Limbe, un viaduc cosmique à Saint-Cloud de Sophie Bruère

Au-delà du centre de Paris, où s’arrête la ville lumière ? Qu’en est-il de sa banlieue ? Avec l’installation « Limbe », la plasticienne lumière Sophie Bruère a proposé de réconcilier les deux Paris.

Le viaduc autoroutier de l’A13 à Saint-Cloud franchit la Seine. Inauguré en 1974, l’ouvrage d’art en béton précontraint relie la Normandie au périphérique de Paris. Sur une  longueur de 1,1 km, il surplombe le territoire protégé du Domaine national de Saint-Cloud. Un paysage conçu par Le Notre, paysagiste de Louis XIV, bien connu  pour sa composition des jardins de Versailles. Le dessous du viaduc est un espace interstitiel. Comme trop de lieu de transport fonctionnel, c’est un lieu abandonné à la circulation routière sans qualité architecturale propre.

Du phare de Diogène à l’installation lumière

« A la nuit tombée, la sous-face du viaduc est sous l’influence d’une lumière nuancée par les variations du ciel » explique Sophie Bruère. La lumière est captée de jour à partir de la terrasse de la lanterne, le point culminant du parc. Ce promontoire a accueilli une tour de 18 m de haut jusqu’en 1870. A cette époque, la lanterne de Diogène avait un phare en son sommet ; il indiquait la présence de Napoléon 1er au château de Saint-Cloud. Depuis le phare a disparu…

La présence historique de ce phare est utilisée dans l’installation Limbe. C’est « le point de captation de la dynamique lumière du projet réalisé sur le principe des stations météorologiques. Le niveau d’ensoleillement et la colorimétrie du paysage sont analysés quotidiennement. Leurs variations sont enregistrées et paramétrées par une interface informatique, puis restituées en lumière sous le viaduc ». Avec Limbe, la  lumière forme une voûte lumineuse aux couleurs et aux mouvements évolutifs. Elle trace des vibrations temporaires sous les lignes de l’ouvrage d’art.

Ces deux derniers mois, 10 projecteurs installés dans des niches circulaires existantes du viaduc constituaient le prototype de l’installation Limbe développé par LEC. A terme, 80 projecteurs équipés de LED en quadrichromie seront installés. En bref, « les LEDs rouges, vertes, bleues et blanches des projecteurs permettent la variation de couleurs souhaitée, dont des blancs colorés » précise la plasticienne.

Étapes et partenaires du projet

Le projet Limbe a  débuté en 2012, lors de l’événement Lumière et jardin  imaginaire organisé par l’association Art sponsor au Domaine National de Saint-Cloud. Durant cet événement, Sophie Bruère, présenta sa réflexion sur les limites du parc de Saint-Cloud, sa confrontation fonctionnelle et sensible avec la présence toute proche du  viaduc de l’autoroute de Normandie et la nouvelle station de tramway du parc.

Elle se rapprocha très rapidement de la Direction des Routes Île-de-France, propriétaire du viaduc, pour étudier l’éventualité d’une réalisation du projet.

• En 2013, le projet obtient une subvention du Conseil Régional d’Île-de-France.
• En 2014, nouvelle subvention par le Conseil Départemental des Hauts-de-Seine et le soutien de Cofely/Ineo.
• En 2015, le groupe Segex énergies intervient en tant que partenaire pour la pose et la dépose du prototype. Limbe est labellisé 2015, Année de la lumière en France. Le luminaire LED est développé en partenariat avec LEC.
• En 2016, un prototype est présenté au public du 25 janvier au 25 mars, avant la réalisation complète de Limbe à suivre.