James Turrell à Paris chez Gagosian Le Bourget et Almine Rech
James Turrell à Paris est l’événement lumière de cette fin d’année. En effet, c’est à travers non pas une, mais deux expositions qu’il est présenté en France. At One, c’est dans le hall Gagosian Le Bourget jusqu’à l’été 2025. Au centre de la capitale, Almine Rech Matignon offre sa 12e exposition l’artiste. Pour tous les amoureux de la perception comme forme d’art contemporain !
« Je veux créer quelque chose vers laquelle les gens dirigeront leur attention. Ce n’est pas si différent de quand j’étais enfant dans le berceau, fasciné par la lumière que je voyais au-dessus de moi.
Nous utilisons généralement la lumière pour illuminer les objets. Ce qui m’intéresse, c’est « la matérialité » de la lumière. La lumière ne révèle pas tant qu’elle est elle-même la révélation. »
James Turrell, artiste américain du Light & Space
All Clear de James Turrell, de la série Ganzfeld
Dans l’espace principal de la galerie de Gagocian Le Bourget, James Turrel présente une nouvelle installation monumentale. Dans l’œuvre All Clear de la série Ganzfeld, les visiteurs pénètrent dans un pavillon arrondi.
Le blanc immaculé des murs se marie avec une lumière colorée émise par un écran LED et un éclairage de fond. L’absence de frontières tangibles et d’angles dans cet espace crée une expérience immersive. Elle conduit à une perte d’orientation délicieuse. Cette série tire son nom de cet effet visuel où le cerveau, face à un vide d’indicateurs de profondeur, interprète le bruit visuel comme une information tangible.
« J’ai toujours voulu créer une lumière semblable à celle que nous voyons dans nos rêves, reproduire la façon dont la lumière s’infiltre à travers nos songes, colore l’atmosphère ou révèle l’aura d’une personne. »
James Turrell, artiste américain du Light & Space
L’œuvre de Turrell suscite des sensations de désorientation des sens. Elle rappelle les moments où l’on dévale une pente enneigée enveloppée d’un manteau blanc, ou encore, alors que l’on s’élève à travers un ciel nuageux, perdu dans l’infini. Ce paysage évoque un espace interstellaire où les horizons se perdent. Ils laissent place à l’abstraction de l’algèbre booléen.
Comme dans les autres œuvres de cette série de très grande dimension présenté notamment en Suède à See Color, dans All Clear en France, l’espace se dissout à intervalles réguliers, évitant ainsi une trop grande désorientation.
Either Or de James Turrell, de la série Wedgework
À proximité, l’œuvre Either Or est la nouvelle pièce de la série Wedgework. Elle révèle une autre dimension de l’interaction entre la lumière et l’espace.
Ici, la lumière projetée s’entrelace avec des surfaces blanches hautement réfléchissantes.
Elles conférant une « présence » physique à l’œuvre, donnant l’impression que l’architecture de la salle s’étend au-delà de ses frontières physiques.
Raethro, Yellow et Afrum Lavender, de la série Spaces Divisions Spaces
Deux espaces adjacents accueillent deux nouvelles projections lumineuses Cross Corner aussi nommées, Spaces Divisions Spaces dans les publications de l’artiste. Toutes deux de 2024, dans Raethro, Yellow et Afrum, Lavender les formes solides semblent trouver naissance sous la lueur projetée dans les coins de la salle.
That Known, The Flipside et Path Taken, de la série Glassworks
Le travail Glassworks, fait écho à l’exposition récente de Turrell, Light of the Presence présentée à Gagosian Athènes. Elle est le fruit de longues expériences et d’avancées techniques, notamment dans l’usage des diodes électroluminescentes et de la programmation informatique. Cette série transforme l’éclairage traditionnel d’une fenêtre virtuelle en une surface lumineuse apaisante, comme un espace de luminothérapie mais coloré.
Elle évolue subtilement avec le temps, résonnant avec notre propre respiration. Une illustration du dialogue entre art, technologie et perception humaine.
Path Taken, issue de sa série Glassworks, est présenté à la galerie Almine Rech Paris du 14 octobre au 21 décembre 2024. Au nord de Paris, That Known et The Flipside sont visibles à Gagocian Le Bourget.
Aquatintes, sculptures et gravures sur bois de James Turrell
Les couloirs de la galerie sont ornés de six créations murales. Ces œuvres murales, accompagnées d’aquatintes et de gravures sur bois.
Elles explorent avec finesse les nuances de la lumière révélées dans l’installation Aten Reign qui a été présentée au Solomon R. Guggenheim Museum de New York en 2014.
Le parcours de l’exposition James Turrel chez Gagosian Paris Le BourgetGagosian Paris Le Bourget Paris, présente aussi des sculptures en plâtre coulé. Des formes qui rappellent certaines architectures de Claude-Nicolas Ledoux.
Roden Crater en documents d’archives
Les documents d’archives relatifs à Roden Crater, datant de 1982 à 2024, sont également exposés, comprenant des plans, des hologrammes, des maquettes, des photographies, un visionneur 3D.
Roden Crater, oeuvre d’art colossale se dressant dans un cône de cendres volcaniques au cœur du Painted Desert. Au nord de l’Arizona, elle sert d’observatoire pour contempler la lumière et l’espace céleste.
Deux pupitres ayant appartenu à Turrell tout au long des années 1980 sont aussi exposés.
Côté galerie Almine Rech Paris MatignonAlmine Rech Paris Matignon, la maquette en coupe, bronze et plâtre de Roden Crater, Sun and Moon Space est présentée.
James Turrell, artiste de la perception de la lumière
Né en 1943 à Los Angeles, James Turrell vit et travaille à Flagstaff, en Arizona.
Depuis les années 1960, James Turrell explore les phénomènes perceptifs. Il s’aventure dans des domaines allant de la privation sensorielle à l’optique. Dans tous les cas, il cherche à éveiller les sens à travers la lumière. En 1966, il a commencé à intégrer des plans lumineux en relation avec des espaces architecturaux. Cet engagement l’a conduit à transformer continuellement les environnements bâtis et naturels qui l’entourent. Dans son travail, la lumière devient un matériau essentiel, conduisant à la création de projets formellement simples, mais intimement liés à des technologies innovantes. Elles défient les limites de la vision, induisant parfois une quiétude méditative.
Son art est célébré dans les collections prestigieuses telles que celles de la Tate Modern à Londres ou encore du Solomon R. Guggenheim Museum à New York. En 2009, le James Turrell Museum a ouvert à Colomé en Argentine. Au fil des ans, il a exposé dans de nombreux lieux emblématiques, des musées du Stedelijk Museum Amsterdam (1976) à au Graphische Sammlung ETH Zurich (2024), enrichissant ainsi notre compréhension de la perception à travers la lumière.
Son œuvre a été couronnée de nombreux prix, dont la MacArthur Foundation Fellowship (1984), le titre de Chevalier des Arts et des Lettres (1991), et la National Medal of Arts (2013).
Expositions 2025 de James Turrell dans le monde
Les expositions à venir en 2025 de Turrell promettent de continuer à élever l’art de la perception et à captiver les sens.
- Straight Up au DIB Museum de Bangkok et Akhu.
- As Seen Below (The Dome), ARoS à Aarhus au Danemark.
- Daegu National Museum en Corée du Sud.
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Livres
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Avec l'œuvre de James Turrell, le sculpteur, couleur, espacement, limite, ciel, horizon et immensité du désert deviennent palpables. |
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Lieux
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