La tragédie du roi Christophe au TNP, scénographie, lumière et projection
Trois heures de spectacle qui vous donne une autre vision de la décolonisation ! Le passage de la dépendance à la responsabilité. L’adaptation difficile pour le peuple haïtien à un nouvel état social pour se tenir droit et bâtir un patrimoine de qualité. Tel pourrait se résumer la pièce de La tragédie du roi Christophe d’Aimé Césaire, écrite en 1964, universelle et d’actualité.
Dans un théâtre total orchestré de main de maitre par Christian Schiaretti, avec le collectif d’acteurs Béneeré, le spectacle raconte comment le roi Henry Christophe construit la future nation et la sort de l’esclavage en 14 années de règne jusqu’à sa mort.
Une interprétation impressionnante de Marc Zinga qui donne au personnage toutes les nuances de son passé : ancien esclave, ancien cuisinier, ancien général, puis roi d’Haïti. Monarque visionnaire, le roi Henry Christophe crée une conscience haïtienne, redonne la fierté aux « nègres » et redresse l’économie de Saint-Domingue qui devient Haïti en 1804.
Espace ouvert pour la tragédie
La scénographie de Fanny Gamet est constituée d’un podium en fond de scène qui accueille un orchestre : piano, basse, violoncelle, chant et percussion.
Le podium est habillé par un effet de matière picturale, tel un splash de peinture, avec des coulures sur la marche, l’impression qui se dégage des premières scènes laisse à penser à un porche de place de village :
- combat de coqs avec explications historiques,
- discours de proclamation de la République d’Haïti,
- marché de produits locaux sur le plateau.
Perception accentuée par le phrasé poétique du texte d’Aimé Césaire et la mise en scène de Christian Schiaretti autour de 36 comédiens.
https://x.com/carnetdart/status/824541868197314560
Au nez de la scène, cinq plateaux peints assurent la séparation physique avec la salle. Pendant presque tout le spectacle, ils sont cadrés par cinq projecteurs de découpe situés sur une perche à l’avant-scène.
Lumières froides et couleurs pastel
Le parti pris par Julia Grand en éclairage scénique pour les scènes extérieures est d’avoir toujours un éclairage blanc froid sur le plateau depuis la face, presque lunaire. Il est réalisé par deux 5 kW diagonaux de la passerelle en salle et permet de lire toutes les expressions des visages de la troupe.
Selon la dramaturgie, des contre-jours en lumière blanc froid assez fort arrosent l’ensemble du plateau. Rose, lavande ou ambre, en référence aux Caraïbes, les couleurs pastel, toujours en contre-jour, conditionnent aussi l’ambiance joyeuse ou solennelle de l’action scénique.
De nombreux accessoires sont utilisés par les comédiens. Certains participent à la scénographie. Par exemple, des branches de bois linéaires avec un plateau pointé à l’un des deux bouts. Ils sont tantôt bâtons brandis par les acteurs ou tantôt des piquets qui délimitent les côtés de l’espace scénique éclairés en contre-jour.
Scénographie en tribunes d’orgues
Pour le palais du trône au Cap, le sol découvre un parquet marqueté en noir et blanc. De forme carrée sur la diagonale de la scène, l’éclairage devient plus fort en son centre. Un éclairage en douche blanc chaud, des latéraux haut blanc froid, puis des découpes cadrées sur ce sol, créent le lieu de la proclamation du roi Henry Christophe. Pour ces scènes intérieures, l’éclairage est généralement blanc chaud, même s’il y a toujours un éclairage blanc plus ou moins froid à la face.
Des tribunes d’orgues sont alors découvertes de chaque côté et au-dessus de l’orchestre.
https://x.com/TNP_theatre/status/814779417880883200
Un mapping vidéo frontal conçu par Nicolas Gerlier éclaire parfaitement le jeu d’orgue en blanc chaud de manière uniforme. Après la bataille, celui-ci évolue au rouge sang avec une animation musicale.
Deux contre-jours en lumière rouges sur les orgues latéraux augmentent l’impression d’ampleur de l’espace scénique, en projetant des ombres diagonales sur le plateau.
Avant l’entracte, le plateau est recouvert de flocage gris, comme un champ de ruine. Plus la pièce avance, moins la lumière est colorée. L’éclairage se fait de plus en plus monochrome, blanc froid et de face.
Approfondir le sujet
Lieu
- Théâtre National Populaire (TNP)
- Villeurbanne, France
Merci, c’est très rare d’avoir un oeil du côté technique. Je vous rencontrerais bien….
Bonne contination. Bien à vous. Julia
@Julia Merci de votre commentaire. A votre disposition pour se rencontrer lors d’un prochain spectacle en France ou entre deux créations. Tenez-moi au courant via un émail un peu avant pour que je m’organise.