Lignes horizontales de la tour Sarah Bernhardt à Rennes
Rien de plus apaisant que l’horizontale. La ville de Rennes a profité de la rénovation de la tour Sarah Bernhardt pour souligner sa silhouette nocturne. « La mise en lumière de la Tour a été réalisée par l’agence d’architectes Latitude, qui a parfaitement respecté les prescriptions et les orientations du Sdal » précise Roger Narboni, Concepto, qui accompagne la ville de Rennes dans la mise en œuvre de sa fameuse trame noire.
Grande hauteur et Sdal de Rennes
La ville de Rennes est caractérisée par un grand nombre d’immeubles de grande hauteur et d’immeubles de quartiers. Tous plus significatifs et représentatifs d’une identité de la cité les uns que les autres, ils font office de repère visuel le jour mais disparaissent la nuit.
Le concepteur lumière, Roger Narboni, Concepto, a proposé de mettre en scène et de signaler des immeubles la nuit en soulignant les lignes et parties hautes de ces édifices, à partir d’éléments lumineux dans des tonalités de lumière blanche. A la nuit tombée, ces éclairages jouent un rôle de signalétique et d’identification du quartier grâce à la lumière, certains soirs de la semaine. La tour Sarah Bernhardt est mise en lumière du jeudi au dimanche, de la tombée de la nuit à 23 h 30.
Mise en lumière de la tour Sarah Bernhardt
Amandine Bougeard, architecte chez l’agence Latitude, explique « Lors de la conception, nous avons souhaité souligner les éléments du vocabulaire identitaire du bâtiment. Les éléments lumineux de type tube de LED viennent souligner les lignes du bardage et la partie haute de l’édifice, mettant en scène l’immeuble et intégrant sa silhouette nocturne dans la ville ».
« Une ligne lumineuse continue blanche souligne la casquette et se prolonge sur les séchoirs, marquant ainsi la verticalité du projet. Ce traitement est identique sur les façades nord-ouest et nord-est. Le principe de mise en lumière du bardage horizontal est appliqué sur l’ensemble des quatre façades : sud, nord, est et ouest ».
Technique d’éclairage graphique et linéaire à LED
Latitude raconte : « nous avons travaillé en collaboration avec le bureau d’études techniques fluides HAY afin de pouvoir mesurer l’intensité de l’éclairage et maîtriser l’impact lumineux dans la ville ». Au total, 700 m de bandeau LED de chez Aris sont mis en œuvre pour l’éclairage. Ils se répartissent ainsi sur la tour d’habitation :
- 463 m de LED répartis en façade du 10ème au 20ème étage de la tour.
- 123 m de LED déployés en périphérie de la terrasse.
- 104 m le long du séchoir pour deux descentes, derrière le bâtiment.
Lumière en chiffres
- Température de couleur : 4 000 K
- Puissance : 8,8 W par mètre soit 6,2 kW.
- Flux lumineux : 810 lm par mètre, soit 567 000 lm pour l’ensemble.
- 60 LED par mètre, soit 42 000 LED au total.
Nouvelle silhouette contemporaine
Depuis sa construction, l’immeuble a connu de nombreuses modernisations intérieures. En revanche, la façade est d’origine. Aiguillon Construction a fait appel au cabinet d’architecte Latitude pour réhabiliter son image extérieure.
« La force d’une tour est de capter les regards, vers l’extérieur, pour les habitants, et de l’extérieur pour tous » explique les architectes de l’Agence Latitude. « L’esprit du projet est dans ce double enjeu : il vise à renforcer l’identité de l’immeuble, à le rendre plus confortable et plus beau, tout en offrant aux occupants une nouvelle vue, panoramique, sur la campagne et la ville. Pour qu’ils soient fiers d’y vivre ».
« Une métamorphose rendue possible par le choix des matériaux comme le métal ou le verre et des couleurs qui renforcent les éléments intéressants du bâtiment, tout en faisant vibrer sa nouvelle peau » poursuivent les architectes. « Dans les lames du bardage, à la manière du quartz dans le granit, des éclats d’inox réfléchissent de manière discrète et subtile les variations du ciel ».
Aujourd’hui, les travaux d’embellissement offrent une meilleure qualité de vie aux logements. Dans les espaces collectifs, le hall d’entrée a également été réhabilité. De nuit, « la tour devient signal urbain, depuis la pagode du sommet jusqu’au socle du rez-de-chaussée, où se détachent les lettres de son nom » synthétise Latitude.
Bâtiment performant sur le plan énergétique
D’après la ville de Rennes, « l’utilisation de matériel hydro-économe réduit l’impact sur l’environnement et les charges pour les locataires ». Voici les principaux travaux effectués :
- remplacement des menuiseries extérieures par des menuiseries aluminium à double vitrage avec volets roulants,
- pose d’une Isolation Thermique par l’Extérieur (I.T.E.),
- amélioration de la ventilation,
- isolation des logements attenants aux locaux non chauffés,
- rénovation du réseau de distribution de chauffage,
- mise en place d’une production d’eau chaude sanitaire collective.
Réhabilitation en concertation avec les habitants
La réhabilitation répond aux trois enjeux du développement durable :
- économique, en raison de l’ampleur du chantier, de la mobilisation des entreprises locales et de son budget,
- environnemental, par son objectif de diviser par deux la consommation énergétique, chauffage et eau,
- social, avec son dispositif d’accompagnement des locataires.
Avec l’aide de l’association d’insertion “Les Compagnons Bâtisseurs”, des entretiens individuels ont été réalisés avec les locataires afin de les informer, de comprendre leurs modes de vie et d’identifier l’impact des travaux sur leur quotidien. Un interlocuteur a été dédié spécifiquement à la relation avec les résidents.
Contexte de cet IGH
L’immeuble Sarah Bernhardt est construit en 1962 par les architectes Deltombe et Lemercier. Il compte parmi les sept immeubles de grande hauteur – IGH – de la ville de Rennes. C’est une figure emblématique du quartier des Champs-Manceaux avec ses 21 étages et 67 m de hauteur. Il se compose de 168 logements sociaux, d’un local associatif, de deux escaliers et de quatre ascenseurs. Il est actuellement habité par près de 300 personnes.
Pourquoi « Sarah Bernhardt » ?
Son nom a été attribué lors du conseil municipal de Rennes du 8 mars 1962. Sarah Bernhardt (1844-1923), la célèbre comédienne française, était particulièrement attachée à la Bretagne. Elle a passé une partie de son enfance à Quimperlé (29). Deux autres personnalités du monde du spectacle la côtoient :
- Louis Jouvet, né à Crozon (29), comédien et directeur de théâtre,
- Charles Dullin, ami de Jouvet, comédien et directeur du théâtre Sarah Bernhardt à Paris.
Approfondir le sujet
Lieu
- Tour Sarah Bernhardt
- Rennes, France
Bel exemple de relooking d’un immeuble à l’architecture austère des années 60! L’éclairage graphique apporte la touche de modernité qui lui manquait, je trouve l’idée intéressante…
@Nathalie En effet, quelques lignes de lumière suffisent à changer l’apparence de la tour, comme par magie !