Musée de la Romanité, un drapé de verre plissé à Nîmes
Face aux Arènes de Nîmes, le Musée de la Romanité est situé au centre historique de la cité romaine. Autrefois limite entre la ville du moyen âge et la ville moderne, il est traversé par les vestiges du rempart urbain. Sur ces vestiges se superposent vingt siècles de patrimoine, de strates urbaines et une architecture contemporaine drapée de verre sérigraphié d’Elizabeth de Portzamparc.
« J’ai longuement analysé les Arènes et me suis interrogée sur la notion même de bâtiment contemporain et comment exalter les vingt et un siècles d’histoire de l’architecture qui séparent ces deux bâtiments ».
Elizabeth de Portzamparc, architecte, urbaniste, 2Portzamparc
Au sommaire
- Façade de verre plissé du Musée de la Romanité
- Reflet, lumière du jour et ensoleillement
- Éclairage artificiel du bâtiment
- Mise en lumière de la façade
- Eclairage extérieur du jardin archéologique
- Architecture intérieure du Musée de la Romanité
- Muséographie et objets romains
- Nîmes, candidate au Patrimoine mondial
- Trouvez votre hébergement à Nîmes
- Approfondir le sujet
- Reportage photo sur le Musée de la Romanité
- Commentaires
« Concevoir une architecture légère, possibilité qu’offre la technologie actuelle, m’a semblé une évidence, ainsi que d’exprimer les différences entre ces deux architectures à travers un dialogue basé sur leur complémentarité : d’un côté un volume circulaire, entouré par les verticales des arcs romains en pierre et bien ancré au sol, de l’autre un grand volume carré, en lévitation et entièrement drapé d’une toge de verre plissé ».
Elizabeth de Portzamparc, architecte, urbaniste, 2Portzamparc
Façade de verre plissé du Musée de la Romanité
Œuvre dans l’œuvre, la façade de verre plissé est à la fois une performance esthétique et technique. Les variations lumineuses du ciel, le soleil et l’environnement urbain alentours s’y reflètent, à chaque saison, déterminant l’humeur de la vie en ville.
Pour l’architecte, Elizabeth de Portzamparc, le drapé souple de la façade placée à l’horizontale évoque une toge romaine. Entre la transparence moderne et la pierre de tradition, ses carreaux de verre rappellent aussi la mosaïque ; un élément majeur des collections du musée.
Reflet, lumière du jour et ensoleillement
En fonction de l’angle de vue du quidam, des inclinaisons des carreaux de verre, des creux et bombés du drapé, la façade est animée par des reflets cinétiques. Elle est tantôt réfléchissante, tantôt semi-transparente. Cette variation subtile magnifie la lumière du jour et l’ensoleillement. Elle accentue l’impression de mouvement conçue par l’architecte.
Techniquement, la façade est composée de près de 7000 lames de verre sérigraphié. A la verticale sa peau de verre translucide couvre une surface de 2500 m². Une structure métallique maintient en arrière-plan l’ondulation prononcée de cette double peau sur le bâtiment.
Éclairage artificiel du bâtiment
Élément très important dans un musée, l’éclairage artificiel est conçu au fil du projet d’architecture. Il est composé de plusieurs installations :
- éclairage fonctionnel des zones publiques et privés,
- éclairage architectural des zones publiques,
- éclairage de mise en valeur du bâtiment,
- éclairage extérieur des jardins,
- éclairage muséographique.
La conception lumière du projet d’architecture est l’œuvre de Catherine da Silva de Lighteconcept, ex Lightec, depuis la phase d’esquisse jusqu’à l’avant-projet détaillé.
« Renforcer les liens de deux générations, le XXIème siècle et son passé romain : 2 langages architecturaux, 2 époques, 2000 ans les séparent … et pourtant synthétisent la ville de Nîmes ».
Catherine da Silva, conceptrice lumière, Lighteconcept
Deux autres concepteurs lumière ont pris le relais à l’exécution des éclairages prescrits :
- Franck Marcilloux, à partir de l’avant-projet détaillé jusqu’à la réception,
- Stéphanie Daniel, pour l’éclairage muséographie, à partir de la phase projet.
Mise en lumière de la façade
La mise en lumière des façades mosaïque s’effectue par des projecteurs sur mats en acier galvanisé peint placés aux alentours du bâtiment. Comme des coups de pinceaux, la lumière vise à marquer le drapé de l’architecture la nuit venue.
L’étude photométrique réalisée sur Dialux evo ci-dessous montre « du rouge au bleu = du plus éclairé au moins éclairé » explique Catherine Da Silva. « Les gradients d’éclairement varient selon l’intensité maximale pour rendre perceptibles les effets. Ce gradient est indiqué à côté de l’image ».
Trois mâts aiguilles Phénix de GHM Eclatec sont ainsi dédiés à l’éclairage des façades côté jardin. Six batteries de projecteurs cylindro-conique Contrast de Thorn en deux tailles M et L utilisent deux températures de couleurs, 3000 et 4000 K, pour obtenir une lumière blanc neutre. Un film holographique sur la vasque des projecteurs adoucissent la dureté des faisceaux de 60° d’ouverture.
« Tous les éclairages de mise en valeur fonctionnent dès la tombée de la nuit jusqu’à 23h/minuit (au plus tard 1h) selon les jours de la semaine et les périodes été/hiver (soit ~ 2000h par an) » précise la conceptrice lumière. Objectif : « maîtriser aux mieux les consommations énergétiques conformément à l’Arrêté du 25 janvier 2013 relatif à la limitation de l’allumage des installations d’éclairage ».
Eclairage extérieur du jardin archéologique
« La mise en lumière du jardin du musée se peuple d’étonnantes lumières… lumières insaisissables… Nous proposons une lumière, propice à l’imagination, au rêve. Nous créerons un univers ludique et onirique, telle une forêt magique où les lumières viendront créer une féerie dans un clair de lune à la nuit tombée. La lumière incitera le passant à flâner, à rêver. L’éclairage du jardin fonctionnera à la tombée de la nuit jusqu’à 23h/minuit (soit ~ 2000h par an) pour préserver les essences naturelles ».
Catherine da Silva, conceptrice lumière, Lighteconcept
Le jardin archéologique se compose ainsi d’un éclairage par strates. L’éclairage des allées piétonnes par des bornes basses d’un mètre de hauteur sont « équipées en LED, avec d’un faisceau elliptique, en température de couleur 4000 K blanc froid sur la partie basse du jardin et 3000 K blanc chaud pour la partie haute du jardin, afin de marquer les strates ».
La mise en lumière du vestige du mur d’enceinte est une « incitation à la mémoire ». Des encastrés de sol le long du chemin réalisent une lumière douce blanc chaud.
Architecture intérieure du Musée de la Romanité
Au-delà du projet urbain et architectural du musée, Elizabeth de Portzamparc a également conçu sa muséographie, son architecture intérieure et des éléments de mobilier. Il en résulte un projet d’une grande cohérence esthétique.
À travers le rez-de-chaussée transparent, le musée annonce le spectacle, attire et surprend. Le bâtiment s’organise autour d’une rue intérieure qui s’inscrit sur les traces de l’ancien rempart romain. Accessible à tous, ce passage public crée une ouverture visuelle et relie le parvis des Arènes au jardin archéologique.
En son centre, un atrium de 17 m de haut révèle un fragment du propylée du Sanctuaire de la Fontaine, dans une reconstitution spectaculaire de ce lieu sacré datant de la fondation de la cité pré-romaine. Cette restitution publique inédite invite à la découverte de l’ensemble des collections et contenus du musée.
Muséographie et objets romains
Ouvert début juin 2018, le Musée de la Romanité est aujourd’hui le complexe majeur de la culture romaine.
Il présente d’exceptionnelles collections archéologiques dont environ 5000 pièces présentées sur 9100 m² :
- 1000 inscriptions latines environ,
- 200 fragments architectoniques,
- 65 mosaïques,
- 300 bas-reliefs et ronde-bosse sculptés,
- 800 objets en verre,
- 450 lampes à huile,
- 389 objets en os et ivoire en tabletterie,
- 150 céramiques environ,
- des objets en bronze,
- 12500 pièces de monnaies antiques et médiévales,
- 15 panneaux de peintures murales romaines restaurées.
Le parcours chronologique et thématique est structuré en grandes périodes allant du VIIe siècle av. J.-C. jusqu’au Moyen Âge et au legs romain au XIXe siècle.
Une expérience historique unique à travers 25 siècles d’histoire grâce à une muséographie immersive et interactive.
Nîmes, candidate au Patrimoine mondial
La ville de Nîmes a réussi à conserver pendant près de 2000 ans un ensemble monumental antique admirable. Avec Rome, elle représente l’un des témoignages urbains les plus complets de la civilisation romaine en Occident. Plus qu’une préservation réussie de ces édifices, Nîmes a développé son urbanisme autour de ce patrimoine antique.
Ses monuments extrêmement bien conservés et leur place dans la cité ont eu une influence considérable sur l’architecture des siècles suivants, avec notamment l’utilisation d’éléments stylistiques et ornementaux empruntés à l’Antiquité mais aussi par l’organisation de l’espace urbain. Sept d’entre eux sont d’ores et déjà protégés au titre des Monuments Historiques :
- la Maison Carrée,
- l’Amphithéâtre,
- le Sanctuaire de la Fontaine,
- le Bassin de la source,
- le Temple de Diane,
- le Castellum Aquae,
- le rempart romain.
Grâce à une véritable conscience patrimoniale dans le développement architectural, urbain et culturel, depuis des siècles, la ville de Nîmes répond aux critères requis par l’Unesco justifiant de sa valeur universelle exceptionnelle. Voici comment soutenir la candidature de Nîmes au Patrimoine Mondial.
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Reportage photo sur le Musée de la Romanité
Équipe du projet
Lieu
- Musée de la Romanité
- Nîmes, France