Montée du boulevard, lumière sur fil de soie, Lyon

La montée du Boulevard est située en limite du premier et le quatrième arrondissement de Lyon. Ce chemin longeait l’extérieur des fortifications et remparts de la ville de Lyon au début du 13^e siècle. Il est aujourd’hui constitué de plusieurs volées d’escaliers et rampes consécutives sur la pente Est de la colline de la Croix Rousse. Aurélien de Fursac met en lumière poétiquement cette ascension vers le ciel nocturne à Lyon. Retour sur cet éclairage urbain sur caténaire à l’avant-garde avec les mots du concepteur lumière de l’agence Latérale de Marseille.

Intention du concepteur lumière

« Dérouler la montée du Boulevard.

Gravir l’escalier jusqu’à la dernière marche.

Flâner entre palier et virage.

Attendre sur une marche.

Et observer les corps nocturnes.

Le fil rouge accompagne l’ascension.

Pas d’inquiétude l’œil se repère.

Balisée par la Lumière, on perçoit l’autre extrémité de l’ouvrage.

Les perspectives se dévoilent dans les différents angles de vue.

Le lien lumière raccroche, suit, dans la déambulation.

La lumière sculpte les volumes.

Arête de pierre, muret historique, végétation sauvage.

Les lignes se mêlent à la discipline architecturale.

Les flux lumineux s’entrecroisent et soulignent les dissymétries.

Transforment le lieu en espace théâtral ».

Aurélien de Fursac, concepteur lumière, Côté Lumière

« Une montée d’escalier fictionnelle.

Pas d’obstacle, le piéton est en lien avec la ville, les points de vue sont accentués.

Repéré du quai et de la rive gauche, l’escalier informe de sa présence.

Sa dimension et son charme évoquent une ambiance rurale.

La guirlande de LED participe à une ambiance de quartier.

Intime, simple et conviviale.

La ligne du câble tendu, distingue les courbes, les virages, tourne à gauche, tourne à droite, elle guide ».

Aurélien de Fursac, concepteur lumière, Côté Lumière

Eclairage urbain sur caténaire

« Un des premiers enjeux était de trouver des solutions efficaces afin de sécuriser et de rassurer les usagers de ce passage, tout en leur faisant redécouvrir les charmes de ce lieu » raconte Aurélien de Fursac. Il fallait aussi « intégrer un élément qui pouvait en toute discrétion se fondre dans l’environnement et accompagner l’ensemble du cheminement. Alors est née l’idée de rapporter un objet lumineux, en relation avec le vivant, le naturel et avec l’histoire même des soieries lyonnaises. Le cocon de soie est alors apparu comme une évidence pour ce parcours ascensionnel ».

« La composition générale du projet :

• respecte le confort visuel des usagers, éviter toutes gênes : éblouissement, contrastes trop élevés,
• respecte l’environnement : gênes, pollution abusive,
• respecte des différentes réglementations, ERP, PMR, HQE et recommandations AFE,
• confirme les éléments du programme de l’étude de faisabilité,
• prend en compte les différents axes de vision et de pénétration pour une parfaite lisibilité de l’image nocturne,
• garantit un concept réalisé en gardant le souci économique et de préservation du projet ».

Accroche sur façade et caténaire support

« Cheville chimique, piton, boucle et serre câble. Le choix du positionnement des points d’accroche s’est effectué en fonction des :

• angles voulus du câble par rapport à l’axe de l’escalier,
• la qualité du mur porteur,
• la juste hauteur choisie, afin d’obtenir le meilleur éclairement et de ne pas gêner le regard ».

« Le choix de ne mettre ni mât, ni console, ni borne permet de positionner des sources lumière sur la continuité du parcours, ce qui assure une photométrie sans avoir d’obstacle visuel, sans émergences répétées.

• L’absence d’accès résiste au vandalisme.
• La hauteur (de 4 à 6m) n’est pas une contrainte majeure pour la maintenance.
• Son faible coût de fourniture et d’installation.
• Sa discrétion d’un diamètre de 4 à 5 mm + câble électrique ».

Source lumineuse

« Un projecteur linéaire LED, d’une longueur de 30 cm à 60 cm avec des LED de puissance, une optique opalisant et semi-intensive variable suivant chaque configuration spatiale, orientation des faisceaux sur le câble, température de couleur de 3500 K », tel était le cahier des charges pour la source lumineuse d’Aurélien de Fursac. Repéré sur le salon professionnel Light+Building de Francfort, le FreeStreet de Philips Lighting a été choisi.

Le choix de cette technologie s’est effectué en fonction de plusieurs paramètres d’après le concepteur lumière :

• « Sa longue durée de vie permet d’alléger la maintenance et les moyens d’accès,
• Sa discrétion dans l’espace, une meilleure intégration,
• Son optique (focale) n’éblouit pas dans la perspective,
• Sa légèreté,
• Son alimentation IP pouvant être intégrée,
• Son indice de protection élevé ».

Pour obtenir la température de couleur requise de 3500 K, un mixage de LED 3000 K et 4000 K a été réalisé à l’intérieur du luminaire. Compte tenu des matériaux clairs des escaliers et des murs, l’ensemble de l’installation d’éclairage est gradué car l’intensité lumineuse obtenue était trop importante.

Au final, 26 modules de 20 W à LED sont installés pour une puissance installée totale de seulement 520 W, au lieu des six projecteur 250 W au sodium haute pression qui éclairaient la montée précédemment.

Architecture de la montée

Aurélien de Fursac résume ces différentes architectures :

• « Le premier escalier passe entre le bel agencement de pierres dorées du fort Saint-Laurent et deux immeubles d’habitation de type canut, les ouvriers de la soie.
• L’escalier est ensuite un rude raidillon qui serpente au pied du rempart des fortifications de Lyon dont une énorme tour ronde. Les différentes pierres trahissent les différentes époques de construction du rempart. Les plus anciennes dateraient de Charles V au 14^e siècle.
• Côté nord, des murs de pierre laissent dépasser la végétation des jardins. Puis un joli groupe de maisons anciennes est groupé au fond d’une sorte d’impasse. L’enduit des murs et la peinture des fenêtres les rend bien harmonieuses.

• En descendant, des vues sur le Rhône et le pont Morand ».

Depuis le haut des escaliers, une belle vue sur le Lyonnais s’offre à nous : le parc de la Tête d’Or, la rotonde du musée Guimet, les tours de la Part-Dieu, les Gratte-ciel de Villeurbanne jusqu’la tour de contrôle de l’aéroport de Saint-Exupéry. La prochaine fois que vous passez par Lyon, allez-y faire un tour au crépuscule.

Prix de la conception lumière ACE

Cette réalisation a reçue le Prix du jeune concepteur lumière 2014 de l’ACE. Prix de l’ACEtylène.

Approfondir le sujet

• Petit éloge de la nuit avec Pierre Richard en lumière
• Ariadne de Florian Colin, quartier Saint-Nicolas, Le Mans
• Théâtre cinéma : mise en lumière et scénographie de la façade
• MuCEM Mer-Veille, mise en lumière artistique de Yann Kersalé
• Agence Latérale de Aurélien de Fursac
• 15 réalisations les plus primées de la conception lumière française