Lumières Zen à la Fondazione Prada, Milan, Italie

Point de départ : une ancienne usine de Gin. La Fondazione Prada est une requalification urbaine réussie. Elle a été dessinée par Rem Koolhaas, Chris Van Duijn et Federico Pompignoli de l’agence d’architecture OMA. Les architectes ont proposé de :

• conserver et réhabiliter huit bâtiments du site,
• détruire deux bâtiments,
• construire trois nouveaux : le Beam, le Podium et un cinéma transformable.

En collaboration avec OMA, l’agence de conception lumière Les éclaireurs a réalisé le projet d’éclairage. En bref, il ne s’agit pas d’une mise en lumière, au sens premier du terme. Comme l’explique le concepteur lumière Lucas Goy, « elle répond à un besoin fonctionnel et permet des ambiances valorisant l’image extérieure du bâtiment ».

Ainsi, le site combine plusieurs fonctions qui permettent d’offrir une journée complète à la Fondazione Prada : exposition, événement, cinéma, conférence, lecture, bar et restaurant.

Architecture sous la lumière

Le projet d’éclairage déploie une écriture très graphique constituée de lignes et d’accumulations :

• affleurement de lignes parallèles soulignant l’architecture et sa structure,
• encastrement de lignes invisibles au-dessus de grille aluminium,
• lignes de lumière dans les plafonds diffusants en polycarbonate.

Lors de ma visite, le Podium et le Beam étaient fermés – pour cause d’installation de la prochaine exposition. Je n’ai donc pu voir la pureté formelle de ces espaces que par l’extérieur. Revêtu de mousse d’aluminium jusqu’au plafond, le Podium est un grand hall en plan libre sur un « podium ». Il est visible sur trois côtés depuis le site pour accueillir des expositions, des défilés de mode ou des installations monumentales d’après le programme du site.

« Le Podium et le Beam possèdent un même plafond en aluminium, adaptable aux multiples configurations » expliquent Les éclaireurs. « Il est composé d’un complexe de rails multifonctions dissimulé derrière un panneau décoratif sur charnière. Perpendiculairement à ces rails, des lignes fluorescentes graduables de 0 à 100 %, permettent d’atteindre 1 200 lux moyen avec une très grande uniformité. L’ensemble forme un plafond très lisse, au design très étudié. L’ensemble des luminaires fluorescents est graduable unitairement via un panel tactile et une interface spécialement développée par nos soins, afin de rendre l’éclairage simple à configurer ».

Des projecteurs LED avec et sans découpe de Erco permettent d’éclairer les œuvres avec des optiques intensives ou semi-intensives. Un bras a été adapté au rail technique pour permettre le réglage lumière.

Dans le Beam, il y a aussi des projecteurs asymétriques pour réaliser un effet wall-wash sur les murs.

« Enfin, pour s’adapter aux multiples configurations, le système d’éclairage se complète d’une trame de lignes de rails Halfen, de prise de puissance 36A en plafond et au sol » racontent Les éclaireurs.

Cinéma boite noire

La salle du cinéma s’implante parallèlement au Podium. Perpendiculaire aux bâtiments historiques du site, elle ne passe pas inaperçue avec ses grands miroirs inox panoramiques.

Le plafond du hall d’entrée ressemble à un grand lustre qui se déroule au-dessus de la tête avant d’accéder à la salle. Des luminaires fluorescents sont glissés sous une maille métallique perforée et pliée. Ce signal d’accueil fort se prolonge dans la salle jusqu’à se retourner sur la façade de la salle du projectionniste.

Comme un espace en référence aux années 70, la salle est tapissée de moquette noire, selon les souhaits de Prada et OMA. L’éclairage de la salle est composé de lignes fluorescentes Seamless de Zumtobel. Elles sont positionnées entre les poutres métalliques formant une série de bandes noires et blanches en plafond. Des vestiaires jusqu’aux toilettes, le design noir et béton donne un côté rétro et contemporain à ce bâtiment.

Depuis la cour intérieure, un escalier mène au sous-sol où se trouve l’installation permanente Processo Grottesco de Thomas Demand.

Bâtiments transformés en galeries

Les autres bâtiments du site, galeries nord et sud, bande sud, la citerne, le grand dépôt sont laissés à l’état brut industriel. Réhabilités avec subtilité par OMA, les sols sont pour la plupart conservés. Les enduits sont refaits mais en laissant apparente la trace de l’intervention. Les renforcements structurels sont laissés apparents, avec l’utilisation de poutres acier IPN visibles.

Les vitrages de ces galeries sont souvent translucides entre un et deux mètres de hauteur environ qui empêche la vision de la cour extérieure. Elle donne une lumière naturelle diffuse à l’intérieur, propre à cette zen attitude, presque japonisante, que j’ai perçue en visitant le lieu. Nous sommes bien loin du bruit de la circulation et des klaxons de la ville !

Ces multiples lieux accueillent des expositions temporaires de la Fondazione Prada. L’éclairage existant a été déposé et remplacé à l’identique, par des lignes fluorescentes T26 sur système de rail conducteur « avec l’ajout de ballast DALI permettant une gradation individuelle des appareils. Le système d’éclairage intègre, en outre, l’éclairage de secours » précisent Les éclaireurs.

« À ces lignes fluorescentes, sont ajoutés des rails trois phases permettant d’installer des projecteurs pour les expositions. Là encore, l’éclairage fonctionne avec un éclairage général et des renforcements sur les œuvres par des projecteurs à LED intensifs et semi-intensifs, quelques projecteurs à découpe à LED et des projecteurs wall-washer pour l’éclairage de pans entiers de murs » synthétisent les concepteurs lumière.

De l’extérieur, à même l’enduit en béton, les bâtiments sont nommés par des mots en tube à cathode froide haute tension blanc fluorescent.

Notons un détail intéressant tant par le dessin que l’intégration de la lumière à une main courante dans la galerie nord. Une solution sur mesure développée par OMA et Les éclaireurs avec un ruban LED de chez iGuzzini.

Gestion centralisée de l’éclairage

« Nous avons conçu l’ensemble du système de gestion DALI, y compris les études EXE : relais DALI, gradateur luminaires adressables unitairement… » explique Lucas Goy. « L’ensemble de nos études a permis la réalisation d’un système de pilotage complet et puissant. De multiples scénarios d’éclairage sont réalisés pour chacun des espaces. Un héliomètre analyse l’ensoleillement, la typologie de ciel, et passe automatiquement entre les différents scénarios d’éclairage :

• jour ensoleillé,
• jour nuageux,
• tombée du jour,
• crépuscule,
• nuit,
• fermeture du bâtiment ».

« Si l’ensemble des zones et des commandes est repris depuis le PC sécurité, la Fondation dispose d’une tablette tactile sans fil lui permettant de commander l’éclairage en tout point. Des panneaux muraux dédiés à chacun des espaces complètent le système de commande ».

Pour les espaces principaux, l’éclairage est reconfigurable, via une interface graphique désignée par Les éclaireurs. « Elle permet de sélectionner les luminaires un à un, ou par groupe et de les graduer individuellement à souhait, via une interface plan simplifiée ».

Lumières dans le détail

Le projet d’éclairage joue de multiples ambiances et détails lumière, jusque dans les vestiaires de la Fondazione Prada. Ici, l’éclairage fluorescent est intégré entre des caillebotis métallique du calepinage dessiné par OMA.

Les espaces d’accueil sont baignés de lumière naturelle auquel s’ajoute un éclairage fluorescent linéaire intégrés dans le design des menuiseries.

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