Louvre Abu Dhabi : fenêtres et tapis lumineux de 8’18’’
A 7 heures de Paris, en route pour le Louvre Abu Dhabi. Nouveau palais des arts de la capitale des Émirats arabes unis. Projet unique par son envergure et son ambition. Un dôme de 180 m de diamètre, 55 bâtiments, 6200 m2 d’exposition permanente, 620 chefs-d’œuvre de l’histoire de l’humanité.
Pour éclairer le musée du Louvre Abu Dhabi, l’architecte français Jean Nouvel a fait appel à 8’18’’. Agence de concepteurs et plasticiens lumière basée à Paris, Marseille et Shanghai. Objectif : l’accompagner tout au long de cette aventure exceptionnelle.
Au diapason de l’architecture conceptuelle et de la muséographie d’AJN, l’agence 8’18’’ a conçu « une mélodie à sept notes qui se combine en cohérence avec le projet d’architecture » explique Rémy Cimadevilla, concepteur lumière et co-gérant. « Ce qui est intéressant avec Jean Nouvel, c’est qu’il apporte une idée et rend possible la recherche permanente ».
8’18’’ avait comme mission la lumière de l’intégralité du projet, espaces extérieurs, architecturaux et muséographiques. Voici donc les trois grands thèmes référents qui construisent l’image lumière du projet :
- l’éclairage intérieur du dôme, tel une voie lactée,
- les fenêtres virtuelles des espaces publics, sans mât ni downlight,
- les tapis volants des galeries du musée, aux verres luminescents.
Voie lactée sur le dôme
Première note de lumière, le dôme. L’icône du projet d’architecture de Jean Nouvel. Sur une idée partagée avec AIK, 8’18’’ positionne 4500 sources fluorescentes dans le dôme. « On ressent sa masse et, à travers, on perçoit un graphisme de milliers de lignes brisées. Quand le lieu est fermé au public, le dôme rayonne pour la vision extérieure. Il crée un effet cinétique par le mouvement des spectateurs. Ainsi, lorsque l’on se déplace en le fixant, le dôme scintille. Pour trouver des points de lumière, de grandes lignes luminescentes de cinq mètres de long sont fixées sur les modules structurants du dôme. Elles créent une multitude d’éclats en blanc chaud et froid dynamique ».
Fenêtres virtuelles en espaces publics
En-dessous du dôme, 55 bâtiments blancs. Telle une ville arabe vernaculaire, ils sont les pièces de ce prestigieux musée. Un vrai palais des civilisations du XXIème siècle. Depuis la vallée du Nil en Égypte au monde multipolaire dans lequel nous vivons aujourd’hui, les œuvres d’arts sont étonnantes.
Côté éclairage, comment éviter mâts, projecteurs et downlights pour s’inscrire dans l’architecture de Jean Nouvel ? 8’18’’ a mis au point une deuxième note de lumière, une fenêtre virtuelle. Basée sur la trame bâtie, elle prend la place d’un panneau en béton, « comme si derrière les murs du musée se cachait un gisement de lumière » poétise Rémy Cimadevilla. « Cette lumière abstraite, légèrement irréelle, est conçue avec des sources cachées à optique spécifique. Un fond en forme de cyclo, sans aucun bord ni arrête. Une rive sans épaisseur finie en « tête de flèche ».
« Nous avons appelé cette fenêtre de lumière spécifique Lico » poursuit Rémy Cimadevilla. « Une abréviation de Lighting cove » précise Georges Berne, concepteur lumière basé à Shanghai de 8’18’’. « Elle est modulable dans ses dimensions en hauteur et largeur jusqu’à six mètres. Son but est d’apporter un éclairement vertical d’ambiance dans les espaces sous le dôme, les circulations, l’espace d’accueil et tous les espaces publics du projet ».
Tapis volants lumineux en galeries
Quand l’éclairage high-tech prend le relais de la lumière naturelle. Fort d’un immense savoir-faire en lumières muséographiques et architecturales à travers le monde, 8’18’’ a mis au point l’éclairage des galeries du Louvre Abu Dhabi tout en finesse. « Au travail de sol assez composé en pierre d’Oural, les plafonds répondent par un vitrail à l’horizontal » métaphore Jean Nouvel.
Telles les mille et une nuits, ici en cinq notes, les galeries sont couvertes de tapis volants lumineux identiques et pourtant différents d’une galerie à l’autre. Par leur totale flexibilité, ces tapis permettent aussi de répondre à toutes les scénographies.
« Des éclairages lèche-murs fluorescents blanc neutre sont implantés en périphérie » décrit Rémy Cimadevilla. « Ensuite, un éclairage de rehaut à LED blanc chaud s’implante dans la trame du tapis de lumière. Enfin, l’éclairage du plafond s’effectue de deux manières en blanc froid : un éclairage indirect général et un éclairage direct. Il permet de révéler la texture des différents verres choisis par l’architecte ».
En fonction du propos de la galerie et des niveaux d’éclairement maximaux :
- de 50 lux pour le papier ou le tissu,
- à sans limite maximale pour la statuaire,
« une adaptation de leur luminosité aux œuvres » est réalisée, synthétise Jean Nouvel. Chaque plafond possède plusieurs circuits d’allumage en DALI prévus par 8’18’’.
Les ambiances lumineuses créées dans les espaces du musée sont ainsi diversifiées et évolutives. Une variation nécessaire en fonction des puits de lumière naturelle filtrés par BuroHappold, la septième note.
« Avec l’équipe, nous avons réalisé plusieurs prototypes. D’abord, des espaces d’expérimentation en Île de France pour travailler la nature des plafonds de verre et le détail des fenêtres lumineuses. Ensuite, sur le chantier, un bout de bâtiment entier. Une galerie réelle assez haute, avec un puits de lumière, mais aussi témoin des expositions temporaires, des espaces VIP, de l’administration… Il a permis de tester et de valider, grandeur nature, nos propositions d’éclairage ».
Nouveau mode de production des musées
Assurément, ce palais des arts contemporain est aussi innovant par le travail ensemble, France – Emirats arabes unis, sur un projet culturel. Le musée propose un parcours chronologique qui vise à l’universalité de l’art. De plus, il est non segmenté par collection ou par département. Qu’est ce qui nous relie les uns aux autres aujourd’hui ? Comment conter l’histoire de l’art aux cultures du monde ? « C’est un projet unique qui marquera l’histoire des musées » conclut Jean Luc Martinez, président du Musée du Louvre.
17 institutions françaises ont été réunies par l’Agence France Museums. Elles ont prêté 300 œuvres d’arts, en plus des 235 acquises par le Louvre Abu Dhabi lui-même.
Le nouveau monument clef du Moyen Orient a été inauguré le 8 novembre 2017 par le président français, Emmanuel Macron et le cheikh Mohammed ben Zayed Al Nahyane, prince héritier et ministre de la défense des Émirats. En bref, le Louvre des sables à Abu Dhabi demande à être vu, parcouru et partagé avec les autres, pour que les arts soient toujours plus universels.
Reportage sponsorisé par 8’18’’.
Approfondir le sujet
Équipe du projet
Contact
8’18’’Concepteurs et plasticiens lumière
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Lieu
- Louvre Abu Dhabi
- Abou Dhabi, Émirats arabes unis
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