Le mouvement de l’air, de Adrien M / Claire B
Du mouvement de l’air, les deux chorégraphes Claire Bardainne et Adrien Mondot nous en offrent sur le papier un spectacle fantastique, véritable traducteur émotionnel d’un langage gestuel et lumineux.
De la magie à la réalité, l’écart est parfois nettement marqué. La synchronisation entre la vidéoprojection de motifs et le danseur contemporain souffre de nombreux impairs, nous empêchant d’être véritablement plongés dans le spectacle. Les légers manquements au tempo nous obligent à rester à la frustrante frontière de la réalité, sans jamais parvenir à être définitivement absorbés par l’illusion de la scène.
Le travail de création multimédia, malgré certaines phases véritablement renversantes, manque de manière générale d’approfondissement, et nous laisse malheureusement sur notre faim. Les écrans de tulle asymétrique qui occupent la scène dans les trois dimensions de l’espace sont le support de projections lumineuses graphiquement maîtrisées, jouant avec la transparence des écrans pour révéler, ou dissimuler, certaines phases chorégraphiques se produisant derrière.
Si la plaquette nous annonce une oeuvre spectaculaire de danse et de lumière, elle omet une indication primordiale : la musique sera elle aussi au rendez-vous. Une information qui semble aller de soi au sein d’une performance chorégraphique, mais lorsqu’elle est jouée en direct par le compositeur et musicien Jérémy Chartier, il s’avère nécessaire de la souligner.
Là où la lumière ne nous saisit pas, la musique nous enivre, là où la danse fait quelques faux pas, la musique tient la cadence, et insuffle un souffle de vie salvateur à la chorégraphie. Les rythmes sont riches et s’accordent aux visuels projetés, menant le spectacle au travers d’atmosphères aux sonorités variées, mariant percussions et instruments à cordes. En un mot, là où les chorégraphies corporelles et lumineuses faiblissent, la musique sublime.
N’attendez pas du Mouvement de l’air l’envolée émotionnelle que peut offrir un Hiroaki Umeda, ou un Pixel de Mourad Merzouki. Voyons-y d’ailleurs un fait étonnant, sachant que la création numérique de Pixel n’est réalisée par nul autre que le duo Adrien M et Claire B.
Assister au Mouvement de l’air, c’est appréhender l’effort d’une performance corporelle, numérique et sonore réalisée en temps réel. Effort qui se hausse difficilement à la hauteur de notre satisfaction en matière d’arts numériques, mais qui trouve finalement son équilibre au travers de sa bande sonore inattendue.
Lieu
- Le Grand T
- Nantes, France
On trouve une toute autre appréciation du spectacle dans le Huffington post du 2 avril :
https://www.huffingtonpost.fr/actualites/article/art-digital-et-danse-adrien-m-claire-b-dans-l-il-cyclonique-du-virtuel_75259.html
@Elisabeth Peut-être pour quelqu’un qui n’a jamais vu le travail de Adrien M / Claire B ? Auquel cas, peut-on encore se laisser surprendre par cette interactivité virtuelle ?