Hyper Nature, exposition Scopitone 2021 à Stereolux de Nantes
Pour cette nouvelle édition, le festival Scopitone 2021 présentait un parcours à sens unique dans le bâtiment même de Stereolux. Hyper Nature abordait la nature et la technologie, sous de multiples formes. Toutes les installations étaient présentées dans une boîte noire. Dans quelles œuvres du programmateur, Cédric Huchet, la lumière était un élément-clé de l’émotion ? Voici nos coups de cœur vus à Nantes.
Supraorganism, de Justine Emard
Sur la scène de la salle Maxi de Stereolux, Justine Emard rend hommage aux abeilles et à leur intelligence.
« Je me suis inspirée d’un répertoire de formes assez organiques. Mon idée, c’était aussi de pousser la matière visuelle, sonore et optique en travaillant le verre encore en fusion. Sur certaines nous avons ajouté du bicarbonate de soude pour créer des bulles, sur d’autres de la matière. »
Justine Emard, artiste
Selon le comportement de ces insectes pollinisateurs, avec une intelligence artificielle et des capteurs de présence des visiteurs, l’œuvre interagit avec le public.
« Les abeilles ont un système de communication très évolué. Elles dansent pour indiquer une direction, une distance et s’orientent face au soleil. Chaque sculpture est comme un soleil d’un système solaire imaginaire. »
Justine Emard, artiste
L’éclairage LED installé à l’intérieur sous la forme d’une couronne permet de moduler l’intensité lumineuse, la couleur et la vitesse de déplacement.
La LED bleue de contrôle technique est aussi intégrée à l’installation pour tous ces éléments et participe à l’esthétique de la création numérique.
Résolution, de Luce Terrasson
« C’est une œuvre qui joue avec la lumière et le son. Elle va interroger leurs propriétés. L’installation se compose de deux barres lumineuses en rotation face à un mur, en apparence blanc. Quand on passe devant ce mur, on peut observer une synthèse des couleurs éclairées de la lumière LED. Il y a une sorte d’aura lumineuse qui se projette en mouvement, comme une cascade de couleur. »
Luce Terrasson, designer textile
En physique, le mot « résolution » signifie la décomposition d’un corps en éléments ou de passer à un autre état. Dans Résolution, la lumière blanche des barres LED est composée de rouge, vert et bleu. Pour Luce Terrasson, « on ne les voit pas dans le spectre visible, sauf quand la présence vient éclater la lumière sur le mur en ombres colorées et mouvantes. »
Pour ce qui est du son, on peut entendre une note harmonique qui est synchronisée par rapport aux oscillations des barres et à l’intensité lumineuse sur le mur.
Picturing earth light, de Pepa Ivanova
Cartographier la lumière sur Terre chaque jour : le soleil, le ciel, les incendies, la lumière nocturne et la bioluminescente. Quelle est l’écologie de la lumière ? Pepa Ivanova montre l’impact des activités humaines sur la planète et nos écosystèmes dans son installation Picturing earth light. Les données gratuites de la Nasa sur l’eau et la lumière sont synthétisées et affichées sous forme numérique sur un panneau.
Une vidéo projetée sur le sol présente divers phénomènes apparus avec l’évolution humaine. Cela va de la création d’organismes à l’effet de la lumière rongeant la calotte glaciaire. Depuis la vue de la Terre depuis l’espace jusqu’au salon dans l’habitat, comment les choses évoluent ?
Laboratory Planet II, de HeHe
HeHe, le duo d’artistes Helen Evans, franco-britannique, et Heiko Hansen, allemande, présente une œuvre forte. Un globe terrestre est placé au centre d’un aquarium. Il est rempli d’un liquide vert qui réagissent à une lumière noire placée au-dessus.
Allégorie de l’état du monde, la planète qui tourne sur son propre axe est ici contaminée par la pollution en suspension dans l’eau. Comme dans un aquarium, les ressources sont limitées et l’être qui y habite est emprisonné dans cet espace clos qui est la Terre.
Zoryas, de Claire Williams
Comment montrer le plasma sur Terre et ressentir l’activité électromagnétique du Soleil ? Zoryas présente six formes chimériques transparentes au centre d’un grand miroir noir circulaire.
Chacune contient une matière-énergie de teinte et de structure différente, comme une enseigne en tube néon. Ici, des gaz rares du cosmos – argon, néon, krypton, xénon et hélium – subissent l’influence d’un champ magnétique placé en dessous.
Techniquement, il s’agit d’une grande bobine de Tesla. En posant ses coudes sur l’anneau qui ceinture l’installation de Claire Williams, on ressent dans son corps les vibrations des explosions solaires qui pulsent sur l’installation.
Soudain toujours, de Guillaume Cousin
Voici une installation monumentale qui matérialise la physique quantique. Guillaume Cousin, scénographe et éclairagiste, crée un flux d’air laminaire, c’est-à-dire sans turbulence, à l’aide de la soufflerie du CSTB de Nantes. À l’intérieur, il ajoute du désordre avec un flux de fumée.
Un projecteur LED à faisceau serré, doublé d’un dispositif sonore, rend l’expérience féerique. Comme une machine à remonter le temps, entre particules et méditation.
Les Aethers, de Claire Williams
De quoi est fait l’éther ? Comment matérialiser les ondes invisibles de Scopitone ? Avec l’ondoscope, Claire Williams rend concrètes les variations électromagnétiques du lieu d’exposition : SMS, appels téléphoniques, ondes radio, ondes satellites et ondes naturelles. Grâce à une antenne qui scanne le lieu et à un algorithme, huit cordelettes métalliques verticales entrent en vibration.
L’éclairage, produit par des barrettes LED blanc froid, est intégré à la vitrine, comme une lumière zénithale d’aquarium. La vibration en mouvement devient hypnotique.
Tipping Point, de Barthélemy Antoine-Lœff
L’eau à l’état solide. Un tout petit glacier artificiel est placé sous une cloche en verre. Grâce à un système de goutte-à-goutte, il est nourri sous perfusion très lentement et de manière imperceptible pour le visiteur.
Barthélemy Antoine-Lœff questionne comment stabiliser les surfaces gelées sur Terre. Un éclairage en douche bleuté et livide, tel un rayon de soleil voilé, accentue l’urgence de la situation face aux changements climatiques.
Spring Odyssey, de Élise Morin
Comment matérialiser une plante qui réagit à un stress radioactif ? Si l’invisibilité de la radioactivité est bien connue, Élise Morin propose, entre autres choses, une expérience en réalité augmentée.
À partir d’une tablette tactile, repérant les positions précises du visiteur, une scène avec des éléments en bois en 3D, le vent radioactif devient visuel. Enfin, une plante grandit au fur et à mesure que le visiteur donne de la voix.
Rios Trilogy : chapitres 1 et 2, de Laura Colmenares Guerra
Quatre éléments sur dix-neuf sculptures en impression 3D de la série Rios Sculpture sont présentés.
Elles sont produites à partir de données et informations topographiques issues du territoire sud-américain amazonien par Laura Colmenares Guerra. Placées sur des totems faits d’un plateau luminescent bleu rétroéclairé, un éclairage ponctuel blanc chaud en douche crée le contraste visuel nécessaire.
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Passengers, de Guillaume Marmin
Dans le jardin des plantes de Nantes, au cœur d’une allée de magnolias, Passengers s’implante. Un container peint en noir mat et ouvert des deux côtés. Un gigantesque kaléidoscope octogonal fait de miroirs sans tain et de lignes de LED blanches en arrière-plan. Il n’y a plus qu’à le traverser.
Dans la lignée du travail des figures de l’Op art, comme Vasarely, Soto ou Stella, voici une nouvelle expérience spatio-temporelle. Guillaume Marmin, artiste numérique nantais, proposait une expérience sonore, lumineuse et visuelle.
Les images des « passagers » sont décuplées et mises en abyme. Le dispositif de pixels linéaires à LED en mouvement permet aussi de fausser le simple effet miroir. Il donne de la profondeur à l’être humain au cœur de cette abstraction géométrique. Embarquement vers un voyage métaphysique. Bienvenus à bord !
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Lieu
- Stereolux
- Nantes, France
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