Hiroaki Umeda : Repulsion + Particles, entre lumière et danse
La salle Maxi de Stereolux à Nantes était comble, au soir du 24 novembre, pour assister à la représentation des oeuvres du chorégraphe Hiroaki Umeda.
Deux moments, deux représentations articulées autour de la danse et d’une musique expérimentale, composée de sons électroniques gutturaux emmenant les spectateurs dans un univers sonore palpable et transcendant, donnant le tempo à d’ingénieuses chorégraphies effectuées seul ou en trio, elles-mêmes en synchronisme total avec des créations graphiques lumineuses élaborées sur mesure.
Repulsion
Tout commence par Repulsion, une pièce écrite pour trois danseurs, où la technologie cède le pas à une démonstration magistrale des formes d’attraction et de répulsion présentes dans la danse hip-hop, ici confrontée à la danse contemporaine. Les mouvements fluides succèdent aux gestes saccadés, le rapport au corps et à la musique est subtilement calibré, et seules de délicates variations de couleur et d’intensité lumineuse vont accompagner les mouvements des danseurs qui nous captivent, nous spectateurs, déjà happés par les sphères sonores électroniques exaltantes.
Particles
Le court entracte ouvre sur la seconde partie de soirée, Particles. Seul sur scène, Hiroaki Umeda danse au travers d’un univers de particules en projection vidéo sur la scène et le fond de scène, synchronisées sur une atmosphère sonore dans la lignée de Repulsion, si riche et si puissante qu’elle vous transperce sans crier gare. Les contrastes, tant sonores que visuels, sont forts et n’ont de cesse de rompre les rythmes qui cherchent à s’établir, la concentration est maximale.
L’alchimie opère entre la musique et les motifs graphiques. Hiroaki Umeda, noyé dans un univers en perpétuel mouvement, est à peine visible. Il ne se dévoile réellement qu’aux moments où les particules inondent les surfaces, qu’aux moments précis où la musique est à son intensité maximale.
Les rythmes s’enchaînent et ne se ressemblent pas. La composition sonore est faite d’accélérations à couper le souffle et de moments de latence semblant avoir pour unique vocation de nous préparer au prochain décollage supersonique. Sur cette cadence hachée se superposent les motifs créés par le chorégraphe. Ondes lumineuses aux turbulences incessantes, elles tiennent la mesure et s’adaptent à la gestuelle du danseur, dans un ballet de formes et de figures déconcertant qui laisse au spectateur la liberté de l’interpréter.
La composition est magistrale : de la lumière, de la danse et de la musique, Hiroaki Umeda en dresse un mélange haletant, singulier et envoûtant, qui tient en haleine les spectateurs jusqu’au coup de grâce.
Une réussite incontestable, vécue et ressentie par cet unique instant où, libéré d’un spectacle hypnotique par la note finale, chacun s’aperçoit qu’il peut enfin reprendre sa respiration.
Dans la technique de vidéoprojection et de synchronisation graphique et gestuelle, l’œuvre de Hiroaki Umeda n’est pas sans rappeler celle de Mourad Merzouki.
Hiroaki Umeda
Né au Japon en 1977, Hiroaki Umeda vit et travaille à Tokyo. Après des études en photographie à la Nihon Université – College of Art, il s’intéresse à la danse à l’âge de vingt ans et décide alors de monter ses propres spectacles.
Il fonde sa compagnie – S20 – et crée les pièces Ni (2001), While going to a condition (2002), Looming (2003) et Finore (2003) qu’il a présentées dans des festivals de danse internationaux attentifs aux formes émergentes et aux esthétiques radicales : Japan Danse Festival (Corée), Yokohama Danse Collection (Japon), Uovo e Contemporanea (Italie), FINDE Festival (Canada).
Repéré en France à l’occasion des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis (2002) et de la Biennale nationale de danse du Val-de-Marne (2004), Hiroaki Umeda trouve la reconnaissance publique et professionnelle lors de son passage au Théâtre National de Chaillot en janvier 2007, avec notamment la création d’une nouvelle pièce intitulée Accumulated Layout : rencontre entre sa gestuelle singulière et la lumière, véritable matériau scénographique.
En mars 2007, Hiroaki Umeda a présenté à Via, festival inter-frontalier entre Maubeuge et Mons, la dernière version de Duo, solo conçu comme une confrontation entre l’interprète et son image. Artiste dorénavant habitué aux scènes internationales, il est présent sur des scènes françaises et européennes à l’invitation de salles et d’événements prestigieux comme TonioDanza, Culturgeist à Lisbonne et la Biennale de danse de Lyon.
Hiroaki Umeda revient à Stereolux après un passage au Festival Scopitone en 2008 et la présentation d’une de ses dernières créations « Split Flow » en novembre 2014 en coproduction avec Stereolux.
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Lieu
- Stereolux
- Nantes, France