Les Franciscaines de Deauville, une nouvelle page diaphane
Sous les yeux des Mérigault, l’histoire commence au XIXe siècle. Deux sœurs fondent alors un hôpital pour marins, puis un orphelinat pour les enfants de ceux que l’horizon aura emportés. Confié, cette fois, à des sœurs de confession qui lui donneront son nom, l’établissement connaît de nombreuses transformations. Élèves, blessés de guerre ou même patients en ophtalmologie en auront vu passer, des nuages, au-dessus de ce cloître… Flanqué par des voûtes de briques claires, il est le réceptacle d’une lumière naturelle qui connecte le séculier au régulier, le terrestre au divin, le privé au public. Depuis, des architectes ont couvert cette cour sans en entacher le sublime. Nouveau lieu de vie pour cette station balnéaire, Les Franciscaines dévoilent, sur plus de 6 000 m², un auditorium, des salles d’exposition, une médiathèque, une librairie et un lieu de restauration.

Quand le ciel se couvre sur le lustre des Franciscaines
Ce n’est peut-être pas un hasard si l’art de peindre les ciels s’est exprimé le plus souvent en Normandie ! Honfleur et Eugène Boudin ne sont pas si loin, mais c’est à André Hambourg que ce lieu dédie une partie de son musée. Ici, parfois menaçants, mais souvent changeants, les nuages glissent sans cesse pour composer les marines de la côte. Le nouvel aménagement des Franciscaines a su confectionner des pièges à lumière pour tenter d’en saisir les nuances.

C’est ainsi qu’après avoir pénétré dans la Grande Galerie, nos regards s’hypnotisent sous un lustre monumental de 400 m², formé d’une composition savante de 14 285 tubes verticaux en polycarbonate ; cette nuée vient homogénéiser la lumière naturelle. Et quand celle-ci s’absente, l’agence 8’18’’ insuffle un jeu de reflets cristallins grâce à 400 projecteurs Palco Low Voltage du fabricant iGuzzini.

Grand bain de lumière à la James Turrell
C’est avec ces suspensions qu’apparaît une première émotion. Cependant, il serait injuste de n’aborder que cette partie du lieu tant les endroits délicats y sont nombreux. En miroir du cloître, on découvre des salles d’exposition où les luminaires de chez Erco et Zumtobel se répondent autour d’un grand puits de lumière. Cette découpe dans le ciel, rappelant l’œuvre de James Turrell, constitue un événement en soi.

À l’étage, dans une ambiance d’atelier, l’azur est scandé par des lames de Dacryl opalescentes. À cela s’ajoutent de larges baies vitrées laissant apparaître jardins et chiens-assis du passé.

Dans cet espace où la porosité des savoirs est le maître mot, la lumière règne en majesté pour faire circuler les espaces. Versatile et douce, elle invite au calme et à l’imaginaire.

Lueurs silencieuses dans les espaces de la médiathèque
Le travail de conception lumière du site s’inscrit dans une sensibilité globale attribuée aux détails. Si l’éclairage artificiel est omniprésent pour accentuer une œuvre, révéler une conque acoustique ou marquer une intimité, il ne se fait jamais remarquer. Il participe alors au bien-être des usagers en adoptant la meilleure forme dans chaque situation.

Du fait de leur technicité et de leur complicité de longue date avec les architectes, les concepteurs lumière ont mis au point de nombreux systèmes. À l’équilibre entre sophistication et simplicité apparente, on constate des finitions remarquables, à l’image de l’ambition d’une maîtrise d’ouvrage exigeante.
Des vitraux aux grandes lampes de chevet de l’ancien cloître
Au sein de cette atmosphère voilée de blanc, la couleur anime les séquences. Celles des espaces de lecture, qui se déroulent le long des rubans de la connaissance, répondent à des vitraux fraîchement restaurés. Les œuvres d’art, quant à elles, se dispersent dans le moindre recoin, tout comme ces grandes lampes de chevet dessinées par 8’18’’ avec une double vasque inversée.

Mais il est déjà est temps de terminer le voyage… De grandes pages blanches de Corian marquent alors le seuil entre deux mondes. Leurs tranches révélées par une lumière dorée nous ramènent à Deauville, qui s’anime sous les nuages.
Approfondir le sujet
- Médiathèque Louis Aragon de Stains en lumière par 8’18’’
- Lustre de la banque Lazard, boulevard Haussmann à Paris
- Lumière et ambiances, de Roger Narboni, Le Moniteur
