Lumière ! Le cinéma inventé, dans un bleu onirique
2015 marque les 120 ans du Cinématographe. Une invention française conçue et réalisée par les frères Louis et Auguste Lumière. Une aventure :
- artistique,
- technique,
- industrielle,
- technologique,
présentée dans cette exposition sur les origines du cinéma au Grand Palais de Paris.
La sortie des travailleurs de l’usine Lumière à Lyon en 1895 est le tout premier film enregistré. Le cinéma, tout comme l’exposition, commencent ici. Les commissaires de l’exposition, Thierry Frémaux et Jacques Gerber, invitent le visiteur à pénétrer la créativité, très contemporaine, de la famille Lumière.
Un bleu onirique éclaire l’exposition
« Le parti-pris était de créer une ambiance générale bleutée d’où émergeaient les œuvres et les vitrines en lumière incandescente » explique François Austerlitz, créateur lumière de l’exposition.
C’est dans une ambiance indirecte bleue que l’on parcourt presque toute l’exposition. Réalisée avec des projecteurs LED en quadri-chromie, la pureté de la couleur emplit l’espace du salon d’honneur.
Quelle teinte bleue ?
« Il s’agit d’un mélange de LED blanche et de LED bleue. La teinte a été choisie en fonction des teintes RAL des cimaises, qui évoluent en fonction des zones de l’exposition » poursuit François Austerlitz.
« Le but était de trouver une teinte suffisamment sombre pour que l’on ressente la couleur, mais qui permettait en même temps de ne pas trop trahir la couleur des œuvres. Les ponctuels en blanc chaud étaient là pour rétablir cet équilibre ».
Une référence aux « étiquettes bleues » des boites des premières plaques photographiques Lumière vendues mais aussi à l’ambiance onirique, nocturne et mystérieuse que procure la couleur bleue au cinéma.
Grand ruban du photorama suspendu
« Un long bandeau évoquant le photorama surplombe l’espace » décrit la scénographe, Nathalie Crinière. Deux rails accueillent des projecteurs PAR 16, à espacement régulier. Équipé de dichroïque halogène basse tension, comme une pulsation, l’éclairage ondule à l’intérieur et à l’extérieur du ruban. Les gradateurs sont intégrés à l’ouvrage.
Projeter une photographie à 360° qui présente un tour d’horizon complet. Le Photorama a été breveté par Louis Lumière le 29 décembre 1900. La photo est réalisée en un seul et unique cliché, grâce à un appareil appelé Périphote.
Éclairage et scénographie
« Je travaille avec Nathalie Crinière depuis plus de 10 ans » explique François Austerlitz. « Nous évoluons ensemble très souvent dans ce type de grosse exposition en France et à l’étranger. Cependant, il a fallu pas mal de réunions avec l’agence, mais également avec les commissaires de l’exposition pour exposer l’eclairage que je voulais mettre en œuvre ».
« Les allers-retours de plans scèno et lumière permettent de caler les accroches et l’implantation, et de façon encore plus précise, l’ensemble des intégrations dans les vitrines. J’ai également beaucoup travaillé avec le constructeur, Dominique Barrière de la société Barem, au moment des plans d’exécution, de façon à intégrer l’éclairage de la façon la plus discrète et efficace ».
Un travail de la lumière en équipe
Assistant lumière, « Matthieu Blaise a contrôlé le bon déroulement des opérations d’accroche et de démarrage du chantier » présente François Austerlitz. « Ensuite, nous n’étions pas trop de deux pour gérer la mise en œuvre. Je travaille très souvent avec Matthieu sur ce type d’évènement. Je pense que travailler en binôme apporte beaucoup à la réflexion artistique, ainsi qu’à la sérénité d’ailleurs ».
« Je travaille très souvent avec Fréderic Godeau et la société « En Attendant », Pour moi, un installateur est bien plus qu’un simple loueur de matériel et de personnel. Il intervient pendant la période de création :
- en répondant à mes demandes,
- en proposant du matériel ou des solutions techniques »
ajoute François Austerlitz.
« Le rôle du chef de chantier, Martin Goulet, est également primordial puisque c’est lui qui fait :
- la préparation en amont,
- la répartition électrique
- l’organisation des plannings.
J’ai également entière confiance en Fréderic et Martin pour le choix de l’équipe de montage, de l’électricien au pupitreur ».
Comment éclairer une cimaise de 8 m de haut et créer un accent sur les œuvres ?
« La difficulté principale fut les axes des projecteurs » raconte François Austerlitz. « Vu la hauteur des accroches de 12 m et l’impossibilité d’accéder aux projecteurs une fois installés, mon choix s’est porté sur des projecteurs asservis de deux types :
- projecteurs wash à LED RVBW à large zoom, Martin Mac Aura,
- projecteurs de découpe à LED RVBW, DLS Robe pour les cadrages et les effets ».
Salon indien du Grand café
Au centre de l’exposition trône une ré-interprétation du lieu de la première projection payante. Le décorateur, Jacques Grange, propose une reconstitution libre de ce salon à l’échelle humaine. Une représentation fantasmée de l’Inde, propre aux Occidentaux ?
« A ce spectacle, nous restâmes tous bouche bée, frappés de stupeur, surpris au-delà de toute expression. A la fin de la représentation, c’était du délire, et chacun se demandait comment on avait pu obtenir pareil résultat ».
Georges Méliès, Salon Indien du Grand Café, Paris, 28 décembre 1895
Avec 33 spectateurs bluffés, le bouche-à-oreille fait le reste. Les séances d’une vingtaine de minutes chacune se multiplient. Quelques semaines plus tard, le Salon Indien accueille jusqu’à 2 500 spectateurs par jour. Les séances publiques de cinéma sont nées !
Mur de 1 422 films Lumière
En fond de galerie, pour la première fois au monde, la totalité des 1 422 films Lumière est projetée sur un seul et même écran. Ils ont été réalisés entre 1895 et 1905. Cette cimaise n’est pas sans rappeler la symbolique de la pierre tombale « à la mémoire du premier cinéma ». Patience, il y aurait 23 heures de films à déguster !
Impressionnant dispositif en rétroprojection. A l’arrière de l’immense cimaise, un échafaudage accueille six vidéo projecteurs synchronisés. Leurs alignements, parfaitement maitrisé, a demandé des heures de réglage pendant le montage.
Espace jeunesse
A mi-parcours, des outils pédagogiques sont proposés aux enfants.
L’éclairage très simple combine des découpes circulaires : rouge, orange, vert, jaune et bleu. Elles sont projetées sur les murs et les bornes interactives. L’espace devient ludique.
«L’écriture du mouvement »
En début de parcours, plusieurs Cinématographes sont présentés dans l’exposition, dont le prototype n°1 de 1894. L’éclairage de chaque vitrine s’effectue par quatre petits spots à LED Loupi sur rail. Ces lumières blanc chaud sont placées derrière les cartels inclinés.
Dommage que les vitrines des Cinématographes reflètent le point des sources de lumière dans le champ visuel des visiteurs. Un élément à corriger avant l’itinérance.
Erreur de coordination entre scénographe et éclairagiste ? Problème de sécurité des objets qui conduit à les mettre sous cloches transparentes ?
Château et Institut Lumière
L’exposition se termine par une grande maquette de la somptueuse villa Art Nouveau de M. Lumière. Construite entre 1899 et 1902 sur plus de 2 000 m2, elle abrite dorénavant le Musée Lumière. Il est consacré aux nombreuses inventions d’Auguste et Louis.
Appelé Château Lumière par les habitants du quartier, la maison a fait l’objet d’une mise en lumière féérique de Roland Jéol en 1992. Toujours visible aujourd’hui, elle est bien entretenue par le service Eclairage public de la ville de Lyon.
A l’emplacement du Hangar du Premier-Film, un bâtiment contemporain a été inauguré en octobre 1998. Ce nouveau Cinéma Lumière propose toute l’année des projections et des rencontres autour du septième art.
Pour tous les passionnés de cinéma, l’Institut Lumière organise également le Festival Lumière à Lyon. Une fois par an, le monde du cinéma est invité à célébrer sa vitalité et sa mémoire.
Exposition itinérante
Après le Grand Palais de Paris, l’exposition se fera itinérante. Au programme : Italie, Russie, États-Unis, Canada, Argentine, Corée, Brésil.
Du 13 juin 2017 au 25 février 2018, l’exposition Lumière ! Le cinéma inventé termine son voyage au nouveau Musée des Confluences à Lyon.
Partenaires institutionnels
- Institut Lumière
- CNC
- Ministère de la Culture et de la Communication,
- Ville de Lyon
- Métropole de Lyon
- Région Rhône-Alpes
- Région Île-de-France
- Musée des Confluences
Partenaires privés
- BNP Paribas
- Corniche Pictures
- Chopard
- Renault Trucks
- Brochier
- Soieries
- Hôtel Scribe
- Codimat
- Delisle
- Maison Piper-Heidsieck
Partenaires médias
- France 2
- France 3
- Le Progrès
- Le Monde
- Télérama
- Madame Figaro
- Trois Couleurs
- Première
- UGC
- Allociné
- France Inter
Approfondir le sujet
Lieu
- Grand Palais
- Paris, France