Hellfest 2024 : Robe Lighting maître de l’éclairage scénique
Du 27 au 30 juin 2024 a eu lieu la 17e édition du festival de musique rock et heavy metal Hellfest à Clisson. Depuis sa création en 2006, il est devenu le plus grand événement musical en France, attirant des centaines de milliers de fans du monde entier.
Hellfest, un marathon technique en éclairage scénique
Pour cette édition, plus de 200 groupes se sont produits sur l’ensemble des 6 scènes. Un véritable défilé où les groupes musicaux se succèdent en continu de 10 h à 2 h du matin, pour le plus grand bonheur des festivaliers.
Le Hellfest se distingue par sa programmation mettant en avant des groupes de hard rock et de métal sur ses deux scènes principales, et d’autres sous-genres sur quatre autres scènes. Le festival a accueilli des légendes comme Iron Maiden, Metallica, et Guns N’ Roses. En plus de son impact musical, il génère des retombées économiques importantes pour la Loire-Atlantique et renforce l’image du pays comme une destination majeure pour les événements de musique live. Cette année, il a accueilli environ 240 000 spectateurs sur quatre jours.
Pour garantir le succès de cet événement d’envergure, les organisateurs n’avaient pas d’autre choix que de s’appuyer sur des prestataires de qualité et de confiance :
- le groupe B LIVE, responsable des deux scènes principales, nommées MainStages 01 et 02, ainsi que la scène Warzone.
- la société Audiolite, qui supervise trois autres scènes (Temple, Altar et Valley).
Ils ont su s’équiper de produits de grande qualité, dont les projecteurs de la gamme Robe, profilés pour ce marathon technique. J’ai eu la chance de croiser ces principaux prestataires techniques ainsi que Franck Veber, responsable régional de Robe Lighting France, et de les interviewer tous les trois. Comment ont-ils fait ce choix de projecteurs calibrés pour ce type d’événement ?
Ensemble, ils jouent un rôle essentiel dans la création de l’atmosphère immersive de ce festival, en utilisant des technologies de pointe pour magnifier les performances des artistes et offrir une expérience inoubliable aux spectateurs.
Rencontre avec Cyrille Dupont du groupe B LIVE
Quel est ton métier au sein du groupe B LIVE ?
Cyrille Dupont : Je suis chef de projet lumière et éclairage au sein du groupe B LIVE, basé à Nantes, sur le site de Carquefou. Mon travail consiste principalement à élaborer des plans techniques, à dresser des listes de matériel, à coordonner les équipes et à assurer le lien et l’accompagnement des clients dans leurs choix techniques.
En parallèle, je continue de m’investir dans mes anciennes activités de concepteur lumière, ce qui me permet de collaborer avec des artistes comme AllttA, Kery James et bien d’autres. Cette activité parallèle est essentielle pour moi, car elle me permet de rester actif, à la pointe des nouvelles technologies et des tendances du secteur.
Quelle est l’histoire entre le festival et le groupe B LIVE ?
Cyrille Dupont : Historiquement, avant de devenir le Hellfest tel que nous le connaissons aujourd’hui, le festival a débuté sous le nom Furyfest en 2002. Les principaux prestataires techniques historiques des grandes scènes étaient la société Melpomen pour le son et la société MES (Music Event Service) pour la lumière. C’est en 2006 que le Furyfest est devenu le Hellfest, et c’est en 2013 que Melpomen a fait l’acquisition de la société MES. Pour finir, la société Melpomen a intégré le groupe B LIVE en 2017. Cette intégration a permis au Hellfest de bénéficier de l’expertise et des ressources techniques supplémentaires du groupe B LIVE, contribuant ainsi à son développement et à son rayonnement international.
Quelles sont tes approches techniques et artistiques sur les deux main stages ?
Cyrille Dupont : Le travail sur ces grandes scènes commence avant tout par un accueil technique. Le festival laisse une liberté totale aux têtes d’affiche pour installer leur propre matériel ou leur kit lumière de tournée. Ainsi, la partie la plus contraignante pour nous est d’accueillir les designers chaque jour, sur chacune des deux scènes. Si, comme l’an passé, nous devons démonter l’ensemble du kit existant pour permettre au groupe Kiss d’installer son propre kit lumière, nous le faisons. Nos équipes travaillent donc en rotation 24 heures sur 24 pour répondre à ces exigences.
Plutôt que de mettre l’accent sur des choix artistiques, ma démarche s’est concentrée sur des choix techniques et une organisation rigoureuse. Le volet artistique n’est pas l’objectif principal de mon travail sur ces deux grandes scènes du festival. C’est une véritable démarche d’organisation technique.
Sur le plan technique, la puissance des sources lumineuses est cruciale, notamment pour le pont central face à 15 mètres et le premier pont lumière à 13 mètres, nécessitant des machines haut de gamme avec un flux lumineux optimal. Une autre contrainte est de maximiser l’utilisation du parc machines de B LIVE, ce qui souligne l’importance de mon rôle en tant que chef de projet. Par exemple, en 2022, j’ai proposé d’intégrer des ponts de type PRT pour bénéficier de matériel précâblé sur chariots à roulettes, augmentant ainsi notre efficacité lors du montage et du démontage des kits lumière.
Quels ont été tes choix de projecteurs pour répondre aux contraintes de temps ?
Cyrille Dupont : D’abord, mon choix s’est porté sur le projecteur iForte pour l’éclairage de la face et des zones IAMG. Je voulais utiliser le même produit sur ces deux espaces pour faciliter et gagner du temps à l’encodage, mais aussi parce que ces deux zones sont soumises aux intempéries, donc je voulais des machines de type IP pouvant y résister.
J’ai également choisi un bon projecteur hybride dans le parc lumière, le BMFL WashBeam, qui est très puissant. J’espère pouvoir le transformer en projecteur iForte LTX d’ici un an ou deux. Cette machine est très satisfaisante et idéale pour couvrir l’ensemble du plateau. En raison de contraintes de quantité, j’ai dû compléter le kit sur la MainStage 2 avec des BMFL Blade, tout aussi satisfaisants et équivalents en matière de zoom et de trichromie.
Mes choix se sont orientés vers des machines fiables parce que, comme nous, elles fonctionnent en continu pendant les quatre jours de festival.
Quel est ton avis sur l’utilisation des RoboSpots et des projecteurs associés BMFL FollowSpot LT ?
Cyrille Dupont : Ils sont vraiment très bien. Cela fait trois ans que nous utilisons ce système. En 2022, le festival a décidé de ne plus installer de grosses tours à la face pour accueillir des poursuites.
À la place, ils ont mis de grands mâts parfaitement intégrés à la scénographie du Hellfest et pouvant supporter les projecteurs BMFL FollowSpot LT, qui sont au nombre de neuf. Toutes les têtes d’affiche que nous accueillons sont habituées à ce système, et très souvent, c’est ce type de dispositif qui est demandé dans leurs fiches techniques. J’espère que l’an prochain, nous aurons la chance d’utiliser les nouvelles technologies avec les iForte LTX FS.
Quel est ton avis sur les lyres iForte ?
Cyrille Dupont : La grande qualité du produit iForte réside dans son indice IP65, mais aussi dans sa puissance de 50 000 lm, un IRC compris entre 80 et 90 et un blanc variable de 3 000 à 6 700 K, ce qui est parfait pour les reprises vidéo dans le cadre du festival. C’est une machine idéale. Je n’ai pas grand-chose à ajouter à ce sujet, zéro problème sur les quatre jours du festival.
Que penses-tu des lyres BMFL WashBeam ?
Cyrille Dupont : Pour moi, le BMFL WashBeam est un véritable hybride avec lequel on peut réaliser un vrai wash ou un vrai beam. Ce projecteur est également très puissant avec ses 41 000 lm (300 000 lux à 5m) et une lampe qui n’est pas à LED, mais une HPI de 1 700 W. Il est équipé d’une série de gobos très intéressante et d’une trichromie très cohérente.
Si je devais trouver un point négatif, ce serait la chaleur dégagée, ce qui n’a pas été un problème cette année, mais l’an dernier, avec la canicule, nous avons parfois eu des temps de latence au démarrage des machines. Cependant, c’est un problème assez classique, voire physique, sur ce type de lyre équipée de lampes à décharge.
Sur la scène Warzone, nous avons utiliser un kit de 14 Robin Esprite et 12 Robin Pointe.
Rencontre avec Sylvain Turpin, Audiolite
Quel est ton rôle dans la société Audiolite ?
Sylvain Turpin : Je suis codirecteur de la société Audiolite Sonorisation depuis presque 10 ans, chargé de la prestation et de la location. Notre entreprise a plus de 25 ans d’expérience dans l’accompagnement de projets d’équipements scéniques, tant pour la vente que la location. Notre motivation repose sur le travail en équipe, la sélection rigoureuse de matériel sans compromis, et une bonne dose d’enthousiasme, toujours associée à la passion pour nos métiers.
Depuis quand ta société participe-t-elle au Hellfest ?
Sylvain Turpin : Nous sommes présents sur le festival depuis environ une dizaine d’années. Au début, nous nous occupions d’une seule scène. Petit à petit, nous avons élargi notre participation. Aujourd’hui, nous gérons le son et la lumière sur trois scènes très typées d’un point de vue musical. Altar et Temple sont des scènes death metal et black metal pour les fins connaisseurs. La scène Valley est un peu plus stoner, voire rock plus cool.
Quels sont les défis techniques sur tes trois scènes ?
Sylvain Turpin : D’un point de vue technique, il y a plusieurs choses. La première est la liste matérielle qui est faite en fonction de ce qu’il y a dans le parc et de ce qui est dispo au moment du festival. Dans un deuxième temps, cette liste est présentée à trois concepteurs lumière, avec un cahier des charges différent. Pour chacune des scènes, ils font un design. De fait, chacune a ses spécificités.
C’est vrai qu’il y a la Vallée où l’on est sous tentes en dôme ou en arche. Effectivement, c’est toujours un petit peu au millimètre près pour positionner les machines, pour être sûrs de rester dans les contraintes du cahier des charges. Ce travail de conception est confié à Guillaume Tromelin.
Pour ce qui est d’Altar, c’est un peu plus spécifique. On accueille un peu moins d’éclairagistes, Maxime Saint Bonnet est le concepteur historique pour cette scène, et il peut un peu plus faire ce qu’il veut.
La scène Temple accueille plus d’éclairagistes. Là, le design est un peu plus standard, avec des linéaires de pont, et cette scène est gérée et designée par Kevin Gorse. Il a fait évoluer le concept d’année en année.
Pour ces trois scènes, les plans de feux sont soumis à la production du festival, qui valide généralement sans discuter.
Comment tes choix de projecteurs répondent-ils aux exigences du terrain ?
Sylvain Turpin : De chez Robe, on a un projecteur Forte et un projecteur MegaPointe. Pour être plus précis, sur la scène Valley, a installé 24 projecteurs MegaPointe. Sur la scène Altar, nous avons 12 sources MegaPointe et pour finir, sur la scène Temple, 12 projecteurs MegaPointe et 18 projecteurs Forte.
Qu’en est-il des projecteurs MegaPointe ?
Sylvain Turpin : La MegaPointe est une machine que l’on ne présente plus aujourd’hui. Elle permet de faire des faisceaux serrés de type beam, mais aussi de fonctionner en mode spot avec une ouverture plus large et une belle trichromie. Elle est particulièrement intéressante pour sa grande polyvalence, offrant ainsi satisfaction à chacun.
Dans le cadre du festival, bien que les scènes ne soient pas immenses, son utilisation en mode spot reste très efficace. Ce qui me vient à l’esprit en premier, c’est vraiment sa polyvalence. De plus, elle a la particularité d’être légère, ce qui est important pour des structures de type dôme comme la scène Valley, qui est contrainte techniquement par sa charge d’accroche. C’est un super outil.
Malgré le fait qu’elle soit sortie en 2017, la MegaPointe n’a pas encore été détrônée et reste omniprésente. Sûrement parce qu’elle est fiable, mais aussi parce que le service de maintenance est toujours réactif et rapide sur ce type de produit. Je pense qu’elle a encore de belles années devant elle.
Pourquoi as-tu choisi le projecteur Forte ?
Sylvain Turpin : Le projecteur Forte n’a rien à voir avec le MegaPointe. C’est une machine beaucoup plus puissante. Presque trop grosse pour ce type de scène. Mais ça passe encore, parce qu’en matière d’encombrement, elle reste raisonnable.
On en a installé 18 sur la scène Temple parce que c’est là qu’on a le plus d’accueils d’éclairagistes. Donc c’est une machine de référence que tout le monde connaît aujourd’hui. Nous avons eu la chance de les avoir quasiment parmi les premiers en France. Cela date de 2020 je crois ; c’est comme le MegaPointe, c’est une machine extrêmement fiable. Ce sont un peu les références, et on va facilement les utiliser dans tous les festivals, parce qu’on sait que c’est ce qu’on a dans le parc chez Audiolite. Et puis c’est aussi ce qui est demandé et accepté par la majorité de nos clients. Le retour de nos utilisateurs est que cela fonctionne et que c’est une machine de référence aujourd’hui.
C’est vrai que par rapport à d’autres fabricants plus exotiques, on sait qu’on a quelque chose de qualitatif, qui est reconnu et qui pour nous, prestataires, est une machine fiable. De plus, aujourd’hui, avec l’évolution de la gamme iForte machine IP, ce produit a lui aussi de beaux jours devant lui.
Rencontre avec Franck Veber de Robe Lighting France
Quel est ton poste au sein de Robe Lighting France ?
Franck Veber : La société Robe vient de fêter ses 30 ans cette année. Elle a été fondée par Ladislav Petrek et Josef Valchar et est située à Valasske Mezirici, en République tchèque. Je suis responsable régional dans le secteur nord, Grand Ouest Bretagne depuis plus de 5 ans.
Comment ce festival permet-il d’améliorer tes produits ?
Franck Veber : Comme tous les autres festivals et événements où nos machines sont présentes, le Hellfest a joué un rôle crucial dans le développement et l’amélioration de nos produits. Les retours du terrain de la part des utilisateurs ainsi que les échanges avec certains techniciens et concepteurs ont permis à notre département R&D d’entendre des demandes spécifiques et d’apporter des modifications et améliorations nécessaires. Effectivement, des événements comme le Hellfest, que l’on peut considérer comme un véritable marathon de l’extrême pour nos produits, mettent nos machines à rude épreuve et soulignent l’importance de ma présence pour recueillir ces précieuses informations.
Je ne sais pas si ma présence est importante, en toute modestie, mais vu que lors de ce festival nous avons fait des premières mondiale (Robospot en Réseau, BMFL LT sur réseau fibre déporté à 70 m de la station. Possibilité de passer d’une scène à l’autre en 30 s. Cela ne se faisait pas avant). C’est au cours de nos nombreuses rencontres, discussions, ou Vincent Bouquet en tant directeur technique de Robe m’a assisté. Ca a permis de faire remonter des informations au siège et à la R&D en particulier. S’en est suivi d’autres festival mais le Hellfest 2019 fut le premier d’une nouvelle ère.
La présence de tes machines a-t-elle permis à la marque de gagner en notoriété ?
Franck Veber : Ce n’est pas le festival en soi qui fait notre réputation, mais plutôt le fait que les prestataires aient confiance en nos produits parce qu’ils répondent à leurs exigences. Certains prestataires m’ont confié qu’ils ne réalisaient la maintenance qu’à la fin de l’été. Il est donc crucial que nos produits accumulent le moins de poussière possible et continuent à fonctionner de manière optimale.
J’ajouterai peut être que le festival nous a fait confiance car, l’idée première a été validée par les prestataires auprès du Hellfest. Ils permettent des accueils plus rapide, et des réponses aux demandes des artistes en optimisant la technique et l’humain.
Que ce soit chez B LIVE ou Audiolite, les responsables m’ont dit que leurs machines repartaient directement sur d’autres festivals sans passer par un dépôt. Elles doivent donc fournir le maximum en matière de luminosité et de fiabilité pour toute la saison. C’est cette performance continue qui renforce la notoriété de notre marque.
Hellfest, un marathon musical lumineux
La 17e édition du Hellfest a confirmé son statut de plus grand festival de rock et de heavy metal. Grâce à des prestataires techniques de renom comme Audiolite et B LIVE, l’événement a offert une expérience visuelle et sonore exceptionnelle. Les projecteurs de la gamme Robe tels que l’iForte et le BMFL WashBeam ont été essentiels pour répondre aux exigences techniques et climatiques du festival. Les témoignages des professionnels et l’amélioration continue des produits soulignent l’importance de la fiabilité des machines, et l’innovation technologique contribue grandement au succès de ce véritable marathon musical.
Photo en tête de l’article : Hellfest 2024, Clisson – Main stage, éclairage scénique en concert de musique rock et heavy metal – Prestataire technique B LIVE – Robe Lighting © Jean-Luc Poumarat
Contact
Robe Lighting France SASFranck VEBER
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Équipe du projet
Lieu
- Hellfest Festival
- Clisson, France
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