James Turrell : en matière de lumière au cœur de l’été
La plus importante nouvelle œuvre de Turrell à l’affiche cet été est au Guggenheim de New York. Appelée Aten Reign, qui désigne le disque solaire divin égyptien antique, c’est la plus grande installation de musée de l’artiste à ce jour : une structure en aluminium et tissu de 79 pieds de hauteur, spécifique au site qui remplit complètement la rotonde célèbre de Frank Lloyd Wright.
L’œuvre est vue par le dessous et, un peu comme un Skyspace, le périmètre de la pièce est doublé d’une banquette presque continue à haut dossier qui fournit un endroit au visiteur pour s’assoir et contempler l’œuvre en méditant.
Turrell est passé maître dans la manipulation de la lumière pour lui donner une qualité matérielle. Le visiteur est accueilli par cinq ellipses concentriques, chacune diffusant une lumière colorée qui décroît en saturation, de la plus large ellipse à la plus petite. La lumière colorée traverse lentement le spectre, marquant des pauses entre les changements, avant de continuer sa progression envoûtante, hypnotique.
L’œuvre est construite à partir de cinq cônes distincts, similaires à des abat-jours, en aluminium et PVC, empilés les uns sur les autres et suspendus à la rotonde. Chaque cône a deux couches de tissu, un blanc à l’intérieur et un noir à l’extérieur, qui permettent à chaque section d’atteindre une pleine saturation de couleur et empêchent les fuites de lumière.
Au sommet de l’installation, un diffuseur translucide laisse entrer la lumière du jour, et une couche de gaze fine entre chaque cône capte juste assez de lumière pour donner l’impression que c’est la matière qui emplit un espace aux dimensions incertaines.
La lumière est produite par deux anneaux de luminaires LED à changement de couleur, montés et dissimulés sur des étagères à la base de chaque cône – plus de 1 000 appareils en tout. Chaque appareil est piloté par DMX et relié par câble à un mélangeur de couleurs contrôlé par un programme développé par le studio de Turrell. L’ensemble de l’installation a été construit d’abord dans un entrepôt du New Jersey puis acheminé vers le Musée. Une fois en place, Turrell a programmé les couleurs et les séquences de la base de la Rotonde, en les réglant pour interagir dans cet espace.
« Lorsque vous utilisez la lumière comme medium, vous devez tout d’abord faire l’instrument, ensuite vous pouvez en jouer »
James Turrell
Si vous ne pouvez pas vous rendre Outre-Atlantique, la Galerie Almine Rech à Paris propose une exposition qui présentera une œuvre historique de 1968, la projection Prado-Red faisant partie de la première série devenue iconique de son œuvre et qui fut montrée au Pasadena Art Museum, ainsi que des Light Reflective Pieces créées en 2012, qui sont des captures de lumière en trois dimensions réalisées par l’artiste dans l’Arizona. Seront également exposées des sculptures en bronze, plâtre et résine du Roden Crater.
On raconte que, dans les années 1960, un jeune Californien nommé James Turrell, fils d’un couple de Quaker, a pris un projecteur de diapositives vides et l’a positionné de façon à émettre de la lumière dans le coin d’une pièce. Après réglage de l’angle, juste à l’intersection des murs, apparut un cube de lumière. En déplaçant le projecteur autour de la salle, la perspective changeait, mais le halo lumineux conservait son aspect en 3 dimensions jusqu’à ce que, en s’approchant, on réalise que la boîte était une illusion.
Tout ce qu’il y avait, c’était deux plans plats lumineux qui se croisaient. Mais le phénomène – tant la qualité de la matière que la lumière semblait prendre lorsque projetée de cette façon que cette illusion implicite quant à la nature de la perception – a été à l’origine de l’œuvre de Turrell et ce qui a fait de lui l’artiste le plus en vue de ce qui s’est appelé le Mouvement de la lumière et de l’espace, un voyage artistique qui dure depuis plus de 40 ans.
De nombreuses œuvres s’appuient sur des recherches de privation sensorielle comme l’effet Ganzfeld, phénomène de privation de la perception, où les visiteurs, exposés à des champs de stimulation uniforme – un champ statique de couleur – subissent la perte de vision, le cerveau coupant le signal provenant des yeux. L’observateur « voit noir ». L’effet peut également provoquer des perceptions hallucinatoires chez certaines personnes. Au LACMA notamment, les visiteurs pourront découvrir Light Reignfall (2011) : structure sphérique dans laquelle on pénètre, aidé par un accompagnateur, allongé sur un lit coulissant. Une fois à l’intérieur, on est soumis à une lumière saturée, contrôlée par un technicien, pour une période de 12 minutes.
Pour ceux qui refusent de participer à ce qui peut être une expérience claustrophobe, les musées présentent les premières projections lumineuses géométriques de Turrell, estampes et dessins et certaines de ses œuvres les plus récentes comme les hologrammes en deux dimensions. Ils pourront aussi découvrir des sections consacrées au Roden Crater, un volcan dans le nord de l’Arizona où, depuis les années 1970, Turrell a creusé une série de galeries qui s’ouvrent dans une variété de Skyspaces – travaux qui donnent à voir certains fragments du ciel, le jour et la nuit en fournissant un environnement relaxant et méditatif.
Approfondir le sujet
- James Turrell à Paris chez Gagosian Le Bourget et Almine Rech
- Livres clés sur l’artiste contemporain James Turrell
- James Turrell, Pace Gallery London
- Flashback : James Turrell, Suède, See Colour
Exposition James Turrell été 2013
Jusqu’au 27 juillet, 64 rue de Turenne, Paris 3e, du mardi au samedi de 11h à 19h.
Jusqu’au 22 septembre 2013
Jusqu’au 25 septembre 2013
Jusqu’au 6 avril 2014
Lieu
- Guggenheim Museum
- New York, États-Unis