
Quatre photographies d’une sculpture de lutteurs, de quatre points de vue différents, jouent du décor de l’école des beaux-arts de Rennes en arrière-plan.
Elles font face à quatre écrans de petite taille. Ils diffusent en boucle des manipulations du corps. Contraste entre statique et dynamique. Parfois violent, toujours surprenant.
Autour de la colonne existante dans la galerie, l’artiste ajoute un praticable et un piédestal. Sur ce dernier, il place un livre ouvert.
Sur la couverture, un semblant de décor de théâtre éclairé en latéral haut.
A l’arrière, une maquette d’échafaudage en bois est illuminée en contre-jour par un projecteur. Il découpe une ombre nette sur le sol.
Hommage simple à la maison de Rubens tandis que la salle se diffuse dans l’halogène.
Petite salle
Transition. Une modélisation 3D en rotation est projetée. Elle dévoile l’endroit et l’envers d’une statue antique.
Troisième salle
Changement d’ambiance. Un éclairage uniforme par des tubes fluorescents blanc froid annule toutes les ombres.
Sur un socle trop large, une sculpture de sanglier en tuffeau accueille le visiteur. Le dispositif rend la sculpture inaccessible au toucher.
Dans l’angle opposé, soixante bas-reliefs au fusain créent une impression de mémorial. Ils sont issus de la colonne de Trajan de 44 mètres à Rome.
A hauteur d’homme et sans réalité augmentée, la scénographie rend accessible ces fresques. Pour autant, la luminance des tubes fluorescents perturbe la vision de l’œuvre.
Quatrième salle
En écho au rituel de décollation, toutes les techniques graphiques, de la peinture à la sculpture, sont utilisées par Guillaume Pinard.
Même éclairage non intégré et distrayant tandis que le propos aurait permis une autre mise en lumière.
La partie la plus impressionnante est sans aucun doute les quatre dernières sculptures. Placées en enfilade, leurs têtes sculptées s’expriment dans plusieurs styles artistiques.
Approfondir le sujet
Lieu
- Le Quartier
- Esplanade François Mitterrand, Quimper, France