Hiroaki Umeda, Roy Assaf et Benjamin Millepied en lumière à Lyon
Par ordre de passage sur scène, Hiroaki Umeda, Roy Assaf et Benjamin Millepied présentent chacun un ballet.
Peripheral Stream – Création 2014 de Hiroaki Umeda
Comme à son habitude, deux écrans sont placés en L. L’un est au sol. L’autre en fond de scène. Il cadre ainsi le plateau.
Pour cette pièce, quatre danseurs sont habillés en noir. Ils contrastent avec l’écran immaculé de blanc.
Chorégraphie, son, image et création lumière : Hiroaki Umeda
Les projections vidéos sont constituées de plusieurs trames blanches sur fond noir :
- lignes, droites ou courbes,
- grilles, orthogonales ou courbes.
Ces trames projetées sont en constante vibration. L’effet est proche d’une vision stroboscopique. Parfois, c’est dérangeant visuellement.
D’autres moments sont étonnants. Comme la dilatation de l’espace lorsque la distance entre les lignes s’espace ou se rapproche. Pas de répit, la morphologie du plateau change continuellement.
L’éclairage est blanc froid. Deux ambiances alternent durant tout le spectacle.
- En douche : inondant la scène d’un halo de lumière lorsque la projection vidéo est peu ou pas présente.
- En latéraux : à 1,5 mètre du sol, ne touchant pas le plateau. Comme si les danseurs évoluaient sans toucher terre.
Le son est sur mesure. Par petite touche. Aux limites de l’audible. Toujours juste. Jamais assourdissant trop longtemps.
J’avais vu en 2012 lors de la dernière Biennale de la Danse à Oullins : Holistic Strata. Pièce pour un solo de Hiroaki Umeda. La synchronisation entre les projections vidéo, les mouvements et les lumières étaient plus justes de mémoire.
À la fin, ce spectacle est un choc visuel, une performance qui laisse sur sa fin.
Selfie Hiroaki Umeda
http://www.youtube.com/watch?v=2AwzzXf_4dk?rel=0
II Acts for the Blind – Première mondiale 2014 de Roy Assaf
Autre univers. Pendant le quart d’heure de l’entracte, la salle s’envahit progressivement de fumée légère. Lorsque le rideau s’ouvre, on découvre une brume sur scène. Le plateau est nu ou presque. Au centre, un carré blanc en gaffer et dix douches PAR blanc froid matérialisent l’espace de jeu. De part et d’autre, une ambiance diffuse verdâtre est constituée de quatre horizïodes, toujours en douche. Trois découpes de face réduisent les contrastes sur les danseurs éclairés en douche.
Création lumière de Omer Sheizad
Au fur et à mesure du spectacle, sur un morceau de piano, la danse est mouvement au sol, debout ou en groupe. Parfois saccadée, presque robotique, elle se joue de notes d’humour ou de sensualité.
Des latéraux diagonaux PAR, des douches ponctuelles blanc chaud sculptent les corps selon la position des danseurs. Telle la répétition d’un spectacle sans parole, on assiste à une chorégraphie millimétrée, calée sur l’espace carré.
Au milieu du ballet, un acteur vient s’installer côté cour avec un triangle à la main. Ting ! Avec ses explications en anglais sous-titré, les danseurs s’habillent en tenue de ville. Ils refont le spectacle à l’identique.
Une histoire est soudainement contée. Les mouvements des danseurs vus précédemment sous l’angle de la danse prennent un autre sens. Ils deviennent une représentation théâtrale avec une voix Off. Belle performance qui tourne en dérision le mouvement, non sans humour et délicatesse.
Hearts and Heroes – Première mondiale 2014 de Benjamin Millepied
Comme un film noir et blanc, la scène s’ouvre sur un tapis noir. Très graphiques, les danseurs en marche créent des impressions de ralenti. La lumière classique d’un plateau de danse en blanc froid : latéraux haut et bas et douche, l’ensemble en blanc froid.
Création lumière de Roderick Murray
Les danseurs sont vêtus d’un débardeur blanc en haut. En bas, il s’agit d’un cycliste carrelé noir et blanc pour les hommes et d’une jupe du même tissu pour les femmes.
Les scènes s’enchaînent très vite avec une légère pénombre entre deux. Changement d’ambiance à chaque scène, voire pendant l’action chorégraphique.
Deux contre-jour HMI puissants et quelques latéraux sculptent alors les mouvements des danseurs.
Le fond de scène de velours noir s’ouvre sur un cyclo blanc froid. Le cadrage panoramique horizontal est de 2,5 m environ de hauteur sur toute la largeur de la scène.
Latéraux blanc froid sur la scène auxquels s’ajoute une douche blanc chaud sur le cercle des danseurs. Le cyclo passe en blanc chaud.
Puis le rideau noir masquant le haut du cyclo part dans les cintres. Progressivement, les pendillons disparaissent. C’est l’envol de toute le cadre de scène qui se produit sous nos yeux. Un mouvement ascendant lent des pendillons vers les cintres selon trois plans du lointain à la face.
Les coulisses deviennent alors visibles pendant que les danseurs continuent l’action. Le cyclo s’élève également dans les cintres pour laisser apparaître le mur du fond de scène en béton de la Maison de la Danse.
La lumière continue de changer très rapidement d’une scène à l’autre. Ce qui rompt avec la plénitude des violons de la musique classique diffusée. Quel ballet rafraîchissant !
Intermittents du spectacle
Dans le programme de la représentation et au début du spectacle, un message était diffusé en off pour soutenir le combat des intermittents du spectacle. Sans lumière sur scène, il n’y aurait pas de représentation scénique. Que ce billet soutienne la profession en France pour défendre son statut.
« Musiciens, artistes, comédiens, réalisateurs, électriciens, techniciens du son, régisseurs, maquilleuses, chorégraphes, chanteurs…
Un intermittent du spectacle est un artiste ou un technicien qui travaille par intermittence, une alternance de période d’emploi et de chômage, pour des entreprises :
- du spectacle vivant,
- du cinéma et
- de l’audiovisuel.
Si le régime de l’intermittence disparaît, c’est plus de 900 métiers qui sont concernés. Un artiste ne choisit pas d’être intermittent tout comme un instituteur ne choisit pas d’être fonctionnaire. Il s’agit aujourd’hui de se battre et de défendre ces métiers, pour vous permettre de continuer à :
- aller au cinéma,
- regarder la télévision,
- aller voir des spectacles, des concerts, et vous rendre à des festivals.
Sachez que le spectacle auquel vous allez assister n’aurait pas eu lieu sans les intermittents. Alors gardez les yeux ouverts sur ce qui se passe actuellement et parlez-en autour de vous.
Soutenez-nous. Soutenez la Culture ».
Approfondir le sujet
Lieu
- Maison de la Danse
- Lyon, France